Secourisme : fini le bouche-à-bouche !

Publié par Dr Philippe Presles
le 2/04/2007
Maj le
3 minutes
Autre
Le bouche-à-bouche, enseigné lors des stages de secourisme, ne doit plus être pratiqué en cas d'arrêt cardiaque. Le témoin doit se cantonner au seul massage cardiaque car le bouche-à-bouche est inutile et fait perdre du temps dans cette course contre la montre.

Premiers soins d'urgence

En cas d'arrêt cardiaque, les techniques de réanimation enseignées aux secouristes, au personnel médical et paramédical sont cardiorespiratoires. Elles couplent le massage cardiaque et la ventilation assurée par le bouche-à-bouche. Les gestes de premiers soins alternent 15 compressions thoraciques et deux insufflations. Mais déjà en 2005, les cardiologues américains recommandaient plutôt d'alterner 30 compressions thoraciques avec toujours seulement deux insufflations, en affirmant que le pronostic en cas d'arrêt cardiaque était meilleur avec moins d'insufflations. Mais de là à montrer que la récupération des fonctions vitales est supérieure avec le massage cardiaque seul… C'est ce que vient de faire une équipe de chercheurs japonais.

La survie est meilleure sans bouche-à-bouche...

Les taux de survie ont été analysés chez 4.100 adultes victimes d'arrêt cardiaque en dehors de toute structure hospitalière et devant témoin. Avant l'arrivée des ambulanciers, 3.000 n'ont bénéficié d'aucune manoeuvre de bouche-à-bouche, 400 d'un massage cardiaque exclusivement et 700 d'une réanimation cardiorespiratoire alternant massage cardiaque et bouche-à-bouche. Trente jours après une réanimation réussie, le taux de survie était de loin le plus bas dans le premier groupe, sans aucun geste d'urgence. En revanche, 22% des sujets ayant reçu un unique massage cardiaque étaient en vie, contre 10% dans le groupe association massage cardiaque et bouche-à-bouche.

Pourquoi le bouche-à-bouche n'est-il pas bénéfique ?

Il est inutile, délétère, il fait perdre du temps. Les témoins sont plus hésitants à se lancer dans une réanimation complexe association gestes cardiaques et respiratoires, lesquels sont difficiles à réaliser et très fatigants. De précieuses minutes sont déjà ainsi perdues.Le plus important est de maintenir une circulation sanguine du sang vers le cerveau et vers le coeur. Le massage cardiaque doit donc être continu, ce qui n'est pas possible si l'on s'interrompt plusieurs minutes pour faire du bouche-à-bouche. De plus, le bouche-à-bouche est inutile car immédiatement après l'arrêt, le sang est encore oxygéné, rendant la ventilation inutile. Par ailleurs, une compression thoracique immédiate et continue stimule aussi la ventilation. Et enfin, le bouche-à-bouche augmente le volume et la pression thoracique, ce qui diminue le flux sanguin vers le coeur et le cerveau. Les recommandations en matière de réanimation après un arrêt cardiaque devraient être très prochainement modifiées en faveur du seul massage cardiaque, sans bouche-à-bouche. Cette méthode de réanimation simplifiée et plus facile à réaliser devrait permettre une plus large diffusion dans la population générale de la pratique des gestes qui sauvent. A noter également, que le bouche-à-bouche associé à des risques réels ou supposés de transmission d'agents infectieux était un frein à la mise en oeuvre de la réanimation.

Excepté les noyés et les victimes d'overdoses

A noter que la recommandation de ne plus faire de bouche-à-bouche, ne s'applique qu'à l'arrêt cardiaque. Il reste nécessaire chez les noyés et les victimes d'overdose.

Sources

SOS-KANTO study group, Lancet, 369 : 920-6, 2007.

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