Publié par Dr Philippe Presles
le 31/05/2001
le
7 minutes

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Autre
Le pouls est la manifestation palpable des contractions du cœur. On évalue les pulsations cardiaques en posant le doigt sur l'artère du poignet ou sur celle du cou (carotide). Si l'on perçoit difficilement le pouls, on peut le prendre au niveau de l'aine, là où passe l'artère fémorale.

Pouls lent : Comprendre

Au repos, le pouls adopte une fréquence se situant le plus souvent entre 60 et 80 battements par minute. Un cœur qui bat sous le seuil des 60 battements par minute fait de la bradycardie, forme d'arythmie et terme médical signifiant littéralement "cœur lent". Bien qu'il puisse parfois exiger l'intervention d'un médecin, un pouls lent sans autres symptômes est considéré comme normal. Il est intéressant de savoir que cela peut même aider à vivre plus vieux. En effet, comme le cœur bat plus lentement, l'organisme s'use moins vite. A noter aussi que le pouls lent ne signifie pas nécessairement une tension artérielle basse.

Pouls lent : Causes

Sérénité, repos

Un état de calme absolu, la méditation et le sommeil ralentissent le rythme cardiaque.

Grande forme physique

Faire régulièrement des activités physiques intenses, telles que le ski de fond, la course à pied, le cyclisme de compétition, peut contribuer à maintenir une fréquence cardiaque basse.

Réaction due à des situations déplaisantes

La peur, la douleur, la station debout prolongée (surtout dans un environnement chaud et humide) peuvent stimuler anormalement le système nerveux autonome, qui régit le fonctionnement des organes indépendamment de la volonté. Cela entraîne alors une cascade de symptômes, dont une bradycardie subite, une chute rapide de la tension artérielle, un voile noir devant les yeux, des bâillements, des sueurs et, souvent, une brève perte de connaissance.

Médicaments

Divers médicaments prescrits pour des troubles coronariens (angine de poitrine, infarctus du myocarde) peuvent ralentir de façon significative la fréquence des battements cardiaques. Mais cette conséquence est un effet voulu du traitement par certains agents antihypertenseurs (pour abaisser la tension artérielle), certains médicaments antiarythmiques (pour régulariser le rythme cardiaque) et certains produits cardiotoniques (pour augmenter le tonus du muscle cardiaque), tels que les dérivés de la digitale. En dehors de la médication cardiovasculaire, d'autres produits, comme les sels de lithium, utilisés pour traiter des troubles affectifs, peuvent aussi ralentir le pouls, mais il s'agit alors d'effets secondaires indésirables.

Anomalies congénitales du système de conduction cardiaque

Ces anomalies, appelées aussi blocs auriculo-ventriculaires, peuvent se manifester par de la bradycardie, mais, le plus souvent, elles n'ont pas de répercussions cliniques.

Maladie du sinus

Le sinus est situé dans la partie supérieure de l'oreillette (cavité supérieure du cœur), à la jonction de l'oreillette et du ventricule. Par un influx électrique, il intervient comme entraîneur du rythme cardiaque. Lorsqu'il fonctionne mal, cela occasionne des périodes de pouls lent, voire des pauses de quelques secondes sans battements cardiaques, entrecoupées d'un pouls rapide et irrégulier. Ces troubles du rythme cardiaque entraînent parfois une perte de connaissance lorsqu'on passe de la position couchée à la position assise ou de la position assise à la position debout. Cela se produit quand on a été couché ou assis pendant quelques heures. Même si la maladie du sinus est le plus souvent une conséquence du vieillissement, elle peut aussi se retrouver dans la maladie coronarienne, l'hypertension artérielle de longue date ou dans toute atteinte du muscle cardiaque (myocardiopathie).

Crise cardiaque (infarctus du myocarde)

Les artères du cœur, ou artères coronaires, forment le réseau d'alimentation en sang du muscle cardiaque. Lorsqu'elles durcissent et se rétrécissent à cause, entre autres, de l'accumulation de dépôts de cholestérol, le muscle cardiaque n'est plus assez irrigué et il peut arriver que l'infarctus se produise. Dans un premier temps, le pouls ira plus vite pour compenser la défaillance cardiaque. Mais si l'infarctus est majeur et qu'il y a un manque grave d'oxygénation, le cœur a de la difficulté à fonctionner et le pouls ralentit, avant de cesser complètement. Généralement, l'infarctus s'accompagne de douleurs à la poitrine, au bras gauche et à la gorge, d'une pâleur extrême, d'une transpiration abondante, de l'impression de mort imminente, parfois de nausées et de vomissements.

Hypothyroïdie

Dans le cas de cette maladie, c'est tout l'organisme qui fonctionne au ralenti.

Hypothermie et malnutrition grave (anorexie)

Ces affections peuvent avoir des répercussions sur le système électrique du cœur et provoquer un important ralentissement des battements cardiaques.

Pouls lent : Conseils pratiques

Traiter d'urgence tout signe d'infarctus du myocarde. Si vous présentez des symptômes qui vous font penser à une crise cardiaque, contactez immédiatement le centre 15, sans hésitation ! Le temps reste le facteur le plus important pour améliorer vos chances de survie. Les secours vous prodigueront les soins nécessaires pour protéger votre cœur jusqu'à votre arrivée aux urgences.

Faire attention aux interactions médicamenteuses. Soyez toujours attentif à vos médicaments, certains étant responsables de bradycardie et d'interactions médicamenteuses. N'hésitez pas à demander à votre médecin ou à votre pharmacien si un médicament (sur ordonnance ou en vente libre) qui s'ajoute à ceux que vous prenez déjà peut, par lui-même ou par effet d'addition, entraîner un pouls lent.

Ne pas abandonner un traitement médicamenteux prescrit par le médecin. Avant d'abandonner un médicament qui fait ralentir le cœur, faites en part à votre médecin, qui pourra, dans la plupart des cas, vous proposer des solutions de rechange.

Ne pas prendre les médicaments des autres. Bien que les symptômes puissent se ressembler d'une personne à une autre, il peut être dangereux d'utiliser des médicaments qui ne vous ont pas été spécialement prescrits.

Pouls lent : Quand consulter ?

Vos pulsations sont inférieures à 50 battements par minute et sont accompagnées d'étourdissements et de faiblesse, surtout quand vous passez de la position assise ou couchée à la position debout.

Vous avez perdu connaissance ou vous avez l'impression que vous allez perdre connaissance ; vous souffrez de fatigue extrême, parfois même d'épisodes de confusion, ou vous êtes beaucoup plus essoufflé(e) depuis quelque temps.

Pouls lent : Examens

Les questions que pose le médecin peuvent parfois révéler les raisons d'un ralentissement symptomatique de la fréquence cardiaque (la prise d'un médicament par exemple). Il prendra soin toutefois de faire un examen physique pour vérifier l'état du cœur. Il pourra aussi demander un électrocardiogramme (test qui consiste à enregistrer l'activité électrique du cœur) au repos, et à l'effort, en faisant marcher le patient sur un tapis roulant. Le médecin pourra aussi recourir à d'autres tests s'il le juge opportun. La méthode de Holter consiste en un enregistrement ambulatoire continu, pendant 24 heures, de l'activité cardiaque. L'épreuve d'inclinaison sert à rechercher des variations de pouls et de tension artérielle en plaçant le patient dans différentes positions sur une table à bascule. De plus, on peut vérifier directement l'activité cardiaque au moyen d'une sonde introduite dans le bras ou la veine fémorale (au niveau de la cuisse) sous anesthésie locale. Cet examen s'appelle l'"exploration électrophysiologique endocavitaire".

Pouls lent : Traitement

Réaction due à des situations déplaisantes

En général, le traitement consiste à prévenir les situations désagréables, lorsque cela est possible bien sûr. Sur le plan pharmacologique, plusieurs classes de médicaments peuvent être utilisées pour empêcher le pouls de trop ralentir, en particulier si ce problème risque de provoquer des situations dangereuses (perte de connaissance au volant de sa voiture par exemple). Cependant, les résultats sont controversés et il reste encore beaucoup de recherches à faire dans ce domaine. Dans certains cas, un stimulateur cardiaque peut être une solution.

Médicaments

Au besoin, le médecin pourra changer la prescription.

Anomalies congénitales du système de conduction cardiaque

Comme la bradycardie est la plupart du temps sans conséquences cliniques, il n'y a pas lieu de la traiter. On peut vivre tout à fait normalement en dépit de ce type d'anomalie.

Maladie du sinus

Ce trouble de la conduction électrique nécessite l'implantation d'un stimulateur cardiaque (pacemaker) pour éviter la bradycardie potentiellement dangereuse (perte de connaissance au volant, chute sur le trottoir, etc.) ainsi que la prescription d'un médicament antiarythmique pendant les périodes où le cœur bat trop rapidement.

Crise cardiaque (infarctus du myocarde)

Dès son arrivée aux urgences, le malade reçoit de l'oxygène, de la nitroglycérine (en comprimés à laisser fondre sous la langue, en aérosol buccal ou par voie intraveineuse) et on lui fait croquer de l'aspirine, qui est un agent antiplaquettaire empêchant la formation des caillots sanguins. Il recevra aussi d'autres médicaments spécifiques par voie intraveineuse ou orale. Selon la gravité de l'infarctus, différentes interventions peuvent être pratiquées, comme l'angioplastie coronarienne, qui consiste à dilater un vaisseau pour rétablir son calibre, ou le pontage aorto-coronarien. Cette dernière technique chirurgicale permet la revascularisation du muscle cardiaque en dérivant le sang en aval de l'obstruction à l'aide d'un greffon (une artère provenant du thorax du patient ou encore une veine prélevée sur l'une de ses jambes).

Hypothyroïdie

Elle se traite à l'aide de médicaments qui sont des extraits thyroïdiens. Dans ces trois cas, le pouls lent n'est qu'un des symptômes qui indiquent un état critique. Le médecin s'efforcera donc avant tout de sauver la vie de son patient.

Hypothermie et malnutrition grave (anorexie)

Dans ces deux cas, le pouls lent n'est qu'un des symptômes qui indiquent un état critique. Le médecin s'efforcera donc avant tout de sauver la vie de son patient.

Sources

Guide familial des symptômes sous la direction du Dr André H. Dandavino - Copyright Rogers Media, 2005.