Coeur : la régularité paye
Aspirine, bêtabloquant, inhibiteur de l'enzyme de conversion, statine, cela fait au moins 4 médicaments à prendre après un infarctus. Ils constituent ce que l'on appelle le traitement de fond. Pourquoi les prendre ? Parce que chacun individuellement a montré qu'il augmentait de manière significative la durée de vie et diminuait le nombre de rechute. Mais aussi parce que leurs effets sont cumulatifs ! Leur prise régulière diminue le risque de rechute de plus de 50% (jusqu'à 80%) !
Question de motivation
Pour être efficaces, ces médicaments doivent être pris à vie. Il faut donc rester motivé et bien s'organiser. Question motivation, le plus important est de démarrer ces traitements le plus tôt possible, c'est-à-dire à l'hôpital ou juste après la sortie. En effet, quand vous êtes encore sous le choc de l'accident, votre motivation est à son maximum : éviter une rechute garde tout son sens et c'est même la chose la plus importante pour vous à ce moment là. Certains services de cardiologie se préoccupent du traitement de fond de l'infarctus et pas seulement du traitement de la phase aiguë. D'autres négligent cet aspect du traitement et c'est bien regrettable.Pour être efficaces, ces médicaments doivent aussi être prescrits avec conviction ! C'est ce que montre une étude (Enquête DUO-HTA) : les médecins les moins convaincus obtiennent de moins bons résultats en terme d'observance que leurs confrères C'est intéressant à savoir.Ensuite, avec le temps, le souvenir de l'infarctus s'estompe (heureusement !). Vous reprenez une vie normale et vos arrières-pensées s'éloignent. Du coup, le traitement de fond devient plus gênant qu'autre chose. Il faut donc rester motivé et là l'essentiel est de percevoir positivement votre traitement et non pas comme une corvée quotidienne. Plutôt que de vous dire : « je ne dois pas oublier de prendre mes médicaments. », adoptez des formulations positives comme « je dois penser à les prendre. » Notre cerveau interprète en effet au premier degré nos expressions et ce qui est négatif lui déplait ! Vous pouvez aussi considérer autrement vos médicaments. Ils sont pour vous source de vie, comme des vitamines. Pourquoi ne pas les prendre comme des vitamines ?
Question d'organisation
Les pièges ne manquent pas pour oublier, à commencer par le premier week-end où l'on se retrouve sans boîte, la fin du mois correspondant avec la fin de semaine Sachez qu'un court arrêt de l'un ou l'autre de vos produits n'est pas catastrophique. Vous pourrez tout simplement le ou les réintégrer dans votre traitement quand vous en aurez de nouveau. A savoir : il ne faut pas vouloir rattraper les comprimés que vous avez oubliés. Il faut simplement continuer votre traitement comme avant. Reste que cette première alerte doit vous pousser à mieux vous organiser. Il faut que vous puissiez disposer d'un mois de traitement d'avance. Parlez-en à votre médecin, il organisera votre prescription en conséquence.Le problème suivant consiste à y penser tous les jours, quasi automatiquement. L'astuce la plus connue consiste à les placer dans sa boîte à thé ou à côté de tout autre produit à vocation quotidienne. Toute solution est bienvenue. Cela peut être votre rond de serviette ou encore une boîte qui est systématiquement posée sur la table pour servir au début du repas.
Ne pas s'appuyer complètement sur les autres
Dans nombre de cas, c'est votre conjoint qui s'occupe de vous, qui achète les médicaments, prend les rendez-vous chez le médecin et vous prépare vos pilules avant chaque repas. Vous êtes maternés et vous vous êtes reconnus messieurs ! Si c'est votre cas, deux attitudes sont bénéfiques : soyez très reconnaissant et participez aussi. Notre esprit, on l'a vu, préfère le positif. Les râleurs décourageront leurs femmes, ou transformeront cet acte d'amour en corvée : « Encore ! Tu ne penses qu'à cela ! ». Faites le contraire, félicitez là ! Elle sera contente et cette prise quotidienne deviendra un acte d'échange affectif : « Merci de penser à moi, cela m'aide beaucoup. »Mais ne négligez pas de participer à votre traitement. Informez-vous sur lui (les choses bougent en science), notez sur votre agenda les consultations, les bilans. Essayez de penser, vous aussi, à regarder si votre réserve de produits est suffisante. Et si vous alliez à la pharmacie de temps en temps ? Bref, soyez aidé oui, c'est une grande chance, mais ne vous laissez pas complètement aller !
Parler de vos difficultés
Enfin, si vous rencontrez des problèmes dans la prise de vos médicaments, il faut en parler à votre médecin ou à votre pharmacien. Il est en effet normal de considérer que prendre ses médicaments est au moins aussi important que se les faire prescrire Votre médecin ou votre pharmacien pourront alors vous aider à penser votre organisation.