Trouble dysphorique prémenstruel : quand vos cycles menstruels deviennent dangereux


Trouble dysphorique prémenstruel : un syndrome prémenstruel sévère dangereux
Le syndrome prémenstruel (SPM) est bien connu. Deux à 7 jours avant leurs règles, plus de 50% des femmes ressentent des symptômes physiques et émotionnels comme des douleurs aux seins, ballonnements, énervements, saute d’humeur.
Le Dr Catherine Fohet, gynécologue, explique “les femmes sont structurées de façon cyclique, car les hormones agissent différemment au cours d’un cycle généralement de 28 jours. Elles jouent aussi un rôle dans la survenue du syndrome prémenstruel”.
Ces désagréments sont plus ou moins gênants et prononcés selon les patientes. Sous leur forme la plus sévère, ils perturbent la vie professionnelle, amoureuse et quotidienne. On l’appelle alors Trouble Dysphorique Prémenstruel (TDPM).
Des symptômes psychiatriques conséquents
Le trouble dysphorique prémenstruel est une forme sévère du syndrome prémenstruel marqué par des symptômes psychiatriques. Il survient durant la dernière semaine de la phase lutéale et disparait ensuite à l’arrivée des règles.
On remarque chez les femmes qui souffrent de cette pathologie, une grande instabilité de l’humeur avant leurs menstruations. Les signes sont :
- des épisodes dépressifs ;
- des pensées suicidaires ;
- de l’anxiété ;
- une perte d’intérêt pour les activités de la vie quotidienne ;
- l’impossibilité de sortir de chez soi, voire de son lit ;
- une grande agressivité.
Ce dernier symptôme peut prendre un tournant dramatique. En effet, la personne peut finir par se montrer violente envers son entourage (mari, enfants…). La spécialiste se rappelle “dans les années 90 alors que je venais de m’installer, une femme souffrant d’un trouble dysphorique prémenstruel avait failli assassiner son mari. Elle ne comprenait pas ses émotions ni son impulsion pendant la période prémenstruelle. Elle avait eu une injonction de soin pour éviter des gestes similaires à l’avenir”.
Des symptômes physiques handicapants
Outre les difficultés psychologiques, les femmes atteintes d’un trouble dysphorique prémenstruel font face aux mêmes signes physiques que pour le SPM : gonflements et douleurs aux seins, douleurs abdominales, ballonnements… “Ils sont toutefois plus forts et plus longs. Ils peuvent parfois durer 10 jours, soit pendant toute la phase lutéale”, ajoute la praticienne.
Trouble dysphorique prémenstruel : les causes et facteurs de risque

Le trouble dysphorique prémenstruel touche entre 3% et 8% de la gent féminine en âge de procréer. Il apparaît généralement à la puberté avec l’arrivée des premières règles. Toutefois, certaines femmes voient ce trouble s’immiscer dans leur vie plus tard.
Les causes de la maladie ne sont pas connues. Toutefois, les professionnels de la santé et de la recherche ont avancé certaines hypothèses. Les deux principales sont :
- une sensibilité excessive aux variations hormonales chez la patiente, en particulier de l'oestrogène et de la progestérone et à leurs effets sur le système nerveux ;
- un manque de sérotonine.
Par ailleurs, des facteurs semblent favoriser cette pathologie féminine :
- des antécédents d’épisodes dépressifs ou anxieux ;
- une hérédité ;
- des antécédents de dépression post-partum.
Trouble dysphorique prémenstruel : il ne faut pas hésiter à en parler

En cas de changements d’humeur très brutaux et cycliques, il ne faut pas hésiter à consulter. Le Dr Catherine Fohet confirme “Si les relations aux autres et l’humeur sont compliquées quelques jours avant les règles et redeviennent normales au moment de leur apparition. Il faut en parler lors de son rendez-vous gynécologique annuel afin de ne pas rester dans cet état potentiellement à risque pour soi et pour les autres”.
En effet, la période prémenstruelle peut être très critique pour celles qui sont atteintes d’un trouble dysphorique prémenstruel. “Certaines patientes ont tué ou se sont tuées pendant ces quelques jours avant l’apparition des règles” ajoute la praticienne. “Ce trouble, dont l’ampleur peut surprendre, est bien connu des gynécologues. Il existe plusieurs prises en charge en fonction de l’importance du symptôme et de la façon dont il s’exprime” conclut-elle.
Trouble dysphorique prémenstruel : les différents traitements

Deux types de traitements sont actuellement proposés aux femmes qui souffrent d’un trouble dysphorique prémenstruel : les psychotropes et les hormones. “Les médecins anglo-saxons ont plutôt tendance à prescrire des antidépresseurs tandis que les Français préfèrent généralement les traitements hormonaux”.
Les antidépresseurs
Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (SSRI) - comme le Prozac, sertraline (Zoloft®), paroxétine (Deroxat®) et le citalopram (Seropram®) - se révèlent efficaces dans le traitement du trouble dysphorique prémenstruel.
Ces antidépresseurs qui augmentent le taux de sérotonine, sont surtout conseillés pour les patientes ayant des épisodes dépressifs importants avant leurs règles. Le traitement peut être pris en continu ou seulement une quinzaine de jours par mois.
Il est également conseillé de suivre une psychothérapie afin d’apprendre à faire face aux montagnes russes émotionnelles traversées.
Le traitement hormonal
Le trouble dysphorique prémenstruel est lié à une variation hormonale. “Il est possible de supplémenter cette variation avec un peu de progestérone. Cela permet de réduire ses effets”. Par ailleurs, chez certaines patientes les signes de troubles de l’humeur peuvent aussi être soulagés par la prise de la pilule.
Faire attention à son hygiène de vie
Le Dr Catherine Fohet explique “Comme dans de nombreuses pathologies, l’hygiène de vie joue un rôle important. Il est recommandé de manger équilibré, faire de l’exercice, éviter l’alcool et le tabac”. Plusieurs études montrent que l’activité physique et un régime avec un apport réduit en sel, sucre, alcool et caféine améliorent la symptomatologie.
Sources
Merci au Dr Catherine Fohet, Gynécologue.