Rapports sexuels douloureux : qu’est-ce que la dyspareunie ?

Publié par Clara De Frutos
le 30/06/2023
Maj le
5 minutes
dyspareunia word or concept represented by wooden letter tiles on a wooden table with glasses and a book
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Vous souffrez de douleurs lors de vos rapports sexuels ? Il se peut que vous souffriez de dyspareunie. Sources de frustration, de remise en question, de difficultés au sein d’un couple, voire de dépression, E-santé vous explique plus en détails à quoi correspond cette affection.

Les dyspareunies désignent les douleurs ressenties pendant et après les rapports sexuels. Elles peuvent se manifester par des douleurs superficielles ressenties au niveau de la vulve, du vagin ou du pénis.

Ces affections, qui touchent environ 20 % des femmes et 2 % des hommes selon le diffuseur public australien ABC, sont généralement causées par des affections cutanées ou des infections. "Les dyspareunies témoignent de lésions situées près du vagin et au niveau de la cloison recto-vaginale, mais elles peuvent être également le résultat de l’inflammation qui accompagne une endométriose superficielle localisée en regard du fond vaginal, ou celui d’une adénomyose sévère", explique l’Association française de lutte contre l'endométriose EndoFrance.

Dyspareunie : quels sont les symptômes à repérer ?

L’affection peut se manifester de différentes manières. Les femmes qui en sont victimes peuvent avoir des sensations de brûlure, de coupures, de démangeaisons ou encore de contractions spasmodiques.

Par ailleurs, le Dr Jean-Philippe Estrade indiquait dans le livre Les idées reçues contre l’endométriose, paru en janvier 2018, qu’il n’existait pas une dyspareunie en particulier. "Les dyspareunies peuvent être variables, allant d’une simple gêne à une impossibilité d’avoir des relations sexuelles", révèle-t-il. "Elles peuvent débuter dès les premiers rapports ou apparaître bien plus tard dans la vie de la femme. En cas de dégradation majeure de la qualité de vie, ce handicap peut-être à l’origine d’une infertilité."

D'autres symptômes tels que des signes digestifs, urinaires ou des douleurs pelviennes doivent alerter. Autant de souffrances qui peuvent considérablement affecter la vie des femmes qui en sont victimes. "Elles ont un énorme impact sur l'estime de soi", déplore la Dre Anita Elias, à la tête de la Monash Health's Sexual Medicine and Therapy Clinic. "J'ai vu beaucoup de personnes dont les relations se sont brisées à cause de ça. Il y des lacunes, non seulement sur la connaissance du sujet, mais aussi sur la volonté des professionnels de santé et des patients de parler des problèmes sexuels."

Quelles sont les causes de ces douleurs ?

Plusieurs causes pourraient expliquer l'apparition des dyspareunies. C'est notamment le cas :

  • Des infections génitales : "L’une des causes les plus fréquentes dans les douleurs lors des rapports sexuels sont les infections génitales", soulignait auprès de Medisite le Docteur Roger Dupuy, gynécologue et sexologue. En effet, l’affection peut résulter d’infections vulvovaginales et urinaires, mais également d’infections sexuellement transmissibles (IST). La mycose est l’une des causes les plus fréquentes de douleurs lors de la pénétration. Il s’agit d’une pathologie bénigne ;
  • De l’endométriose : Selon l’Association EndoFrance, la dyspareunie constitue un des symptômes permettant le diagnostic de l’endométriose ;
  • Des hormones : Lors de la ménopause, de la périménopause ou en post-partum (après l’accouchement), les femmes font face à une baisse du taux d’œstrogènes. Cela implique une baisse de la libido, mais également un retentissement au niveau des muqueuses génitales avec lubrification difficile pouvant rendre les rapports sexuels douloureux ;
  • D’autres causes anatomiques : Des douleurs peuvent survenir également après un accouchement difficile, à la suite de déchirures chirurgicales ou bien à cause de malformations génitales. "Il peut y avoir plus rarement des petites malformations de l’appareil génital, des hymens un peu serrés voire perforés qui entraînent l’impossibilité de pénétration", explique le docteur Roger Dupuy ;
  • De la vulvodynie : La dyspareunie est fréquente chez les femmes souffrant de vulvodynie. Cette douleur vulvaire, persistante, résulte d’un dysfonctionnement du système de modulation de la douleur. Une douleur s’installe alors qu’aucune lésion des tissus n’est détectée.

Pour pouvoir soulager et traiter ces douleurs, il est tout d’abord conseillé d’en parler à un professionnel de santé. "La première étape est d'en parler avec un médecin qui sera en mesure d'identifier les causes de la dyspareunie", explique la Dre Anita Elias auprès de ABC. "C'est comme tout autre problème. Si vous avez mal au dos, il n'y a aucun souci à aller voir le docteur et de dire 'J'ai mal au dos'. C'est pareil pour la dyspareunie. Les symptômes ne sont pas forcément rares, il est donc important de ne pas les ignorer."

Rapports sexuels douloureux : existe-t-il des traitements ?

Si les dyspareunies sont causées par des mycoses, les traitements ne seront pas compliqués. "C’est ce qu’il y a de plus simples à traiter", expliquait le docteur Roger Dupuy auprès de Medisite. Pour soigner une mycose, le médecin prescrira des ovules et l’application de crème anti-mycosique. Pour certaines infections, des antibiotiques peuvent être prescrits. Pour faciliter la cicatrisation et la régénération de la muqueuse, des traitements hormonaux locaux sont recommandés. En cas de lubrification difficile, on peut utiliser des lubrifiants à base d’eau.

En cas de vaginisme ou de stress, les choses se compliquent. "L’important est de pouvoir se relaxer. On peut donc proposer des séances d’hypnothérapie, d’EMDR (relaxation à partir de mouvements oculaires), des séances de relaxation (sophrologie…) ou encore de la kinésithérapie qui permet de relâcher le périnée et d’éviter les contractions automatiques", indiquait le sexologue. "Généralement, l’hypnothérapie présente de très bons résultats dans les cas de vaginisme."

Des techniques comportementales permettent aussi à la femme de reprendre le contrôle de la situation et donc de se sentir plus à l’aise avec la pénétration. Toutefois, si la cause est plus profonde et fait ressortir des traumatismes plus anciens, il est important d’aller consulter un sexologue.

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