Les somnifères, des médicaments pièges...

Publié par Dr Catherine Solano
le 2/07/2007
Maj le
3 minutes
jeune femme au lit, prendre le verre d'eau de la table de nuit
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Mal dormir, c'est difficile, surtout quand cela se reproduit plusieurs nuits de suite. La solution peut sembler simple : prendre un somnifère, un hypnotique, un anxiolytique, comprimé ou gélule très efficace… dans un premier temps.

Pourtant, le traitement naturel de l'insomnie n'est pas, en premier lieu, chimique. Les recommandations médicales à ce propos sont claires : « En cas d'insomnie qui persiste, il faut évaluer le retentissement de l'insomnie sur le fonctionnement de la personne dans la journée. Si ce retentissement est moyen à modéré (cas le plus fréquent), un traitement comportemental est préconisé. Si le retentissement de l'insomnie est sévère, un traitement comportemental peut être associé à un traitement hypnotique (quelques jours à quelques semaines). »Ainsi, le traitement premier de l'insomnie est un traitement comportemental qui vise à modifier nos comportements afin d'agir positivement sur le sommeil.

Pourquoi ne pas prendre directement un somnifère si c'est efficace ?

Le risque des médicaments (de la famille des benzodiazépines), c'est le syndrome de sevrage. Cela signifie que l'arrêt du médicament est suivi d'effets si désagréables qu'il devient très difficile d'arrêter. Ces signes de sevrage sont présents chez 80% des personnes qui prennent un traitement somnifère depuis plus de 3 ans et chez 15 à 26% en cas de traitement plus bref. Ainsi, plus on prend longtemps un somnifère, plus il est difficile de l'arrêter. Et difficulté supplémentaire : plus on avance en âge, plus il devient difficile de l'arrêter. Or, en France, plus des deux tiers des personnes qui consomment des anxiolytiques et hypnotiques ne présentent pas de trouble relevant d'une indication reconnue.

Et si le somnifère est vraiment indiqué pour moi ?

Si l'insomnie retentit négativement de façon importante sur la vie de tous les jours, un traitement peut être justifié. Mais il existe un code de bonne conduite pour la prise de ces médicaments :- Il ne faut pas associer plusieurs hypnotiques. - Il ne faut pas non plus en prendre plus de 2 à 4 semaines (4 à 12 semaines pour les anxiolytiques).- Il faut toujours commencer par la dose la plus faible et toujours utiliser la dose efficace la plus faible.

Et si j'ai une insomnie chronique qui dure plus de 2 à 12 semaines ?

Même en cas d'insomnie chronique, il est déconseillé de prendre des somnifères quotidiennement : la Haute autorité de santé précise qu'en cas d'insomnie chronique, de durée supérieure à 3 semaines, il est recommandé de suivre des cures courtes plutôt qu'un traitement continu. Votre médecin doit alors réévaluer régulièrement le bénéfice d'un tel traitement pour voir s'il est toujours justifié.

En conclusion

Les effets indésirables et le syndrome de sevrage très éprouvant liés aux somnifères sont très sous-estimés. Ils sont souvent considérés en France comme des médicaments banals, ce qu'ils ne sont pas. Résultat, un Français sur 4 a consommé au moins un médicament psychotrope au cours des douze derniers mois. C'est deux fois plus que dans les pays limitrophes. Toutefois, la durée moyenne de prise de somnifères est plus réduite en France que chez nos voisins. Mais ce qui est le plus inquiétant (d'après le rapport sur le bon usage des psychotropes), c'est que l'usage de ces médicaments est en train d'augmenter aux âges les plus précoces de la vie, parfois dès la première année.

Sources

Rapport sur le bon usage des psychotropes (consultable sur internet : http://www.assemblee-nationale.fr/12/pdf/rap-off/i3187.pdf), ANAES (Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé), RMO (Références médicales opposables).

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