PFAS : il y en a aussi dans les culottes menstruelles

Produits ménagers, cosmétiques, pesticides, lentilles de contact… Les substances per- et polyfluoroalkylées, plus connues sous le nom de PFAS, sont omniprésentes dans notre quotidien. “Ces substances aux propriétés chimiques spécifiques sont utilisées dans de nombreux domaines industriels et produits de la vie courante”, explique le ministère de la Transition énergétique.
Des polluants éternels dans certaines culottes menstruelles
Les PFAS sont une grande famille constituée de plus de 4000 composés chimiques aux propriétés très diverses (antiadhésives, imperméabilisantes, résistantes aux fortes chaleurs…). Ces substances se dégradent très lentement à cause de leur teneur en liaisons carbone-fluor (parmi les liaisons chimiques les plus stables). Ainsi, elles sont parfois appelées produits chimiques éternels. Parmi les PFAS les plus connus, on retrouve :
- le PFOA (acide perfluorooctanoïque)
- le PFOS (sulfonate de perfluorooctane)
D’après une enquête réalisée par des chercheurs de l’Université de Notre-Dame-du-Lac (Indiana, États-Unis) et présentée le 13 août 2023 lors d’une réunion organisée par l’American Chemical Society (une société savante américaine spécialisée dans la recherche scientifique en chimie), ces PFAS seraient présentes dans certains produits menstruels réutilisables.
Parmi ces produits, on trouve les culottes menstruelles, qui ont énormément gagné en popularité au cours des 10 dernières années. Modibodi, Thinx, Fempo, Blinx, Repeat… On ne compte plus le nombre de marques qui se sont lancées dans ce commerce lucratif. La promesse de ces produits menstruels : des économies (elles sont réutilisables pendant des années) et une attitude éco-responsable.
Culottes menstruelles : les PFAS sont dans la doublure
L’enquête de l’Université de Notre-Dame-du-Lac a donc de quoi inquiéter, puisqu’on se pensait débarrassées des PFAS grâce à cette option durable, supposée plus saine. Les scientifiques ont trouvé des produits chimiques éternels dans “une bonne partie” des sous-vêtements menstruels, au niveau de la doublure, a indiqué dans un communiqué de presse l’auteur principal de l’étude, le professeur de physique Graham Peaslee. Les chercheurs n’ont cependant pas nommé de marque précise, car l’enquête est toujours en cours.
Pourquoi cela est-il inquiétant ? “Concernant les effets sur la santé, la toxicité de ces composés chimiques est multiple : ils provoquent une augmentation du taux de cholestérol, peuvent entraîner des cancers, causer des effets sur la fertilité et le développement du fœtus. Ils sont également suspectés d’interférer avec le système endocrinien (thyroïde) et immunitaire. Cet effet des PFAS sur le système immunitaire a récemment été mis en exergue par l’EFSA, qui considère que la diminution de la réponse du système immunitaire à la vaccination constitue l'effet le plus critique pour la santé humaine”, affirme l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES).
“La bonne nouvelle, c’est que certaines culottes ne contiennent pas de PFAS”
Enfin, les PFAS peuvent polluer sur le long terme. Une étude publiée le 6 mars 2023 dans la revue Environmental Science & Technology Letters, qui s’est penchée sur la présence de ces polluants éternels dans les emballages plastiques, précise : "Non seulement les produits chimiques migrent dans les substances qui y sont stockées, mais les contenant eux-mêmes retournent dans l'environnement via les décharges. Les PFAS ne se désintègrent pas. Une fois que ces produits chimiques sont utilisés, ils pénètrent dans les eaux souterraines et dans nos systèmes biologiques. Ainsi, ils entraînent des problèmes de santé importants."
Le professeur de physique Graham Peaslee se veut cependant rassurant : “La bonne nouvelle, c’est que certains produits ne contiennent pas de PFAS. En réalité, la majorité des produits testés ne contiennent pas de PFAS ajoutées intentionnellement. Néanmoins, nous avons besoin d’une meilleure information sur les composants pour rassurer les consommatrices.”