Sexualité : les réponses que ne vous donnera pas votre smartphone

Interroger son smartphone sur la sexualité n’est pas une bonne idée. Les assistants informatiques offrent des réponses inadaptées.
© Istock

Le geste est devenu automatique, à l’ère d’Internet. A chaque question, Google est interrogé. Un geste d’autant plus excusable quand les questionnements sont intimes. Mais si avez des doutes sur votre santé sexuelle, vous devriez peut-être y réfléchir à deux fois avant de dégainer votre smartphone, suggère une étude parue dans l’édition de Noël du BMJ.

Que ce soient Siri ou Google Assistant, les résultats des recherches sur téléphone intelligent laissent à désirer, révèlent des chercheurs de l’université d’Otago (Nouvelle-Zélande). Pour parvenir à cette conclusion, ils ont adressé 50 questions plus ou moins précises aux deux outils, et ont comparé les résultats à ceux du moteur de recherche Google sur ordinateur.

Dans l’ensemble, une réponse sur deux dirige vers une source d’expertise, comme le Planning Familial ou les Centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC). Viennent ensuite les sites plus généralistes, mais fiables, comme les sites commerciaux pour des préservatifs ou encore Wikipédia.

Seule ombre au tableau : les médias référencés lors des requêtes sont de qualité variable. Des sites de conseil douteux se retrouvent aux côtés de site d’information reconnus. Difficile, en l’état, de faire le tri. En France, plusieurs outils permettent d'établir la distinction entre les sites sérieux et ceux véhiculant de fausses informations.

Rendez-vous à Las Vegas

Certains sujets sont plutôt fédérateurs, comme la contraception ou les infections sexuellement transmissibles (IST). Mais le service classique se montre bien plus précis que ses équivalents sur smartphone. La meilleure réponse est fournie par Google Search dans 72% des cas. C’est ensuite son « cousin » mobile qui obtient le meilleur score.

Cela pourra sembler étonnant aux adeptes de la marque à la pomme, mais Siri n’est pas un très bon conseiller sexuel. Dans un cas sur trois, sa réponse n’a aucune utilité. Ainsi, interrogée sur la ménopause, elle propose aux chercheurs... d’aller voir Menopause the Musical, une comédie musicale qui se joue à Las Vegas (Etats-Unis).

Avec son taux d’échec de 12%, Google Assistant offre aussi des erreurs cocasses. Il estime, par exemple, que les lettres STI – une abréviation pour infections sexuellement transmissibles – font référence à St Ives, une station balnéaire située dans les Cornouailles.

Rien ne vaut le dialogue

Mais en plus de ses gaffes, Siri se montre plutôt prude. Incapable de proposer des vidéos avec du contenu sexuel, elle préfère « ne pas avoir d’opinion » sur certaines questions sensibles – comme le risque de grossesse  et d’IST. Sur ce point, les déclinaisons PC et smartphone de Google se montrent un peu plus conciliants.

Ces résultats, bien qu’amusants, sont inquiétants à l’heure où la moitié des usagers se tourne vers Internet pour répondre à ses questions sur la santé. Aux yeux des auteurs de cette étude, il est « important d’améliorer le niveau de connaissance informatique de la population » et « d’encourager les internautes à aborder avec prudence les informations en ligne ».

Car cette expérience représente la meilleure des situations, précisent les chercheurs. Ils ont pris garde à utiliser un langage correct et à articuler. Ces spécialistes invitent donc les parents gênés à adopter une nouvelle stratégie face aux interrogations de leur progéniture. S’ils ne sont pas à l’aise, mieux vaut éviter de s’en remettre à Siri.

La ménopause expliquée en vidéo

Vidéo : La ménopause expliquée en vidéo

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Source : In bed with Siri and Google Assistant: a comparison of sexual health advice, Nick Wilson et al, BMJ 2017;359:j5635