Produits "sans gras" et "light" : le piège caché qui favorise le stockage des graisses corporelles

Publié par Stéphane Leduc
le 12/11/2025
3 minutes
une femme mange chez elle. Dans son assiette une belle portion de viande avec des légumes verts
Autre
Ils promettent la minceur et la légèreté. Les produits estampillés "sans gras" ou "light" attirent l’œil. Pourtant, derrière ces emballages rassurants se cache une réalité métabolique bien moins séduisante. Loin d'être des alliés, ces aliments transformés peuvent enclencher un mécanisme pervers qui encourage le stockage des graisses. L'ironie est que la quête du "sans gras" peut paradoxalement mener au constat que ces produits light contribuent parfois à une prise de poids involontaire.

L'illusion du "sans gras" et le piège du sucre

Réglementairement, un produit "allégé" doit contenir au moins 30 % de calories ou d'un nutriment en moins que sa version standard. Pour y parvenir, l'industrie agroalimentaire a longtemps ciblé les lipides, diabolisés pendant des décennies. Le problème est que le gras joue un rôle crucial dans la saveur et la texture des aliments. Pour compenser ce retrait, les fabricants ont massivement recours à un autre ingrédient : les glucides raffinés et les sucres. Cette substitution est au cœur du problème d'une diète sans gras qui repose sur le sucre caché. L'ingestion de ces sucres à assimilation rapide provoque un pic de glycémie, forçant le pancréas à libérer une grande quantité d'insuline. Cette hormone, dont le rôle est de réguler le sucre sanguin, favorise également la lipogenèse, c'est-à-dire la conversion de l'excès de sucre en graisse corporelle.

Les édulcorants, un leurre pour le corps et le cerveau

Quand les sucres ajoutés ne sont pas l'option privilégiée, les édulcorants artificiels prennent le relais pour offrir un goût sucré sans calories. Cependant, le corps ne se laisse pas si facilement tromper. Bien que dépourvus d'énergie, l'aspartame, le sucralose ou la saccharine activent les récepteurs du goût sucré sur la langue et dans l'intestin, préparant l'organisme à recevoir du sucre. Cette dissociation entre le signal sucré et l'apport calorique attendu perturbe les mécanismes de régulation. Des études ont montré que la consommation d'édulcorants artificiels est ainsi directement liée à une augmentation de la graisse corporelle. La cohorte CARDIA, ayant suivi des adultes sur 25 ans, a révélé que les plus grands consommateurs d’édulcorants présentaient un volume de tissu adipeux viscéral et sous-cutané significativement plus élevé. L'impact de l'aspartame sur le métabolisme et la réponse à l'insuline est aussi étudié, car il pourrait perturber l'équilibre du microbiote intestinal et les signaux de satiété.

Sortir du piège pour une approche nutritionnelle saine

La solution ne réside pas dans la chasse obsessionnelle au gras, mais dans le choix d'aliments de qualité et le retour à une alimentation moins transformée. Apprendre à déchiffrer les étiquettes est une étape essentielle pour déjouer les pièges des produits allégés. Il faut y traquer les sucres cachés sous des noms comme le dextrose, le sirop de glucose-fructose ou la maltodextrine. Privilégier les aliments bruts permet de contourner le problème à la source. Plutôt qu'un yaourt 0 % aux fruits, souvent enrichi en sucres ou édulcorants, un yaourt nature entier avec quelques fruits frais offre des nutriments bien plus intéressants.

Il est également fondamental de réhabiliter les "bons gras". Les lipides insaturés présents dans les avocats, les noix, les poissons gras ou les huiles végétales de qualité sont essentiels au bon fonctionnement cardiovasculaire et hormonal. Contrairement à une idée reçue, ils participent à la satiété et aident à stabiliser la glycémie, limitant ainsi les fringales et le stockage excessif. Adopter une stratégie durable consiste donc moins à éliminer qu'à rééquilibrer, en redonnant leur juste place aux nutriments essentiels et en se désaccoutumant progressivement du goût ultra-sucré entretenu par l'industrie.