Syphilis

Syphilis : Comprendre
Depuis la découverte des antibiotiques, la syphilis est devenue rare.
Mais actuellement en France et dans d'autres pays européens, on assiste à une recrudescence de la syphilis, phénomène essentiellement lié à un relâchement de la prévention, avec en particulier une augmentation du nombre de partenaires dans le cadre de rapports non protégés.
Cette réapparition de la syphilis est d'autant plus préoccupante qu'elle accroît le risque de transmettre ou de contracter l'infection à VIH (sida) : on estime que plus de la moitié des porteurs de syphilis sont également séropositifs.
En présence d'une co-infection avec le VIH, le traitement initial est identique, mais nécessite une surveillance accrue de la sérologie, avec éventuellement un deuxième traitement si l'évolution n'est pas satisfaisante. Les partenaires sexuels doivent également être traités pour empêcher une réinfection.
Syphilis : Causes
Une infection par la bactérie treponema pallidum (ou tréponème pâle).
La contamination se fait essentiellement par voie sexuelle (relations sexuelles orales, génitales ou anales). Elle est aussi possible via une écorchure de la peau ou des muqueuses.
Le personnel soignant peut également se contaminer par les mains (piqûre, lésion cutanée).
Le fœtus peut être infecté au cours de la grossesse, surtout si l'infection est récente.
La multiplication du microbe est très rapide, avec une période d'incubation de 2 à 6 semaines. En moyenne 3 semaines après la contamination survient la syphilis primaire. Les manifestations de syphilis secondaires apparaissent environ 2 mois après, en l'absence de traitement.
Les symptômes disparaissent spontanément en quelques semaines, mais la bactérie de la syphilis reste dans l'organisme si l'infection n'est pas traitée. Des années plus tard, une syphilis tardive peut alors se déclarer.
Syphilis : Conseils pratiques
- Eviter les comportements sexuels à risque en utilisant systématiquement des préservatifs.
- Pratiquer régulièrement un test de dépistage en cas de rapports sexuels fréquents avec des partenaires occasionnels (le dépistage est gratuit et anonyme dans les C.D.A.G.).
- En cas de diagnostic de syphilis, tous les partenaires récents et passés doivent être dépistés.
Syphilis : Quand consulter ?
- Chancre ou ulcération
siégeant sur les organes génitaux ou dans la bouche. Il est typiquement indolore, rosé, arrondi, d'un à deux cm de diamètre et reposant sur une base indurée. Il peut être multiple, avec un aspect inflammatoire douloureux, signe de surinfection par des germes banals. Il est le signe d'une syphilis primaire.
- Adénopathie
(ganglion) entraînant une gêne plus ou moins sensible du creux inguinal.
- Angine traînante
correspondant à un chancre oral.
- Eruption maculaire due à une roséole secondaire
les macules sont arrondies, de 3 à 10 mm de diamètre, mal limitées, avec des intervalles de peau saine.
Elles sont très contagieuses.
L'éruption peut éventuellement laisser des taches brunâtres à la base du cou chez la femme (collier de Vénus).
- Manifestations cutanéo-muqueuses
durant plusieurs mois, plus ou moins disséminées.
Hyperpigmentées (rose ou rouge vif), elles prédominent aux paumes des mains et plantes des pieds et dans les zones périorificielles.
Très contagieuses, ces lésions témoignent d'une syphilis secondaire.
- Tableau infectieux pseudo-viral
avec fièvre, céphalées, myalgies (douleurs musculaires), arthrite (inflammations articulaires), polyadénopathies (ganglions).
Ce tableau peut se rencontrer dans la phase secondaire de l'infection syphilitique.
- Troubles cardiovasculaires, ostéo-articulaires, neurologiques
au stade de la syphilis dite tertiaire : rare de nos jours et dans les pays développés.
- Femme enceinte
il est recommandé d'effectuer une sérologie syphilitique en début de grossesse, car une syphilis méconnue peut être à l'origine d'un avortement, d'une mort fœtale, d'une naissance prématurée ou d'un enfant porteur d'une syphilis congénitale.
- Sujet ayant des pratiques sexuelles à risque
(rapports avec un partenaire séropositif pour le VIH ou partenaires occasionnels).
Syphilis : Examens
L'examen clinique n'est pas toujours très significatif, car les lésions peuvent avoir disparu ou ne pas être évocatrices de syphilis.
Le diagnostic repose sur l'examen direct au microscope d'un échantillon des lésions afin de rechercher la présence de tréponèmes. La sérologie permet la mise en évidence d'anticorps spécifiques témoignant d'une infection par la bactérie syphilitique.
En cas de diagnostic de syphilis, il convient de pratiquer un dépistage de l'infection à VIH et des autres IST.
Syphilis : Traitement
La pénicilline constitue le traitement antibiotique de référence.
On prescrit un traitement "minute" par benzathine-pénicilline à la dose unique de 2,4 millions d'unités en cas de syphilis primaire, secondaire sans atteinte viscérale ou de syphilis latente (sans signe clinique).
En revanche, en présence d'une syphilis secondaire grave (atteinte viscérale, avec signes neurologiques) des doses élevées de pénicilline par voie intraveineuse sont nécessaires (10 à 12 millions d'unités/24h).
Ce n'est qu'en cas d'allergie à la pénicilline que l'on est amené à administrer d'autres antibiotiques, comme la doxycycline ou l'érythromycine chez la femme enceinte. A noter que dans ce dernier cas, l'enfant devra être systématiquement traité à la naissance.
Encore une fois, les partenaires du malade doivent systématiquement être dépistés puis traités s’ils se révèlent eux aussi infectés.
Sources
Dermatologie, syphilis. P. de Graciansky. Flammarion. Le point sur la syphilis. Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire n° 35-36/2001. Soulié-Majidi M, Basse-Guérineau A, Assous M. La syphilis 2000 : 1re partie : aspects cliniques et thérapeutiques. Feuillets de Biologie 2000;41:5-12. Soulié-Majidi M, Basse-Guérineau A, Assous M. La syphilis 2000 : 2e partie : diagnostic biologique. Feuillets de Biologie 2000;41:5-18. Les IST, http://www.info-ist.fr/. Sida Info Service, http://www.sida-info-service.org.