Infarctus du myocarde

Publié par Dr Philippe Presles
le 26/02/2003
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6 minutes

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homme serrant son coeur
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Infarctus du myocarde : Comprendre

L'infarctus du myocarde résulte d'une diminution brutale de l'oxygénation du muscle cardiaque.

L'infarctus est une urgence médicale.

L'infarctus survient essentiellement lorsque les artères du cœur sont bouchées ou en mauvais état, chez les fumeurs, les obèses, les hypertendus, les diabétiques.

Quand l'infarctus apparaît, souvent sous la forme d'une douleur intense dans le thorax, le traitement doit être administré sans délai, car il conditionne souvent le pronostic et le risque vital.

Une fois l'orage passé, une hygiène de vie stricte et le suivi d’un traitement préventif sont nécessaires afin d'éviter les récidives.

Infarctus du myocarde : Causes

Le cœur est un muscle formé de quatre cavités, qui assure un travail de pompe, afin de faire circuler le sang à travers l'organisme.

Comme tous les organes, il possède ses propres artères qui assurent sa consommation en oxygène (et compte-tenu de son activité intense et permanente, ses besoins en oxygène sont très importants !).

Ces artères, au nombre de trois, sont appelées "coronaires", car elles entourent le cœur de leurs branches, comme une couronne. Comme toutes les artères, elles peuvent être le siège de lésions d'athérome (épaississement et dégénérescence de la paroi artérielle), et se boucher (occlusion) lorsqu'un caillot sanguin se forme. Parfois, elles ne sont pas bouchées par un caillot, mais par un spasme.

En fonction de la zone où l'artère est bloquée (sur un tronc principal ou sur une branche secondaire), une partie plus ou moins importante de muscle manque d'oxygène.

Si ce déficit est prolongé, la région de muscle non irriguée se détruit, c'est ce qu'on appelle une nécrose.

En conséquence, cette zone musculaire fonctionne mal et en cas de lésions étendues, une défaillance globale du cœur peut survenir.

Une nécrose peut également toucher un centre de contrôle du rythme cardiaque, ce qui provoque un "emballement" du cœur, qui ne fonctionne alors plus correctement. C'est ce qu'on appelle un trouble du rythme cardiaque, pouvant finir par un arrêt cardiaque.

D'un point de vue plus général, les facteurs de risque d'occlusion d'une artère coronaire sont :

  • l'excès de cholestérol,
  • le tabac,
  • l'hypertension artérielle,
  • le diabète,
  • le stress,
  • la sédentarité,
  • une faible consommation de fruits et légumes.

Infarctus du myocarde : Conseils pratiques

L'infarctus du myocarde ne survient pas sur n'importe quel terrain.

Il peut être évité si l'on diminue les facteurs de risque :

  • arrêt du tabac,
  • lutte contre l'obésité,
  • du diabète,
  • de l'hypertension artérielle,
  • diminution du stress,
  • lutte contre la sédentarité,
  • suivi d’un régime diététique de type méditerranéen.

Après un infarctus, ces conseils sont bien évidemment à poursuivre, ainsi que la reprise d’une activité physique régulière en suivant les conseils des médecins, dont ceux du centre de rééducation.

La conduite automobile peut être reprise progressivement, les voyages en avion ne posent pas de problème, mais un avis et des conseils sur les traitements à emporter doivent être demandés au cardiologue auparavant.

Enfin, suite à un infarctus, l'activité professionnelle peut être reprise d'autant plus rapidement que le travail est peu physique. Un reclassement professionnel est parfois nécessaire pour les travaux pénibles.

Infarctus du myocarde : Quand consulter ?

L’infarctus peut apparaître sans crier gare, chez une personne qui n’avait pas d’atteinte cardiaque avant.

Il se manifeste classiquement par une douleur brutale écrasant la poitrine.

Cette douleur d’une intensité très élevée, peut se propager à la mâchoire, au bras gauche ou dans le ventre.

Il est également important de prendre en compte les signes associés, comme un essoufflement, des nausées, une grande faiblesse ou des sueurs.

Devant de tels signaux, il faut appeler le 15 sans attendre, quelle que soit l’heure.

L'infarctus du myocarde peut aussi apparaître chez des personnes souffrant déjà d'angine de poitrine.

L'angine de poitrine, ou "angor", est le signe d'une insuffisance coronarienne, c'est-à-dire d'une baisse de débit dans une artère coronaire, sans que celle-ci soit totalement bouchée. Le débit est diminué car le calibre de l'artère est rétréci par l'athérome. On comprend bien qu'il ne manque plus grand chose pour qu'un caillot se forme et provoque un infarctus.

L'angine de poitrine se manifeste par des douleurs constrictives (qui "serrent") dans la poitrine, mais qui sont réversibles avec la prise de trinitrine.

L'infarctus s'annonce par ce même type de douleur, mais brutale et intense, ne cédant pas sous trinitrine.

Ainsi, des douleurs d'angine de poitrine plus fréquentes ou plus prolongées (au-delà de 30 minutes) sont peut-être le signe d'un infarctus imminent. Si c'est le cas, il faut bien évidemment consulter en urgence "sans aucun délai", afin que le traitement puisse être le plus efficace possible.

La douleur de l'infarctus du myocarde peut parfois être confondue avec une embolie pulmonaire, une pleurésie, un pneumothorax, une dissection de l'aorte ou un problème abdominal aigu, mais il est bien difficile de faire la différence soi-même.

Enfin, chez les femmes et chez les diabétiques, les symptômes peuvent être moins flagrants, avec moins de douleur.

L’infarctus n’en est pas moins grave. Il faut appeler le 15 devant tout malaise important et de survenue brutale.

Infarctus du myocarde : Examens

L'examen en urgence de l'infarctus est l'électrocardiogramme.

Il s'agit d'un enregistrement de l'activité électrique du cœur, à l'aide de petites électrodes disposées sur le thorax et aux extrémités des membres. Cet examen est rapide et complètement indolore. Il permet de savoir s'il y a infarctus et où il se situe dans le cœur.

Une prise de sang recherchant des enzymes libérés par le tissu cardiaque nécrosé, confirme le diagnostic. Les principaux enzymes sont la troponine, les CPK et la LDH.

L'échographie du cœur, également indolore, évalue ensuite le retentissement de l'infarctus sur l'activité cardiaque et établie le bilan des lésions occasionnées. Une coronarographie complète le bilan et permet de commencer le traitement mécanique de dilatation des coronaires quand cela est possible.

Infarctus du myocarde : Traitement

En phase aiguë, le principe de base de la prise en charge de l'infarctus repose sur la rapidité d'action.

Plus le délai est bref, plus le traitement sera efficace. Un transfert d'urgence par SAMU vers une unité de soin intensif cardiovasculaire est l’idéal.

Quand le diagnostic d'infarctus est établi, on peut administrer pendant le transport des dérivés nitrés qui provoquent une dilatation des artères de l'organisme, dont les artères coronaires, ce qui permet d'en améliorer le débit.

Des calmants sont aussi prescrits, souvent des dérivés de la morphine, car la douleur est très intense, ainsi que de l'oxygène.

En cas d'arrêt cardiaque, le massage cardiaque s'impose, avant même l'arrivée du SAMU.

Durant le transport vers l'hôpital, un traitement intra-veineux pourra être administré, afin de dissoudre le caillot formé dans l'artère coronaire.

Une fois à l'hôpital, le débit dans l'artère coronaire bouchée peut être rétabli à l'aide d'une angioplastie, qui consiste en une dilatation interne de l'artère par un petit ballon monté dans l'artère sous contrôle radiologique, et que l'on gonfle une fois en place.

Les traitements contre la douleur et l'oxygène sont maintenus, ainsi que les traitements pour fluidifier le sang, comme l'héparine ou l'aspirine.

Des bêtabloquants sont également prescrits, car ils diminuent la consommation du cœur en oxygène.

Dans un deuxième temps, il faut envisager la réadaptation à l'effort, qui se fait très progressivement, à domicile ou en centre spécialisé.

Au long terme, des médicaments sont prescrits pour diminuer la fatigue du cœur. Il en existe plusieurs dont les mécanismes d'action sont différents (statines, IEC, bêta bloquants). Des fluidifiants comme l'aspirine sont également indiqués. L'aspirine empêche l'agrégation des plaquettes sanguines, diminuant le risque de faire un caillot.

Sources

Guide familial des maladies publié sous la direction du Dr André H. Dandavino - Copyright Rogers Média, 2001