Sport et pollution

Publié par Gilles Goetghebuer
le 15/10/2007
Maj le
3 minutes
Autre
À un an des Jeux olympiques de Pékin, on se pose de nombreuses questions sur les conséquences pour les sportifs à concourir dans une atmosphère polluée.

Pollution, record battu...

Ce n'est pas la première fois que les Jeux olympiques ont été attribués à des villes très polluée s. Au cours des décennies précédentes, il y a eu Mexico (68), Los Angeles (84) et Athènes (2004). Mais Pékin pourrait bien battre tous les records. Certes, les autorités chinoises ont promis de faire tout leur possible pour réduire les émanations. Mais la question reste préoccupante. Car si tout le monde est sensible à la pollution, la question se pose avec une acuité particulière chez des athlètes de haut niveau qui, précisons-le, ventilent beaucoup plus que la moyenne. Au paroxysme de l'effort, jusqu'à 200 litres d'air par minute peuvent transiter par leurs poumons ! Comment la pollution affecte-t-elle leur santé et leurs performances ?

Le sortilège de Steve Ovett

Il existe actuellement peu de recherches concluantes sur le sujet. Les résultats montrent des réactions très variables selon les individus. En particulier pour l'ozone : certaines personnes le supportent sans trop d'inconvénient alors que d'autres, plongées dans la même atmosphère, se trouvent très handicapées. Cela explique quelques grosses surprises que l'on enregistre parfois sur la piste. Exemple à Los Angeles en 1984 : en finale du 800 mètres, le Britannique Steve Ovett, médaille d'or sur la distance à Moscou, figure comme grand favori de l'épreuve. Et pourtant, à la surprise générale, il arrive dernier de la course. Aussitôt franchie la ligne d'arrivée, il s'écroule et est évacué vers un hôpital où il restera en observation pendant deux jours. Plus tard, il expliquera : "la pollution avait réactivé un asthme dont je n'avais plus souffert depuis 20 ans. C'était comme si quelqu'un enfonçait un chiffon dans ma gorge, je n'avais plus assez d'oxygène pour respirer. Mon corps s'était arrêté de fonctionner."

Des Jeux sans records

Un athlète peut-il anticiper les méfaits d'un environnement pollué ? Les délégations les plus puissantes se sont penchées sur la question et ont recensé tous ceux qui dans un environnement pollué avaient tendance à développer des affections comme les pharyngites, sinusites, conjonctivites, et autres gênes respiratoires. Pour eux, on envisagera alors de redoubler d'attention lors du voyage et l'on programmera un déplacement au dernier moment sur le lieu de compétition. Les médecins craignent aussi pour les sportifs sensibles aux allergènes que le vent pourrait rabattre vers la capitale chinoise. On essaie alors d'identifier ces victimes potentielles et de leur faire adopter des mesures préventives telles qu'une désensibilisation. En même temps, les institutions sportives tentent de dédramatiser la situation et soulignent que des compétitions sportives ont déjà eu lieu à Pékin en août, notamment les Jeux universitaires mondiaux de 2001, sans poser de problèmes. Par ailleurs, si les spécialistes s'accordent à dire qu'il y a peu de chances que ces Jeux voient la chute de plusieurs records du monde, la pollution ne serait pas seule en cause. Il faut compter aussi avec la chaleur et l'horaire des compétitions. Décidément, la vie d'un champion n'est pas simple. En plus des exigences techniques, physiques et tactiques, voilà qu'il lui faut tenir compte des contraintes environnementales de plus en plus délicates.

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