Des résines dentaires au bisphénol A sur la sellette

La présence de bisphénol A, un perturbateur endocrinien, dans certaines résines dentaires comme celles utilisées pour combler les caries des enfants, fait débat.En effet, une nouvelle étude américaine rapporte un possible lien entre ces résines et des troubles de l’humeur, en particulier des risques accrus d’anxiété et de dépression.
© Istock

Du bisphénol A dans les résines dentaires

Après les produits de comblement à base de mercure des années 60, sont apparues des pâtes blanches sans métaux, qui ont reçu l’aval de la FDA (Food and Drug Administration) aux USA et d’autres pays dont la France. Depuis, des millions de patients ont donc bénéficié de ces résines lors de leurs soins dentaires.

Le journal «Pediatrics» s’y est récemment intéressé et rapporte que ces pâtes ne seraient pas sans risque. Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont suivi pendant 5 ans, plus de 530 enfants de 6 à 10 ans ayant reçu des amalgames dans au moins deux cavités dentaires : or ceux ayant reçu des résines à base de bisphénol A se plaignaient deux à quatre fois plus de troubles anxieux ou dépressifs.

C’est notamment une pâte composée de bisphenol-A Méthacrylate de glycidyle (ou Bis-GMA) qui est montrée du doigt car ce produit pourrait à terme se retrouver dans la circulation sanguine.

Or ce n’est pas la première fois que le bisphénol A fait parler de lui : ce perturbateur endocrinien - ainsi appelé parce qu’il se comporte comme un estrogène lors des études réalisées en laboratoire - très présent dans les plastiques, a déjà été interdit dans la fabrication des biberons pour bébés.

En pratique

Inutile pour autant de courir chez son dentiste pour changer ses résines dentaires : en effet, cette étude ne suffit pas à elle seule à apporter la certitude de leur toxicité (les perturbateurs endocriniens étant partout, il est difficile d’accuser les seules résines dentaires).

D’autre part, il semble que ce soit surtout au début, dans les trois heures suivant la mise en place de la restauration dentaire et donc, lorsque la résineest neuve, qu’il y ait libération de bisphénol A, cette dernière faiblissant au fil des ans.

La libération à long terme demeure donc bien incertaine …

En attendant d’en savoir plus, le mieux à faire est encore de jouer la carte de la prévention : après tout, si un enfant n’a pas de carie dentaire, il n’a pas besoin d’amalgame !

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Source : Impact of Early-Life Bisphenol A Exposure on Behavior and Executive Function in Children, Pediatrics 2011;128;873
http://pediatrics.aappublications.org/content/128/5/873.full.pdf+html?sid=7d1f8e1c-f94e-4d30-942c-9ef5cabf6a4d