Plus d’une femme sur trois a des problèmes de santé sur le long terme après un accouchement

Une femme meurt toutes les deux minutes des complications liées à la grossesse ou à l'accouchement, d’après l’Unicef. Parmi ces complications, on peut citer, d’après l’Assurance maladie, “des maladies infectieuses, une hypertension artérielle pouvant se compliquer d'une pré-éclampsie, un diabète gestationnel ou un accouchement prématuré”.
40 millions de femmes ont des risques de développer des problèmes de santé après leur accouchement
Ce que l’on sait moins, c’est que même après un accouchement qui s’est a priori bien déroulé, une femme peut développer des problèmes de santé sur le long terme dus à cet accouchement. C’est à ces troubles que s’est intéressée une étude publiée dans la revue scientifique The Lancet Global Health, publiée le 6 décembre 2023. Selon ses auteurs, chaque année dans le monde, au moins 40 millions de femmes ont des risques de développer des problèmes de santé sur le long terme à cause de leur accouchement.
Cette étude est publiée dans le cadre d’une série d’articles scientifiques sur la santé maternelle pilotée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Elle montre que chez la mère, un grand nombre de maladies causées par la grossesse et l’accouchement persistent des mois, voire des années après la naissance de l’enfant. Ces troubles incluent :
- les dyspareunies (les douleurs pendant les rapports sexuels pénétratifs), qui affectent plus d’un tiers des femmes (35%)
- les douleurs dans le bas du dos (32%)
- l’incontinence anale (19%)
- l’incontinence urinaire (de 8 à 31% des femmes)
- l’anxiété (de 9 à 24% des femmes)
- la dépression (de 11 à 17% des femmes)
- les douleurs périnéales (11%)
- la peur extrême d’accoucher, ou tokophobie (6 à 15%)
- l’infertilité secondaire (11%)
“Beaucoup de maladies post-partum sont à l’origine d’une souffrance considérable”
Les auteurs de l’étude publiée dans The Lancet Global Health appellent à une plus grande reconnaissance de ces problèmes courants par les professionnels de santé. Ils rappellent qu’un système de soins efficace pendant toute la durée de la grossesse est primordial pour détecter les risques et pallier les complications pouvant entraîner les problèmes de santé listés plus haut chez les mères.
“Beaucoup de maladies post-partum sont à l’origine d’une souffrance considérable dans la vie quotidienne des femmes bien après l’accouchement, sur le plan émotionnel comme physique. Pourtant, celles-ci sont largement sous-estimées, sous-reconnues et sous-déclarées”, a réagi dans un communiqué de presse la docteure Pascale Allotey, directrice du département de recherche en Santé sexuelle et reproductive au sein de l’OMS.
Maladies post-partum : la science et la médecine ne s’y intéressent pas
Elle poursuit : “Tout au long de leur vie et au-delà de la question de la maternité, les femmes ont besoin de pouvoir accéder à tout une gamme de services de la part de professionnels de santé qui soient à l’écoute de leurs inquiétudes et répondent à leurs besoins. Cela afin qu’elles survivent à leur accouchement, mais aussi qu’elles puissent jouir d’une bonne santé et d’une bonne qualité de vie.”
Malgré leur prévalence, ces maladies sont depuis toujours largement négligées par la recherche clinique, tout comme par les médecins et les politiques de santé publique. Les auteurs de l’étude ont notamment découvert qu’au cours des 12 années écoulées, aucune directive générale pertinente n’a été mise en place pour traiter 40% des 32 maladies les plus fréquentes liées à l’accouchement.