Perte du désir sexuel

Publié par Dr Philippe Presles
le 6/09/2001
le
6 minutes

Partager :

femme malheureuse ayant des problèmes au lit avec son mari
getty
Le désir sexuel se définit comme le besoin qui pousse les hommes et les femmes à rechercher la stimulation et la satisfaction sexuelles.Le manque de désir pour l'activité sexuelle doit être interprété uniquement par rapport au désir sexuel "normal", à un âge donné, et dans des circonstances qui provoquent habituellement le désir. Un garçon de 18 ans éprouve du désir plusieurs fois par jour, alors que, pour un homme dans la cinquantaine, le désir peut se manifester environ deux fois par mois.

Perte du désir sexuel : Comprendre

Les mécanismes qui mènent au désir sexuel diffèrent pour l'homme et pour la femme

Contrairement au désir mécanique et automatique des hommes, directement associé aux grandes quantités de testostérone fabriquées par le corps masculin, le désir sexuel d'une femme n'est pas fondamentalement biologique. Son corps libère une quantité tellement faible de testostérone que son désir naît plutôt d'un environnement qui favorise l'affection, la communication, la sécurité et la tranquillité d'esprit.

Au moins une personne sur trois qui consulte pour un problème sexuel expérimente une perte de désir

Ce manque d'intérêt pour l'activité sexuelle s'accompagne généralement d'autres facteurs :

  • difficultés à obtenir une érection pour l'homme ;

Perte du désir sexuel : Causes

Mauvais fonctionnement du système nerveux parasympathique

L'excitation et le désir, pour la femme comme pour l'homme, dépendent du bon fonctionnement du système nerveux parasympathique, qui n'est pas le centre du désir, mais plutôt celui du repos. Une personne ne peut ressentir une excitation ou un désir sexuel sans qu'une certaine activation de son système nerveux parasympathique ne soit en cause. C'est pourquoi les gens fatigués ont souvent peu d'intérêt pour l'activité sexuelle.

Stress

La perte de désir peut se révéler la conséquence de nombreux facteurs de stress aussi variés qu'une enfance difficile, le manque de temps, une grossesse, une maladie ou une opération.

Vieillissement

Les changements hormonaux provoqués par le vieillissement entraînent inévitablement une diminution du désir sexuel, surtout après 80 ans.

Certains médicaments

Les médicaments d'utilisation courante tels que les bêtabloquants et certains antidépresseurs qui agissent sur les neurotransmetteurs du cerveau peuvent avoir comme effet de diminuer le désir sexuel.

Inhibition sexuelle

Des chocs traumatiques -—un viol par exemple - peuvent inhiber le désir sexuel. D'autres facteurs socioculturels, tels que l'éducation et la religion, entraînent aussi parfois l'inhibition des pulsions sexuelles.

Perte du désir sexuel : Conseils pratiques

Savoir se détendre

Modifiez vos habitudes quotidiennes, par exemple pendant les vacances, en mangeant plus lentement, en acceptant de ne rien planifier et en étant plus détendu. Vous serez ainsi plus réceptif aux activités sexuelles. Ces temps de calme où le métabolisme est bas, où la respiration se fait lente, permettent la naissance du désir. À défaut de prendre souvent des vacances, attribuez-vous deux périodes de relaxation par jour, à raison de 20 minutes chaque fois.

Montrer son affection sans arrière-pensée

Un baiser sur la joue ou sur les lèvres, un toucher du bras ou de l'épaule marquent et entretiennent vos sentiments réciproques. Les conjoints devraient se prouver chaque jour qu'ils tiennent l'un à l'autre, en sachant que ces démonstrations d'affection ne sont pas obligatoirement une invitation aux relations sexuelles.

Rompre le quotidien

Avec votre conjoint, laissez derrière vous autant que possible les soucis de la vie quotidienne. Le fait de consacrer du temps à votre couple favorise la communication et laisse place à la montée du désir. Même si ce n'est pas toujours facile, réservez-vous, avec votre partenaire, une période de la journée où vous ne serez dérangés par rien ni personne.

Apprendre à apprécier les caresses non génitales

Un élément important de la montée du désir réside dans l'éveil du système sensoriel. Les hommes gagneraient à développer leurs sens, à accorder de l'attention à l'ensemble du corps de leur conjointe et non à ses seules parties génitales, une habitude qui irrite les femmes et peut devenir source de tension entre les deux partenaires. Cesser toute activité génitale pendant une, deux ou trois semaines pour ne s'intéresser qu'aux caresses non génitales contribue à accroître le désir.

Garder la forme

La santé et la forme physique contribuent à entretenir une sexualité épanouie. Le sport et les activités qui éveillent les sens peuvent se révéler de troublants préludes à la sexualité. Par exemple, vous faites du ski, vous revenez au chalet en ayant légèrement froid et vous plongez dans une baignoire dont l'eau est agréablement chaude. Non pas que faire du ski et se tremper dans l'eau chaude soient des activités sexuellement excitantes en soi, mais, combinées, elles font appel à vos sens et prédisposent votre corps vers une capacité d'excitation plus grande.

Ne pas redouter ses fantasmes

Les fantasmes occupent une place dans l'imaginaire de tout être humain. Vivre à deux ne vous condamne pas à cesser de fantasmer sur des créatures de rêve ou sur un hypothétique partenaire. Il est naturel que vous imaginiez les choses que vous aimeriez avoir. On peut aussi vivre une sexualité et une sensualité à travers les romans, la musique, la danse et l'art en général.

Essayer d'autres sources de plaisir

Si vous avez peu d'intérêt pour le sexe, vous pouvez utiliser la masturbation pour apprivoiser les caresses et découvrir vos points sensibles.

Améliorer ses connaissances en matière de sexualité

Apprenez à connaître vos zones érogènes et celles de votre partenaire. Un nouveau toucher ou une nouvelle caresse suffit parfois à intensifier le désir. Il existe d'excellents livres pour s'initier à la relaxation sensorielle et aux massages érotiques.

Faire vérifier ses médicaments

Bon nombre de médicaments sur ordonnance ou en vente libre, en particulier ceux contre la dépression ou contre l'hypertension, entraînent une baisse du désir. Discutez-en avec un médecin. Il vous proposera, le cas échéant, des solutions.

Discuter des effets de la ménopause ou de l'andropause

De nombreuses femmes connaissent un déclin d'intérêt pour les relations sexuelles lors de la ménopause, entre autres à cause de la sécheresse vaginale qu'elle occasionne. Les hommes peuvent expérimenter une baisse de libido autour de la cinquantaine. Si vous ressentez ces troubles de libido, discutez-en avec votre médecin, il pourra vous suggérer une hormonothérapie substitutive.

Perte du désir sexuel : Quand consulter ?

  • Vous êtes avec un partenaire et les circonstances sont favorables aux relations sexuelles. Pourtant, vous n'éprouvez plus de désir depuis au moins un an.
  • Vous n'avez pas atteint la cinquantaine et vous éprouvez du désir moins d'une fois par mois en dépit de circonstances favorables aux rapports sexuels.

Perte du désir sexuel : Examens

Le médecin procède à un bilan de santé complet afin d'établir si la perte de désir est la conséquence de problèmes physiques.

Une évaluation du style de vie et des habitudes relatives aux activités sexuelles est par la suite réalisée.

Perte du désir sexuel : Traitement

Si le manque de désir est attribuable à la prise de médicaments, le médecin propose de les remplacer par d'autres qui n'entraînent pas un tel effet secondaire.

Si la ménopause ou l'andropause est en cause, une hormonothérapie substitutive est suggérée.

Dans les cas où le problème n'a pas sa source parmi ces facteurs, le médecin peut proposer une thérapie avec un sexologue clinicien. Grâce aux chercheurs Masters et Johnson, qui ont étudié la réponse sexuelle dans les années 1960, on sait maintenant qu'il est possible de traiter le manque de désir et les autres problèmes sexuels par une thérapie. Les séances sont hebdomadaires et se répartissent généralement sur une période allant de 10 à 20 semaines. Le médecin recommande que la thérapie soit entreprise en couple (si la personne vit avec quelqu'un). Ces thérapies sont basées sur un arrêt des relations sexuelles, suivi d'une reprise progressive de celles-ci avec une phase d'actes préliminaires amplifiée.

Sources

Guide familial des maladies publié sous la direction du dr andré h. dandavino - copyright rogers média, 2001.