Twitter, une nouvelle façon de mesurer le bonheur

Twiiter : un outil pour mesurer notre niveau de bonheur…
L’étude de Peter Dodds est très étonnante. Au terme d’un très impressionnant travail, il a analysé avec son équipe plus de 46 milliards de mots échangés par plus de 63 millions d’utilisateurs uniques de Twitter pendant 33 mois aux Etats-Unis.
Le résultat est vraiment édifiant car les mots que nous utilisons à un moment donné, reflètent parfaitement ce que nous faisons. Il en ressort que dotés de l’outil de Peter Dodds, des Martiens sauraient parfaitement à quelle heure nous mangeons et ce que nous mangeons. Ils sauraient aussi que nous sommes beaucoup plus heureux les samedis et que certains jours comme les Noëls ou les Saint Valentin, nous sommes encore plus heureux. Ils pourraient même suivre les fêtes nationales (américaines dans cette étude) et les principaux événements politiques ou sportifs selon notre niveau de bonheur.
Nos mots révèlent notre humeur
Mais accompagner une population d’utilisateurs de Twitter peut avoir un autre usage, dès lors que cela permet une véritable analyse des tendances que suit notre niveau de bonheur dans le temps. Les résultats de l’étude de Dodds font ainsi ressortir que le niveau de bonheur des Américains était en progression au deuxième semestre 2008, stable en 2009, en pente descendante douce en 2010 et en décrochage depuis janvier 2011.
Autrement dit, cette analyse des milliards de tweets américains aurait permis de prévoir le rebond de la crise de l’été 2011 avec 6 mois d’avance.
Twitter s’avère ainsi être un formidable institut de sondage en « live ».
Avec Twitter, Facebook, sommes-nous plus heureux pour autant ?
Mais si un outil comme Twitter permet de mesurer notre niveau de bonheur en instantané, est-ce que d’une manière générale ces outils contribuent à leur manière à notre bonheur ? Très clairement, cela dépend de notre usage.
Twitter ne va en effet pas sans rappeler les bipers que le chercheur en psychologie sociale, Mihaly Csikszentmihalyi, avait distribués à des milliers de gens pour ses études sur le bonheur. Son idée était très simple et pratique : à chaque fois que leur biper sonnait, de manière complètement aléatoire, les participants devaient noter ce qu’ils faisaient et évaluer leur niveau de bonheur sur une échelle.
Mihaly Csikszentmihalyi a ainsi pu récolter des milliers d’échantillons de moments de bonheur pour constater que nous marquons des points de bonheur dans certaines situations - dites optimales - dans lesquelles nous sommes concentrés, face à un défi dont les objectifs sont clairs, avec un bon niveau de contrôle, situations que nous vivons comme hors du temps, sans préoccupation de nous-même.
C’est le cas par exemple lorsque nous faisons du sport, du ski ou du vélo, mais aussi dans bien d’autres situations. Nous marquons ainsi des points de bonheur lors de nos hobbies, de nos activités sportives, de nos sorties, mais aussi lors de nos échanges avec les autres et dans notre sexualité.
Nous en marquons aussi près de la moitié au travail où nous sommes souvent concentré, tendu vers un objectif, etc.
En revanche nous en perdons généralement lorsque nous nous reposons ou lorsque nous nous adonnons à la lecture de journaux faciles ou au visionnage de programmes télés. Nous en perdons aussi devant notre ordinateur quand il nous sert à tuer le temps.
Du bon usage des médias sociaux
Tout est là :
- soit Facebook et Twitter vous aident à enrichir votre temps, à échanger avec des gens qui vous plaisent et vous marquerez des points de bonheur,
- soit vous ne pourrez plus imaginer passer votre temps autrement que devant votre écran ou derrière votre Smartphone et là, vous perdrez beaucoup de points.
En fait, la question est bien de savoir pourquoi nous vivons : il faut que nos actions aient un sens !
Source : Peter Sheridan Dodds. Temporal Patterns of Happiness and Information in a Global Social Network: Hedonometrics and Twitter. PLoS One. 2011; 6(12): e26752. Published online 2011 December 7.