Publié par Dr Philippe Presles
le 17/02/2009
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11 minutes

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homme d'affaires senior joyeux dans un environnement de bureau avec ses collègues en arrière-plan
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Vous avez la cinquantaine et peut-être 'quelques cheveux' gris ou un peu moins de cheveux... Mais quel bel âge pour profiter de la vie ! Attention quand même, après 50 ans, il est primordial de surveiller sa santé pour faire 50 ans de plus et être un beau centenaire ! Quels sont les points essentiels de prévention santé pour un homme âgé de 50 à 64 ans. Le docteur Philippe Presles, rédacteur en chef d'e-sante.fr vous conseille.

Après 50 ans, il est important de mesurer son risque cardiovasculaire

Qu'est-ce qu'une maladie cardiovasculaire ?

Les maladies cardiovasculaires regroupent les maladies caractérisées par :

  • L'obstruction des artères :
    • responsable de l'infarctus du myocarde (communément appelé crise cardiaque) en cas d'obstruction de l'artère coronaire
    • responsable d'artérite en cas d'obstruction des artères des membres inférieurs,
    • responsable d'infarctus cérébral ou Accident vasculaire cérébral (AVC) en cas d'obstruction d'une artère cérébrale.
  • La rupture d'une artère du cerveau (deuxième cause d'accident vasculaire cérébral ou AVC).

Les maladies cardiovasculaires tuent plus que le cancer. En France, une personne sur 3 en meurt.

Elles sont aussi responsables de nombreux et lourds handicaps et démences, notamment pour les accidents vasculaires cérébraux

Les maladies cardiovasculaires sont donc à prendre très au sérieux, tant en terme de prévention, de dépistage et de traitement.

Quels sont vos risques de maladie cardiovasculaire ?

Tout le monde ne présente pas le même risque de développer une maladie cardiovasculaire.

Il y a différents facteurs de risque, et un seul d'entre eux peut suffire à provoquer une maladie cardiovasculaire.

Si plusieurs facteurs sont cumulés, le risque est d'autant plus important.

Comptez les vôtres, de 0 à 7, afin de déterminer à quelle fréquence faire votre bilan cardiovasculaire :

  • Un excès de mauvais cholestérol (LDL cholestérol) ou insuffisance de bon cholestérol (HDL cholestérol).

    L'excès de cholestérol se dépose alors sur les parois des artères, ce qui provoque un dépôt de graisse.

    Seul un bilan lipidique, via une analyse de sang, permet de détecter une valeur anormale de cholestérol.

    Un premier dosage au début de la vie adulte, entre 18 et 30 ans est recommandé.

    Ensuite, tout dépend de vos facteurs de risque de maladie cardiovasculaire (voir ci-après).Taux normal : LDL cholestérol (inférieur à 1,6 g/l) - triglycérides (1,5 g/l).

    Il est important de signaler à votre médecin tout antécédent d'excès de cholestérol dans votre famille.

  • De l'hypertension artérielle (traitée ou non).

    Il faut faire contrôler sa tension artérielle par son médecin lors d'une consultation.Valeurs normales inférieures à 14 pour la maxima et inférieures à 9 pour la minima). Attention, la plupart du temps, l'hypertension artérielle est silencieuse. Seule une mesure de la pression artérielle (tensiomètre) permette de la détecter. Il est important de signaler à votre médecin tout antécédent d'hypertension artérielle dans votre famille.

  • Du diabète (traité ou non).

    Le diabète se définit par une élévation anormale du taux de sucre dans le sang, la glycémie.

    Alors l'insuline, dont la fonction est de réguler le taux de glucose sanguin ne remplit plus sa fonction.

    Le diabète est une maladie silencieuse, il est donc important de la dépister par une simple prise de sang pur évaluer la glycémie.Taux normal de glycémie inférieur à 1,10 g/l. Au dessus de 1,26 g/l c'est le diabète. Il est important de signaler à votre médecin tout antécédent de diabète dans votre famille.

  • Votre tabagisme (actuel ou arrêté depuis moins de 3 ans).
  • Un surpoids.
  • Des antécédents personnels d'accident vasculaire (infarctus, attaque cérébrale).
  • Des antécédents familiaux de maladie coronaire précoce :
    • infarctus du myocarde ou mort subite avant 55 ans chez le père ou un frère,
    • infarctus du myocarde ou mort subite avant 65 ans chez la mère ou une soeur,
    • attaque cérébrale chez un membre de la famille avant 45 ans.

Un bilan (glycémie à jeun, recherche d'une anomalie lipidique -cholestérol, triglycérides) devra être effectué :
  • tous les 3 ans si vous ne présentez aucun facteur de risque
  • tous les ans si vous présentez 1 facteur de risque ou plus.

Ce bilan doit être prescrit par le médecin traitant et est alors remboursé par la Sécurité Sociale.

En cas de reprise du sport après une longue période d'interruption, demandez la prescription d'un électrocardiogramme d'effort.

Quel dépistage des cancers après 50 ans ?

Les dépistages des cancers ont pour objectif de faire des diagnostics précoces des principaux cancers autorisant 100% de guérison dans la grande majorité des cas.

1. Les dépistages de routine :

Ces dépistages concernent tous les hommes et doivent être faits systématiquement, en routine :

  • Cancer du côlon :

    Un dépistage systématique doit être effectué tous les deux ans de 50 à 74 ans pour rechercher des traces de sang dans les selles.

    En cas de test positif, une coloscopie est réalisée pour rechercher une lésion cancéreuse).Dans certaines régions, le dépistage est proposé par courrier de manière encore expérimentale.

    En pratique, ce dépistage est à organiser avec votre médecin traitant qui peut vous proposer, soit d'aller chez votre biologiste (test Hemoccult), soit d'aller chez votre pharmacien (auto-test hemocheck).

  • Cancer de la prostate :

    Dépistage tous les ans (dosage des PSA* et toucher rectal. Echographie prostatique si PSA à la limite de la normale).

    * Le PSA est l'abréviation anglaise du terme Prostatic specific antigen ou en francais, Antigène spécifique de la prostate. C'est une petite protéine, produite exclusivement par certaines cellules (cellules épithéliales) du tissu prostatique.

    Un dosage du PSA est demandé dans toutes les circonstances pouvant faire évoquer un diagnostic de cancer de la prostate.

  • Cancer de la peau ou mélanome :

    Consultation de dermatologie si grain de beauté ou bouton noir suspect (forme irrégulière, asymétrique, coloration hétérogène, taille de plus de 6 mm). Le doute doit pousser à consulter, car le mélanome est une tumeur qui guérit complètement si elle est opérée à temps et est redoutable dans le cas contraire.

2. Le dépistage du cancer chez le fumeur :

  • Cancer ORL/Poumons :

    Les fumeurs doivent consulter leur médecin traitant chaque année (examen ORL, voire scanner des poumons si nécessaire, prescrit par le médecin traitant, l'ORL ou un pneumologue). En cas de changement de voix et de toux persistante, consulter un ORL de toute urgence.

3. Les dépistages particuliers en cas d'antécédents familiaux de cancers :

  • Cancer du côlon :

    Une coloscopie est proposée systématiquement si vous avez des antécédents personnels (polype intestinal, maladie intestinale inflammatoire chronique sévère : colite, rectocolite, maladie de Crohn) ou familiaux (une personne de la famille ayant présenté un cancer du colon avant 65 ans ou deux parents atteints).

    Dans tous les cas, il faut consulter en cas de selles irrégulières ou de présence de sang (sur le papier toilette ou dans les selles).

  • Autres cancers : consulter son médecin en cas d'antécédents familiaux de cancers précoces.

Quelles vaccinations ?

1. Vaccinations de base (remboursées) :

  • DTP (Diphtérie, Tétanos, Poliomyélite) tous les 10 ans.

2. Vaccinations en cas de voyage :

  • Selon les zones : hépatite A, hépatite B si non réalisés, diphtérie si non réalisé, typhoïde, fièvre jaune, encéphalite japonaise, méningocoqu e (A et C), encéphalite à tiques, rage.

    Pour plus de détails : www.chu-stlouis.fr

3. Vaccinations en cas de risques particuliers :

  • Hépatite B tous les 5 ans chez les personnes exposées. (Professionnels de santé ou vie sexuelle avec multipartenaires.)
  • Grippe : le vaccin est recommandé chaque année :

    • aux personnes atteintes de pathologie chronique respiratoire (dont l'asthme), rénale, cardiaque, métabolique ou immunologique,
    • aux malades atteints de drépanocytose,
    • aux personnels navigant des bateaux de croisière et des avions, et aux personnels de l'industrie de voyage accompagnant les groupes de voyageurs.

    La vaccination contre la grippe est également conseillée :

    • aux personnes susceptibles de disséminer le virus, notamment les professionnels de santé, le personnel d'institutions médicalisées, les enseignants,
    • aux personnes souhaitant éviter toute indisponibilité consécutive à une grippe.

Quelles sont les autres mesures de prévention ?

1. Audition : vous entendez moins bien ?

La baisse de l'audition, appelée presbyacousie (baisse de sensibilité aux aigus), touche 45% des plus de 50 ans.

Il faut la détecter au plus tôt pour stopper sa progression.

La presbyacousie peut avoir différentes origines :

  • Une origine naturelle : la dégénérescence naturelle des cellules sensorielles au niveau de l'oreille interne.
  • Une origine personnelle : les différents traumatismes auditifs subis (bruits, niveaux sonores élevés), ainsi que certains médicaments (antibiotiques, anti-inflammatoires, anticancéreux, diurétiques...) pourraient être en cause.

Quand on entend mal, on fait répéter, mais aussi beaucoup n'osent pas et se replient sur eux-mêmes.

Attention aussi au risque d'accidents dû à la perte d'audition (on n'entend moins bien au volant, dans la rue, à la maison...). Il est donc primordial de détecter le plus tôt possible sa perte d'audition, et d'en parler à votre médecin.

Les aides auditives sont de plus en plus discrètes et perfectionnées. Plus elles sont utilisées tôt, mieux c'est. A l'inverse, plus on s'habitue à sa perte d'audition, plus notre cerveau aura de mal à s'habituer aux aides auditives.

2. Vue : vous voyez moins bien...

Les yeux craignent particulièrement le soleil (accélération du vieillissement) et les accidents :

  • Porter des lunettes de soleil (prévention de la cataracte, irritations de la cornée).
  • Porter des lunettes de protection lors du bricolage pour se protéger contre toutes projections et corps étrangers.
  • Consulter tous les deux ans pour évaluer l'évolution de la presbytie et dépister le glaucome (hypertension intraoculaire asymptomatique, mais très dangereuse pour l'oeil).
  • A partir de 55 ans, on dépiste également la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA), maladie indolore mais responsable de cécités.

3. Dents : il faut les garder jusqu'au bout !

Les dents sont essentielles à l'alimentation et au sourire. Il faut les préserver le plus possible :

  • Brossage biquotidien. Si nécessaire utilisation d'un jet interdentaire et de bains de bouche (en cas de bourrages alimentaires fréquents, ou de mauvaise haleine ou encore pour une hygiène parfaite, le jet interdentaire nettoyant entre les dents).
  • Visite bisannuelle chez le dentiste et détartrage.
  • Consultation rapide si douleurs dentaires ou gingivales ou encore saignements au brossage.
  • En cas de perte d'une dent, poser une prothèse rapidement pour éviter toute déformation de la mâchoire.
  • En cas de diabète, consultation pour toute atteinte des gencives.

4. Poumons : attention au tabac, mais pas seulement...

Le principal ennemi des poumons est le tabac qui entraîne des risques de cancer du poumon, de bronchite chronique ou d'asthme.

La toux chronique, l'essoufflement et les sifflements doivent faire poser la question d'un asthme.

En cas d'asthme, il faut bien suivre son traitement chaque jour et au minimum prévoir un bilan annuel avec son médecin (spirométrie, ajustement du traitement de fond).

En cas d'allergie au pollen ou sensibilité à la pollution, il convient éviter les sorties en atmosphère à risque ou prévoir un traitement préventif (de type antihistaminique, à déterminer avec son médecin traitant).

5. Squelette : nos os ne sont pas si solides !

La notion de capital osseux est fondamentale. Le squelette est la charpente du corps et il faut apprendre à le ménager, voire à l'entretenir :

  • Avoir une bonne position assise (attention à la bonne hauteur de l'écran informatique, bien en face des yeux).
  • Eviter le port de charges lourdes en mauvaise position pour le dos (le dos ne doit jamais être courbé, ce sont les jambes qui se plient, l'effort de levage étant assuré par les cuisses).
  • Pratiquer un sport une fois par semaine pour le maintien de la musculature (le rythme est de trois fois par semaine pour le coeur).
  • Faire des exercices d'assouplissement une fois par semaine également.
  • Attention au surpoids qui augmente la charge de travail des articulations des hanches et des genoux.
  • Porter des chaussures adaptées, notamment pour le sport.
  • Consulter en podologie, si diabète.

6. Sexualité : dans la fleur de l'âge...

Ce qui est bon pour le coeur (et les artères), l'est aussi pour le sexe ! Attention au diabète, au tabagisme et à l'alcool qui sont parmi les principaux facteurs de troubles de l'érection.

Les rapports sexuels doivent être protégés (préservatifs) si relations occasionnelles, ou nouvelle avant d'avoir fait un test de dépistage du Sida.

7. Hygiène de vie : profitez de la vie mais pas des excès !

Une bonne hygiène de vie permet d'éviter ou de retarder de manière importante la survenue de nombreuses maladies graves comme l'infarctus du myocarde, l'accident vasculaire cérébral, le diabète, l'insuffisance rénale, les cancers et la maladie d'Alzheimer. L'ensemble de ces bonnes habitudes tend également à améliorer la qualité de vie :

  • Avoir une activité physique régulière et adaptée (marche, vélo, course à pied, natation, etc.).

    La sédentarité est redoutable (voiture pour les courts trajets, ascenseurs pour 1 ou 2 étages, etc.).

    L'idéal est de faire 30 minutes d'activité physique par jour. Ne pas hésiter à varier son activité.

  • Avoir une alimentation équilibrée, riche en fruits et légumes à prendre tous les jours à volonté (au moins 5 par jour), et en poisson à consommer 2 à 3 fois par semaine.

    Ce régime sera pauvre en sucres d'absorption rapide.

    Eviter les excès de graisses d'origines animales, notamment contenues dans les sauces, les charcuteries, le beurre, les fromages, les pâtisseries.

    Saler peu les aliments et ne pas mettre de salière à table.

    Ce régime est à adapter en cas de surpoids, de diabète ou d'hypercholestérolémie. Suivre les prescriptions de son médecin.

  • Consommer peu d'alcool (limité 1 à 2 verres maximum par jour).
  • Eviter le tabac (objectif 0) : consulter son médecin chaque année tant que le sevrage n'est pas obtenu.
  • Limiter le stress qui n'est pas bon pour la santé. Il faut apprendre à éviter le stress inutile et à se décontracter au moins une fois par jour.
  • Protéger sa peau en utilisant des produits de protection solaire et en évitant l'exposition prolongée non protégée.

En plus de ces mesures liées à l'hygiène de vie, il est essentiel de bien suivre son traitement en cas d'hypertension artérielle, d'hypercholestérolémie ou de diabète. Ces trois types de traitements ont largement fait leur preuve en terme d'espérance de vie.