SIDA : pourquoi pas un autotest en vente libre comme aux USA ?

Publié par Dr Philippe Presles
le 3/12/2012
Maj le
4 minutes
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Samedi 1er décembre, journée mondiale contre le Sida, je n'ai pas pu m’empêcher de comparer ce que nous proposons aux gens en France pour se protéger du sida, en comparaison de ce qui est proposé aux États-Unis. 

En France, des campagnes pour l’usage des préservatifs et des centres de dépistages gratuits. Aux États-Unis, des campagnes mixtes sur l’usage des préservatifs et sur l’abstinence sexuelle, et un autotest en vente libre en plus des solutions de dépistage classiques. Les Américains ont plus de solutions. Pourquoi pas nous ?

Un test de dépistage du sida en vente libre aux USA

Le mardi 3 juillet, l'Agence américaine des médicaments (FDA) a autorisé pour la première fois la vente libre d’un autotest de dépistage du sida. Aujourd’hui il est possible d’en acheter partout aux USA, dans plusieurs chaînes de pharmacies et même chez Walmart et Walgreens pour 30 €.

Et ce test est très simple à faire, à partir d’un prélèvement de salive(OraQuick In-Home HIV)

Autrement dit, vous pouvez acheter vos tests et les faire tranquillement chez vous, seul ou à deux. Ce n’est pas plus compliqué qu’un test de grossesse…

Une approche américaine très pragmatique

Mais les Américains ne se distinguent pas que par cette seule différence. S’ils font comme nous la promotion des préservatifs pour se protéger lors d’un acte sexuel, ils diffusent aussi des campagnes sur l’abstinence sexuelle : il n’est en effet pas obligatoire de coucher dès le premier soir et l’on peut prendre le temps de se connaître, puis de faire tranquillement un test avant d’aller plus loin.

En France, le Ministère de la santé a annoncé pour ce 1er décembre que "La seule manière efficace de se protéger reste aujourd'hui l'utilisation du préservatif pendant un rapport sexuel. Nous allons donc relancer une grande campagne sur ce thème."

Autrement dit, les Américains ont une approche très pragmatique adaptée aux nombreux comportements possibles. Ils prennent acte que certains d’entre nous n’iront jamais se faire dépister dans des laboratoires d’analyse ou dans des centres de dépistage. Ils constatent que d’autres n’utiliseront jamais de préservatifs.

En France, nous faisons le même constat, mais nous avons des solutions plus restreintes : des tests rapides en camions itinérants pour ceux qui fuient le dépistage (uniquement en Ile-de-France et bientôt en Provence-Alpes-Côte d'Azur, Rhône-Alpes et en Guyane) et des campagnes pour l’usage des préservatifs, notamment pour ceux qui fuient les préservatifs.

Considérer les gens comme des êtres responsables

Certes il est possible de critiquer le système américain. Leur autotest n’est pas fiable à 100 %. S’il est exact que le test est fiable à 99 % en cas de négativité, il ne l’est qu’à 92 % en cas de positivité. Autrement dit, en cas de positivité, il faut faire un deuxième test avec un professionnel de santé.

Une autre critique est que la personne se retrouve seule face à un éventuel résultat positif. Ce n’est pas vraiment le cas. Un numéro de téléphone est disponible 24h/24, 7 jours sur 7 et tant le mode d’emploi du test que la brochure qui sont fournis avec sont très explicites sur la nécessité de refaire le test. Cette documentation est très pédagogique en tout cas, et comme il faut attendre 20 minutes pour connaître son résultat, cela laisse le temps de tout lire et de bien s’informer.

Cela vaut toutes les campagnes contre le sida.

Quand 30.000 personnes sont séropositives au HIV en France sans le savoir, ou que 7.000 personnes sont contaminées chaque année par le virus du sida, il me semble qu’il ne faut négliger aucune solution.

D’autant plus que ces contaminations concernent tout le monde et pas seulement les jeunes comme on a trop tendance à le croire. Finalement, outre leur pragmatisme, les Américains me semblent avoir une vraie tendance à considérer les autres comme des êtres responsables, capables de décider pour eux-mêmes.

Aussi, cela vaut vraiment le coup de chercher toutes les solutions pour que chacun puisse se protéger et protéger les autres. Nous sommes tous différents, et les solutions qui conviennent aux uns ne conviennent pas toujours aux autres.

Source : Egora 30 novembre 2012/ Le Monde 4 juillet 2012

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