Tendinite : la mal nommée

Publié par Gilles Goetghebuer
le 16/01/2006
Maj le
3 minutes
Autre
De mémoire de sportif, on a toujours traité la tendinite à grands renforts d'anti-inflammatoires. Sans grands résultats, il faut bien le dire. Si bien qu'aujourd'hui, on remet carrément en cause sa nature inflammatoire.

Tendinopathie

Lors du dernier congrès de la Société française de médecine physique et de réadaptation, le Dr Jacques Rodineau a expliqué devant un parterre de spécialistes stupéfaits qu'en réalité, les tendinites n'existaient pas. Il se base pour cela sur les résultats de nombreux examens histologiques de tendons malades au sein desquels on ne trouve aucun des marqueurs spécifiques de l'inflammation. Selon lui, la terminaison en "ite" qui sous-entend une inflammation (comme dans appendicite, hépatite, méningite) ne se justifie absolument pas. Et l'on serait mieux inspiré de désigner désormais ces douleurs sous le terme "tendinopathie". Cette distinction sémantique a des répercussions sur la prise en charge du patient et explique notamment le manque d'efficacité chronique des anti-inflammatoires.

Grossissement du tendon

Mais quelle alternative peut-on offrir aux patients ? Pour y répondre, il faut lever le voile sur l'étiologie de la douleur. Pour le Dr Rodineau, le problème provient des cellules mêmes du tendon. En cas de stress mécanique trop intense, elles produiraient des quantités anormales de substance fondamentale. Les fibres baigneraient alors dans une sorte de gel et s'écarteraient les unes des autres comme si on les étirait déraisonnablement. L'architecture du tendon s'en trouverait ainsi modifiée. Des images obtenues par résonance magnétique (IRM) montrent bien ce grossissement du tendon, de même que ces paquets de substance fondamentale à l'origine du processus d'irritation.

Rééducation

Comment faire pour s'en débarrasser ? De la glace ? Pas utile. Si ce n'est pour son effet anti-douleur. Les médicaments ? A supprimer également, et surtout les anti-inflammatoires ! Le cas échéant, on pourra les remplacer par des antalgiques (contre la douleur). Le repos ? Là encore, il faut remiser d'anciennes certitudes. Plutôt qu'une inactivité totale, on conseille de conserver un minimum d'activités. Et c'est probablement en matière de rééducation que la sensibilisation doit être la plus forte. Dans un tendon malade, les fibres victimes du gonflement sont écartées, voire écartelées, et courent dans tous les sens en grand désordre. Pour réintroduire plus de parallélisme, le muscle doit travailler en excentrique. Pour une tendinite d'Achille, par exemple, on posera l'avant du pied sur une marche d'escalier et on abaissera lentement les talons vers la marche inférieure en contrôlant la descente avec la force des mollets. En répétant régulièrement la manoeuvre et en augmentant la charge, on assiste à une reformation structurelle, visible à l'IRM et à l'échographie, et à la disparition progressive des zones non fonctionnelles du tendon qui sont autant de points potentiels de rupture.

Sources

Actualités sur la rééducation des tendinopathies, Jacques Rodineau. Abstract dans les Annales de Réadaptation et de Médecine Physique. Vol 48. N°7. Octobre 2005.

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