Publié par Dr Philippe Presles
le 6/09/2001
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5 minutes

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Autre
L'anorexie mentale est un trouble du comportement alimentaire qui se rencontre le plus souvent chez les adolescentes et les jeunes femmes. Mais l'anorexie peut également survenir chez les adultes ou les enfants. Le repérage précoce et la prise en charge sont des priorités afin de prévenir les risques de complications physiques et psychologiques.

Anorexie mentale : Comprendre

Parmi les personnes les plus souvent touchées : les adolescentes, les jeunes femmes, les mannequins, les danseurs et les sportifs. Les jeunes filles, premières victimes de l'anorexie L’anorexique refuse de s’alimenter et refuse de prendre du poids alors que celui-ci est déjà inférieur à la normale. C’est le cas typique d’une jeune fille qui, obsédée par l’idée d’être trop grosse et de devenir trop grosse, développe une forte restriction alimentaire souvent entrecoupée d’une suralimentation incontrôlée (crises de boulimie compensées par des vomissements) et une hyperactivité physique et / ou intellectuelle.

Anorexie mentale : Causes

L'anorexie mentale est un trouble du comportement alimentaire d’origine multifactorielle : facteurs génétiques (risque familial), neuro-endocriniens (déficit hormonal, en sérotonine), psychologiques (faible estime de soi, perfectionnisme…), familiaux (divorce, deuil…), sociaux (critères de beauté, culte de la minceur). Tous ces facteurs, vulnérabilité psychologique particulière, facteurs biologiques, familiaux ou psychosociaux, peuvent prédisposer à l’anorexie ou servir d’élément déclencheur. Et parfois, cet élément déclencheur peut aussi être une simple taquinerie anodine concernant une partie du corps de l'adolescente ou une remarque sur l'importance d'une saine alimentation…

Anorexie mentale : Conseils pratiques

Suivre l'évolution du poids des adolescents

Lescourbes de croissance en taille, poids et corpulance des enfants et des adolescents pour repérer toute cassure des courbes.

Indice de masse coporelle

Chez les enfants, les adolescents et les adultes, calculer et suivre l’IMC ou indice de masse corporelle : poids (kg) / taille² (m²). Repérer les retards de puberté.

Les signes d'alertes

Chez une jeune fille, une perte d’appétit, un amaigrissement, un arrêt des règles et une hyperactivité sont des signes d’alerte. Chez les enfants, c’est une cassure dans la courbe de poids qui doit alerter.

Anorexie mentale : Quand consulter ?

Prévenir les complications : problèmes osseux, cardiaques, hormonaux...

Le plus tôt sera le mieux, dès repérage des signes de l’anorexie, afin d’en prévenir les complications : la dénutrition provoque des dommages cardiaques, osseux, hormonaux et cérébraux, avec notamment un risque d’arrêt cardiaque, d’ostéoporose ultérieure, de troubles de la fertilité, d’insuffisance rénale, mais aussi des problèmes dentaires et digestifs (en raison des vomissements répétés).

Estime de soi...

L’anorexie s’accompagne également d’une baisse d’estime de soi, d’anxiété, de pensées obsessionnelles, d’hyperémotivité, de dépression, voire de pensées suicidaires.

Les signes d'alerte de l'anorexie chez l'enfant :

  • Ralentissement de la croissance staturale.
  • Perte de poids avec une courbe de l’IMC qui s’infléchit vers le bas.
  • Nausées ou douleurs abdominales répétées.

Les signes d'alerte de l'anorexie chez l’adolescent :

  • Perte de poids avec une courbe de l’IMC qui s’infléchit vers le bas.
  • Retard de la puberté.
  • Arrêt des règles ou irrégularité des cycles plus de 2 ans après les premières règles.
  • Hyperactivité physique.
  • Hyperinvestissement intellectuel.

Les signes d'alerte de l'anorexie chez l’adulte :

  • Perte de poids (plus de 15 %).
  • IMC inférieur à 18,5 kg/m².
  • Refus de prendre du poids malgré un IMC faible.
  • Arrêt des règles (sauf sous contraception oestro-progestative : pilule, patch, anneau).
  • Baisse marquée de la libido et de l’érection.
  • Hyperactivité physique
  • Hyperinvestissement intellectuel.
  • Troubles de la fertilité.

Chez les adolescents et les adultes, on retrouve typiquement des signes de restriction alimentaire :

  • Une diminution progressive des quantités d’aliments ingérés.
  • Une sélection importante des aliments (tri, découpage…).
  • Une élimination de certaines catégories alimentaires, souvent les plus caloriques (féculents, lipides…).
  • Un intérêt excessif pour la préparation des repas.
  • Le moment des repas peut devenir très pesant et conflictuel : l’anorexique se plaint de douleurs diverses et notamment de maux de ventre, les repas sont écourtés.

Anorexie mentale : Examens

Examen physique et tests

Le médecin réalise un examen physique complet au cours duquel il vérifie le poids, l’IMC, et de nombreux paramètres (tension artérielle, pouls, etc.). Des tests additionnels pourront être demandés afin d'exclure toute autre maladie.

Questionnaire sur les habitudes alimentaires

Le patient est soigneusement questionné sur ses habitudes alimentaires et le médecin utilise les modalités de repérage ciblé figurant dans les recommandations de bonne pratique formulées en 2010 par la Haute autorité de santé (HAS) et en partenariat avec l’Association française pour le développement des approches spécialisées des troubles du comportement alimentaire (AFDAS-TCA) etconsistant à poser une des deux questions suivantes :

  • « Avez-vous ou avez-vous eu un problème avec votre poids ou votre alimentation ? »
  • « Est-ce que quelqu’un de votre entourage pense que vous avez un problème avec l’alimentation ? »

Ou à utiliser le questionnaire DFTCA (Définition française des troubles du comportement alimentaire) où 2 réponses positives sont fortement prédictives d’un trouble du comportement alimentaire comme l’anorexie mentale :

  • « Vous faites-vous vomir parce que vous vous sentez mal d’avoir trop mangé ? »
  • « Vous inquiétez-vous d’avoir perdu le contrôle de ce que vous mangez ? »
  • « Avez-vous récemment perdu plus de 6 kg en 3 mois ? »
  • « Pensez-vous que vous êtes gros(se) alors que d’autres vous trouvent trop mince ? »
  • « Diriez-vous que la nourriture domine votre vie ? »

Anorexie mentale : Traitement

Prise en charge multidisciplinaire de l'anorexie

La prise en charge de l’anorexie est multidisciplinaire, faisant intervenir, au minimum, un psychiatre, pédopsychiatre ou psychologue et un médecin généraliste ou un pédiatre.

Suivi mensuel au minimum

Elle dépend de la gravité et des complications et nécessite un suivi au moins mensuel voire plus fréquent si l’état du patient est fluctuant et évolutif. Plusieurs objectifs seront fixés en termes de poids à atteindre et de soins psychologiques individuels et familiaux.

Quelle psychothérapie pour soigner l'anorexie ?

Les formes de psychothérapie les plus usuelles sont les thérapies de soutien, la psychothérapie psychodynamique, les thérapies comportementales et cognitivo-comportementales et les thérapies systémiques et stratégiques. Lorsque le patient est un enfant ou un adolescent, une thérapie familiale est recommandée. Ces thérapies sont prolongées au moins 1 an après une amélioration clinique significative.

Rare hospitalisation

Sauf en cas de complications physiques ou psychiatriques, la prise en charge initiale se fait en ambulatoire. L’hospitalisation est rare et se décide au cas par cas selon une association de plusieurs critères (perte de poids rapide, paramètres biologiques anormaux, risque suicidaire, problèmes familiaux, etc.). D’une manière générale, on privilégie les soins dans l’environnement habituel du patient.

Sources

HAS, « Anorexie mentale : prise en charge, recommandations de bonne pratique », juin 2010 - Association française pour le développement des approches spécialisées des troubles du comportement alimentaire (AFDAS-TCA), www.anorexieboulimie-afdas.fr - Fédération nationale d’Associations TCA - troubles  du comportement alimentaire (FNA-TCA), www.fna-tca.com.