Objet coincé : l'erreur critique à ne jamais commettre
Confronté à cette situation, le premier obstacle est souvent psychologique. La gêne ou la honte peut paralyser et retarder l'appel aux secours, un délai qui aggrave les risques. Il est fondamental de comprendre que les professionnels de santé sont tenus au secret médical et que leur unique priorité est la sécurité du patient, sans aucun jugement de valeur. La situation, bien que délicate, est plus fréquente que l'on ne l'imagine et est traitée avec le plus grand professionnalisme par les équipes médicales.
Quels réflexes adopter et quels gestes éviter ?
Face à un objet bloqué, la première règle est l'inaction. Il est formellement interdit de tenter une extraction soi-même ou avec l'aide d'un proche. L'utilisation de pinces, d'outils ou même des doigts peut repousser l'objet plus profondément, mais surtout provoquer des lésions internes graves, voire une perforation de la paroi rectale ou vaginale. De même, l'usage de laxatifs ou de purgatifs est à proscrire, car cela risque de compliquer la situation en favorisant l'impaction de l'objet plus haut dans le côlon. La question de savoir que faire face à un objet coincé dans le vagin ou une autre cavité trouve sa première réponse dans la prudence : ne rien tenter et évaluer la situation.
Le protocole d'urgence pour un objet coincé dans le rectum ou ailleurs commande avant tout de rester calme et de ne pas se déplacer inutilement. Si l'objet est coupant, comme du verre, ou s'il provoque un saignement important tout en étant partiellement visible, il ne faut surtout pas essayer de le retirer. La conduite à tenir est d'appliquer une pression autour de la plaie pour limiter l'hémorragie, sans jamais mobiliser le corps étranger. Connaître la nature de l'objet est une information cruciale à transmettre aux secours.
Quand faut-il impérativement appeler les secours ?
Dès la constatation de l'incident, le réflexe doit être de composer le 15 (SAMU) ou le 18 (Sapeurs-Pompiers). Ces services d'urgence sont les plus à même d'évaluer la gravité de la situation par téléphone, de donner les premiers conseils et d'orienter vers la structure adaptée ou d'envoyer une équipe sur place. Plutôt que de chercher le numéro d'urgence d'un proctologue de garde, l'appel au SAMU centralise la demande et garantit la meilleure orientation. La prise en charge de ce type d'urgence nécessite une structure hospitalière dotée de services d'imagerie et d'un bloc opératoire, ce qu'un cabinet médical ne peut offrir.
Certains signaux d'alarme indiquent un danger immédiat et rendent le recours aux urgences non négociable. Une douleur abdominale intense, des vomissements ou de la fièvre sont des signaux d'alerte majeurs. Ces symptômes d'une perforation digestive constituent une urgence vitale. Un saignement abondant, qu'il soit rectal ou vaginal, impose également une prise en charge immédiate. Enfin, la nature de l'objet (s'il est coupant, fragile ou toxique), sa localisation haute (non palpable) ou un délai d'insertion supérieur à 24 heures sont des critères de gravité qui justifient un passage aux urgences sans délai.
Comment se déroule la prise en charge à l'hôpital ?
Une fois aux urgences, la prise en charge débute par un interrogatoire précis pour comprendre les circonstances, la nature de l'objet et les symptômes ressentis. Il est crucial d'être le plus honnête possible ; il est rapporté que jusqu'à 10 % des patients n'admettent pas d'emblée l'insertion, ce qui peut retarder un diagnostic vital. Un examen clinique, incluant un toucher rectal ou vaginal, permet de localiser l'objet s'il est bas. Des examens d'imagerie, comme une radiographie de l'abdomen, sont systématiquement réalisés pour visualiser l'objet, sa position exacte et rechercher des signes de complication, tel que de l'air dans l'abdomen signant une perforation.
Les méthodes d'extraction varient selon la situation. Si l'objet est bas, accessible et sans complication, une extraction manuelle ou à l'aide d'instruments spécifiques peut être tentée aux urgences, souvent sous sédation. Cependant, pour les objets situés plus haut, volumineux ou en cas de complication, l'intervention se déroule au bloc opératoire sous anesthésie générale. Dans les cas les plus extrêmes, notamment en cas de perforation, une chirurgie abdominale (laparoscopie ou laparotomie) est nécessaire. Un soutien psychologique est également souvent proposé pour accompagner le traumatisme lié à cet événement.