Pertes vaginales : comment en avoir moins ?

le 2/03/2018
Maj le
4 minutes
nude woman covering her intimate part of body
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Les pertes vaginales sont un mécanisme très important pour garder le vagin en bonne santé. Mais certaines pathologies ou habitudes peuvent conduire à ce que votre corps en sécrète plus. Comment faire pour les réduire ? 
Explications avec le Pr Olivier Graesslin, gynécologue au CHU de Reims, professeur des universités et secrétaire général du CNGOF (Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français). 

Demandez-vous si vos pertes vaginales sont normales

Les sécrétions vaginales sont un lubrifiant naturel qui aide à nettoyer le vagin et à éviter la prolifération de germes potentiellement dangereux.

Comment savoir si elles sont normales : elles doivent être claires, voire légèrement laiteuses, liquides et certains jours filamenteuses (tout dépend du cycle menstruel), mais ne devraient pas avoir d’odeur, et ne pas figer dans le fond du slip.

Abondantes et persistantes de façon inhabituelle pendant plus d’une semaine et très odorantes, il faut réagir. Surtout si celles-ci s’accompagnent de picotements, de douleurs en urinant ou de brûlures et de démangeaisons.

Soignez-vous

Si nombre de ces pertes sont normales, d'autres types de pertes peuvent être le signe d'un vrai problème (en plus d’entraîner une plus grande sécrétion), dont vous devez vous occuper. 

Méfiez-vous :

  • si les pertes sont accompagnées d’une odeur de poisson, il peut s’agir d’une vaginose bactérienne. "C’est le signe d’un important déséquilibre de la flore vaginale", explique le Pr Graesslin. 
  • si les pertes sont jaunes ou vertes avec de petits morceaux solides ou accompagnées d’une mauvaise odeur, cela peut être le signe d’une trichomonase*.
  • si les pertes sont jaunes opaques associées à des douleurs au niveau du pelvis, cela peut montrer une gonorrhée**.
  • si les pertes sont blanches, épaisses comme du yaourt, non odorantes mais avec des démangeaisons, elles sont dues à un champignon, le Candida albicans, responsable de la plupart des mycoses. Elles font souvent suite à la prise d’antibiotiques, qui ont éliminé les bonnes bactéries et laissé place aux germes.

En plus : "si elles s’accompagnent de saignements anormaux en dehors des règles (métrorragies) et de fièvre, cela peut indiquer une infection pelvienne." Le mieux est de consulter son médecin traitant ou gynécologue qui fera des examens et prescrira un traitement.

* La trichomonase est une infection sexuellement transmissible causée par un parasite.

** Il s’agit d’une infection transmissible sexuellement, attribuable à une bactérie.

Oubliez les douches intimes

La douche vaginale est une pratique aujourd’hui de moins en moins répandue, mais qui persiste encore chez certaines femmes et occasionne de réelles difficultés gynécologiques.

Pourquoi : les parois du vagin sont recouvertes d'un liquide composé principalement de lactobacilles, appelée aussi bacilles de Döderlein, qui jouent un rôle de protection, mais aussi d'auto-nettoyage. Comme pour l'intestin avec sa flore intestinale, nous parlons de flore vaginale*.

Cette protection est cependant fragile : certains facteurs comme une hygiène intime excessive et "décapante" peuvent la déséquilibrer. "Cela influence la fréquence des sécrétions vaginales car cela altère le biofilm normalement présent sur les parois vaginales", explique le Pr Graesslin.

Et aussi : de nombreux produits utilisés pour la douche intime contiennent des parfums ou du savon agressifs pour la muqueuse vaginale. Le pH naturel du vagin étant perturbé, cela peut augmenter les sécrétions pour rétablir un équilibre.

Le mieux : utilisez des savons à pH neutre et uniquement au niveau vulvaire et périnéal.

* Ces millions de bactéries (jusqu'à 10 millions par ml) permettent de conserver un milieu acide stable à l'intérieur du vagin, empêchant le développement de germes pathogènes (mycoses, cystites…).

Utilisez correctement vos tampons

C’est à dire : lors de vos règles, avec un écoulement normal, vous devez changer vos tampons toutes les 4 à 6h. Mais cela peut être plus souvent si le flux est plus important. Attention à ne pas "l’oublier" en revanche et à éviter d’en mettre un en prévision ou à la fin de vos règles.

Pourquoi : "Le port trop prolongé du tampon risque d’augmenter la prolifération bactérienne, le risque infectieux et les sécrétions vaginales", explique le Pr Graesslin.

Choisissez vos sous-vêtements

C’est à dire : certains tissus et matières peuvent augmenter le problème. Préférez des sous-vêtements en coton qui permettent de bien aérer le vagin. Oubliez les jeans et pantalons serrés qui pourraient aussi provoquer une plus grande sécrétion de pertes vaginales et la survenue de mycoses. Pensez aussi à dormir sans sous-vêtements si cela est possible.

Sans oublier que "le coton réduit les risques d’irritations et d’allergies. Sa fibre permet la respiration cutanée et limite ainsi les phénomènes de macération", explique le Pr Graesslin.

Sources

Remerciements au Pr Olivier Graesslin, gynécologue au CHU de Reims, professeur des universités et secrétaire général du CNGOF (Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français). 

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