Rêver peu augmente vos risques de mort précoce

Depuis des milliers d’années, l’Homme tente de comprendre les rêves qui occupent ses nuits. Et ils semblent plus importants que jamais. Des scientifiques de l’université de Stanford ont découvert qu’avoir peu de sommeil paradoxal (REM pour Rapid Eye Movement) - phase de sommeil où se forment les rêves et cauchemars - est lié à des risques de mort précoce plus élevés.
Les nuits de plus de 4050 personnes étudiées
L’auteure principale de l’étude, Eileen B. Leary qui étudie au département Épidémiologie et recherche clinique de l’université de Stanford, a expliqué à nos confrères de MedicalResearch.com, l’origine de son travail. "Des études antérieures nous ont appris que la durée du sommeil est associée à la mortalité, mais on savait peu de choses sur la façon dont les différents stades du sommeil sont liés au moment ou à la cause du décès".
Pour déterminer cela, la chercheuse a analysé les cycles du sommeil de 2675 hommes qui avaient intégré une expérience sur les troubles du sommeil menés entre 2003 et 2016. Dans un premier temps, les nuits des participants étaient examinées à la maison puis à nouveau sur 4 jours sous surveillance scientifique.
La chercheuse a également utilisé les données de 1375 femmes et hommes du Wisconsin ayant rejoint une étude de plus de 20 ans sur l’impact des troubles du sommeil, et plus particulièrement l’apnée du sommeil, sur la santé. Les participants étaient pour leur part suivis tous les 4 ans.
Peu de sommeil paradoxal augmente les risques de décès
Avoir un mauvais sommeil paradoxal - et finalement rêver peu - est problématique, selon l’analyse des datas regroupées. L’équipe a découvert que les hommes de la première cohorte avaient un taux de mortalité de 13 à 17% plus élevé pour chaque réduction de 5% du sommeil paradoxal. Cette constatation a persisté pour différentes causes de décès comme les maladies cardiovasculaires.
Des résultats similaires ont été trouvés avec la seconde étude longitudinale, même si les participants étaient plus jeunes et suivis pendant une période plus longue.
twitter.com/WeitzSportChiro/status/1280158792932442112
La responsable de la recherche, Eileen B. Leary, précise dans une interview : "le sommeil paradoxal a été identifié comme le stade de sommeil le plus important pour prédire la mortalité toutes causes”.
"Le sommeil paradoxal semble être un prédicteur fiable de la mortalité et peut avoir d'autres valeurs de santé prédictives. Les stratégies pour préserver le sommeil paradoxal peuvent influencer les thérapies cliniques et réduire le risque de mortalité, en particulier pour les adultes avec <15% de REM. Cependant, davantage de recherches sont nécessaires pour mieux comprendre la relation”, conclut-elle.
Interrogé par CNN sur les conclusions de cette recherche, le Dr Raj Dasgupta, spécialiste américain du sommeil rappelle en effet “il est important de réaliser que ces résultats ne sont pas une cause et un effet, mais une association".
Sommeil paradoxal : qu’est-ce que c’est ?

Quatre phases et trois types différents de sommeil constitue un cycle du sommeil : il y a le sommeil léger (stade 1 et 2), le sommeil profond (stade 3) et le sommeil paradoxal (stade 4). Plusieurs cycles se succèdent pendant nos nuits.
En premier lieu, il y a l’endormissement, phase intermédiaire entre l’éveil et le sommeil réel où l’on est réveillé au moindre bruit. C’est ce qu’on appelle le stade 1.
Lors du stade 2, l’activité du cerveau ralenti et le sommeil s’approfondit. Une dizaine de minutes plus tard, on entre dans le sommeil profond. Il est alors plus difficile d’être réveillé, car le cerveau est de plus en plus insensible aux stimuli extérieurs. Une phase de sommeil lent léger revient ensuite.
C’est alors que le sommeil paradoxal survient. L’activité cérébrale reprend. Les ondes cérébrales sont petites et rapides. C’est lors de cette phase que l’on rêve. Par ailleurs, nos souvenirs et nos apprentissages seraient fixés dans notre mémoire à long terme à ce moment également.
On parle de sommeil paradoxal car bien que la personne dort très profondément, elle montre des signes d’éveil comme l’activité cérébrale plus importante ou encore des mouvements des yeux.
Cette phase représente environ un quart du temps de total du sommeil. La durée du sommeil paradoxal augmente à chaque cycle au cours de la nuit jusqu'au réveil de la personne.
Les trucs pour bien dormir

Pour être une bonne santé et reposé, il faut dormir entre 8 et 10 heures par nuit en fonction de notre âge. Certains gestes permettent de faciliter l’endormissement et éviter les troubles du sommeil.
Les experts donnent plusieurs astuces qui peuvent aider ceux qui ont du mal à tomber dans les bras de Morphée.
- Il faut prêter attention à la composition du repas du soir. En effet, un repas lourd et une digestion difficile peuvent perturber le sommeil. Il peut être bon aussi de bannir les plats épicés.
- Il faut aussi bannir les excitants (café, tabac, cannabis).
- Il est conseillé d'éviter les écrans de télé, smartphone ou ordinateur. La lumière bleue de ces appareils perturbe la production de mélatonine, hormone qui aide à l'endormissement
- Avoir une activité physique, n'évite pas uniquement le surpoids, cela aide aussi à trouver plus facilement le sommeil le soir.
- Il peut être bon également de faire des exercices de yoga, relaxation ou respiration avant de se coucher : cela permet de faire baisser le niveau de stress et se défaire des tensions de la journée.
- Il faut aussi penser à bien aérer sa chambre et éviter de surchauffer la pièce. Il ne doit pas faire plus de 20 degrés. Il faut également limiter les sources lumineuses, car la mélatonine n'aime pas la lumière
Sources
LACK OF REM SLEEP AS A PREDICTOR OF MORTALITY, Medicalresearch.com, 7 juillet 2020
Association of Rapid Eye Movement Sleep With Mortality in Middle-aged and Older Adults, Jana Neurology, 6 juillet 2020
Less dream-stage REM sleep linked to higher risk of death, study says, CNN, 6 juillet 2020