Tampons : comment éviter le choc toxique ?

SCT. Ces trois lettres font partie du quotidien des femmes. Toutes celles qui ont déjà porté un tampon les ont croisées. Trois lettres pour une maladie rare, mais potentiellement grave : le syndrome du choc toxique – aussi appelé choc toxique menstruel.
Près de 20 femmes en souffrent chaque année, et doivent être hospitalisées. Encore mal connue, l'infection bénéficie d'un regain d'intérêt depuis le témoignage d'une mannequin américaine, Lauren Wasser. Elle a dû être amputée à cause d'un choc toxique menstruel particulièrement sévère.
Il est, heureusement, possible de prévenir cette pathologie en respectant quelques mesures de prudence. Voici lesquelles.
Changer régulièrement de tampon
Le syndrome du choc toxique survient chez une population très spécifique. Elle ne touche que les femmes dont le vagin abrite une souche de staphylocoque doré productrice d'une certaine toxine, TSST-1. C'est cette dernière qui est à l'origine des symptômes.
"On estime que 3 à 4 % de la population féminine est porteuse de cette souche", explique à E-Santé le Pr Gérard Lina, médecin au Centre national de référence des staphylocoques au CHU de Lyon (Rhône). Mais la maladie ne se déclare que si un deuxième élément est présent : il faut porter un tampon ou une coupe menstruelle pendant une période prolongée.
"Plus on garde longtemps une telle protection périodique, plus on favorise la croissance du staphylocoque et la production de toxique, donc plus la femme risque de tomber malade", résume le Pr Lina.
Les emballages des tampons sont clairs : ceux-ci ne doivent pas être portés plus de huit heures. Ceux des coupes menstruelles évoquent jusqu'à 12 heures. Les travaux menés par le microbiologiste incitent à retirer sa protection plus tôt.
"On a comparé le temps d'utilisation chez des femmes en parfaite santé et chez celles qui ont développé la maladie, souligne-t-il. Le risque augmente significativement à partir de plus de six heures de port."
Changer plus souvent de coupe menstruelle
De nombreuses femmes se sont tournées vers les coupes menstruelles, espérant y trouver une solution plus saine que les tampons. Mais elles doivent se montrer particulièrement vigilantes face au risque de SCT.
Les "cups" ont, en effet, un diamètre supérieur aux protections en rayonne et coton. L'arrivée d'air dans le vagin est donc augmentée, ce qui peut favoriser la croissance du staphylocoque doré, et la production de la toxine TSST-1.
Afin de limiter le risque, il est donc conseiller de vider régulièrement sa coupe menstruelle et de soigneusement la laver - et stériliser si possible - avant de la replacer dans son vagin.
Eviter les tampons ultra-absorbants
Selon cette même étude, aucune marque n'augmente plus que les autres le risque de choc toxique menstruel. "Ce qui le favorise, c'est leur mauvaise utilisation", insiste Gérard Lina.
Malgré tout, éviter les tampons ultra-absorbants peut être un bon réflexe. "Leur composition en elle-même n'augmente pas le risque, mais les femmes ont tendance à les porter plus longtemps", confirme le microbiologiste.
Connaître les symptômes
"L'un des éléments essentiels pour lutter contre le choc toxique menstruel, c'est l'éducation", affirme le Pr Gérard Lina. En effet, la plupart des femmes qui en souffrent doivent être hospitalisées en réanimation.
Mais l'admission en urgence n'est pas inéluctable. Au contraire, il est possible de traiter efficacement un syndrome du choc toxique s'il est repéré suffisamment tôt. Le problème, c'est que les symptômes sont peu spécifiques… et peuvent donc être confondus avec une simple grippe ou une gastro.
"Aucun symptôme ne survient au niveau de la sphère gynécologique, indique le microbiologiste. Il n'y a pas de prurit vaginal ou de pertes particulières." Les signes sont généraux : fièvre soudaine, vomissements, diarrhée, malaise avec maux de tête, et éruption cutanée semblable à un coup de soleil.
Si ces symptômes apparaissent lors des règles, "il faudrait que les femmes aient le réflexe de retirer le tampon ou la coupe" avant d'appeler leur médecin en urgence, conseille le spécialiste du SCT.
Aller voir un médecin
Les professionnel.le.s de santé sont assez rarement confrontés à un choc toxique menstruel. "Un médecin verra plus souvent une gastro-entérite ou une grippe au cours de sa carrière", concède le Pr Gérard Lina.
Mais cette pathologie est enseignée au cours des études de médecine. Les soignant.e.s sont donc capables d'établir le diagnostic et d'administrer le traitement approprié – un antibiotique ciblant le staphylocoque et inhibant la production de toxine.
Il ou elle pourra aussi guider la patiente après sa guérison. Car "le risque de récidive est très important, souligne le microbiologiste. 20 à 60 % se produisent en cas de réutilisation des protections".
En effet, le syndrome du choc toxique n'immunise pas et la bactérie productrice de toxine n'est pas éliminée définitivement. Des études sont en cours pour trouver une solution à cela : des chercheurs ont constaté qu'un anticorps protecteur est absent chez les femmes touchées par le SCT.
Sources
Choc toxique : enquête sur l'usage des tampons périodiques, CHU de Lyon, consulté le 26 mars 2018
Syndrome du choc toxique, Tampax, consulté le 26 mars 2018