Régime cétogène et diabète : comment distinguer la cétose nutritionnelle de l'acidocétose (urgence vitale)

Cétose et acidocétose : deux mécanismes aux conséquences opposées

La cétose nutritionnelle est un état métabolique volontairement atteint par une restriction drastique des glucides, souvent sous la barre des 50 grammes par jour. Le corps, privé de sa source d'énergie principale, le glucose, se tourne vers les graisses. Ce processus, la lipolyse, génère des molécules appelées corps cétoniques. Dans ce cadre, leur concentration sanguine (cétonémie) reste modérée, généralement au-delà de 0,5 mmol/L, et parfaitement contrôlée par l'organisme. L'acidocétose diabétique, à l'inverse, est une complication aiguë et potentiellement mortelle du diabète. Elle se caractérise par une accumulation massive et incontrôlée de corps cétoniques, associée à une forte hyperglycémie (souvent supérieure à 2,5 g/L). La principale différence de cétonémie dans l'acidocétose est son niveau dangereusement élevé, qui dépasse fréquemment 3 à 5 mmol/L et rend le sang acide.

Le rôle de l'insuline, régulateur clé du métabolisme

La distinction fondamentale entre la cétose nutritionnelle et l'acidocétose diabétique repose sur la présence et l'efficacité de l'insuline. Même en régime cétogène, la faible quantité d'insuline encore produite par le pancréas (ou administrée par injection) agit comme un frein puissant, empêchant la production de corps cétoniques de s'emballer. Elle régule la lipolyse et assure que les cétones sont produites à un rythme que le corps peut utiliser comme carburant sans danger. L'acidocétose survient précisément lorsque ce frein lâche. Un déficit majeur en insuline, typique du diabète de type 1 non contrôlé, laisse le champ libre aux hormones comme le glucagon. Celles-ci déclenchent une production explosive et anarchique de cétones, submergeant les capacités de l'organisme et provoquant une acidification sanguine périlleuse.

Les bénéfices du Kéto pour les diabétiques : une approche sous conditions

Pour les personnes atteintes de diabète de type 2, certaines méta-analyses suggèrent des bénéfices à court terme sur la perte de poids et l'amélioration de la glycémie. L'American Diabetes Association (ADA) a même intégré cette approche dans ses recommandations, mais uniquement sur une période courte et sous surveillance stricte. Les risques ne sont pas négligeables, notamment celui d'hypoglycémie chez les patients sous traitement, ou d'augmentation du cholestérol LDL si l'alimentation est trop riche en graisses saturées. En revanche, analyser le régime cétogène et son risque pour le diabète de type 1 mène à une conclusion beaucoup plus prudente. Il est généralement considéré comme une contre-indication en raison du risque accru d'acidocétose. Un cas particulier de vigilance concerne le risque d'acidocétose euglycémique avec SGLT2, une classe de médicaments pour le diabète qui peut causer une acidocétose même avec une glycémie normale.

Une supervision médicale comme seule garantie de sécurité

Aucune personne diabétique ne devrait entreprendre une diète aussi restrictive sans un accompagnement professionnel. La supervision médicale pour un régime Kéto chez un patient diabétique n'est pas une option, mais une obligation. Un endocrinologue-diabétologue et un nutritionniste sont les seuls à même d'évaluer la pertinence d'une telle démarche, d'ajuster les doses de médicaments ou d'insuline pour éviter les accidents, et de programmer un suivi régulier des bilans sanguins. Il est aussi vital de connaître les symptômes d'alerte de l'acidocétose : une soif intense, des urines fréquentes, des nausées, une fatigue extrême ou une haleine à l'odeur fruitée, rappelant la pomme verte, qui est due à l'élimination de l'acétone par les poumons. Ces signes imposent une consultation en urgence. Cet encadrement rigoureux rappelle que le régime cétogène, avant d'être une mode alimentaire, fut développé il y a un siècle comme un outil thérapeutique pour traiter l'épilepsie infantile, soulignant sa nature profondément médicale.