Mes parties intimes sont-elles normales ?

Publié par Sophie Raffin
le 16/10/2020
Maj le
6 minutes
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Istock
Trop grosses, trop flasques, trop vieilles... 4 femmes sur 10 reconnaissent être complexées par leurs parties génitales. Mais, cette gêne est-elle vraiment justifiée ? Des maladies peuvent-elles se cacher derrière les imperfections relevées ? On fait le point avec le docteur Odile Bagot, gynécologue et auteure de “Vagin et Cie, on vous dit tout !”.

Ce n’est pas la partie de notre anatomie que nous dévoilons le plus au regard des autres... et pourtant de nombreuses femmes portent un regard très critique sur leur vulve. Elles lui reprochent le plus souvent d’être trop grosse ou ramollie par les années. Parfois ces complexes deviennent si présents, que se découvrir devant son partenaire sexuel est compliqué.

Il existe autant de vulves que de femmes

Avant de la juger, il est important de connaître la vulve. Il s'agit de la partie externe de l’appareil génital féminin. Elle est constituée des petites et grandes lèvres, du vestibule, du clitoris et de l’hymen. Le plus souvent, les grandes lèvres, le relief externe et visible de la vulve, recouvrent complètement les petites lèvres. "Certaines femmes ont les petites lèvres qui dépassent, surtout si lorsqu’elles sont debout. Si cela en complexe certaines, ce n’est pas forcément inquiétant. Les lèvres sont de taille et de forme variables. Il y a autant de vulve que de femme", rassure la gynécologue Odile Bagot.

Et pourtant, de nombreuses femmes trouvent leurs parties intimes pas “normales” : près de 4 femmes sur 10 (36%) reconnaissent être complexées par leur vulve, selon un sondage réalisé par Essity Intimate Survey pour la marque Nana en 2019. Et ce sentiment peut commencer très tôt. Des chercheuses australiennes, les Dr Gemma Sharp et Kate Dawson, ont découvert que les préoccupations sur l’apparence des parties génitales apparaissent dès l'adolescence, autour de 13 ans. Il est vrai que c’est à la puberté que les petites lèvres deviennent plus proéminentes tandis qu’elles sont plus cachées pendant l'enfance.

Ces complexes peuvent en partie expliquer la hausse de la demande de labioplastie ou nymphoplastie (chirurgie correctrice des petites lèvres) observée à travers le monde, et cela même chez de très jeunes filles. La Société américaine de la chirurgie esthétique et plastique, avait révélé en 2016 que 400 jeunes femmes de 18 ans et moins avait eu recouru à une labioplastie en 2015, contre 222 en 2014. Cela représentait une augmentation de 80 %.

Pourquoi ces complexes ?

Plus de 6 femmes sur 10 ne savent pas définir et décrire correctement ce qu’est une vulve, selon le sondage réalisé pour la marque de protections intimes. Cette méconnaissance de l'anatomie est en partie nourrie par le manque représentation correcte de l’intimité féminine dans les médias, et plus particulièrement dans la pornographie. “De nombreuses femmes sans problèmes anatomiques, veulent des “lèvres de petites filles où rien ne dépasse” influencée par les standards esthético-pornographique”, explique la spécialiste. 

D’ailleurs, la moitié des 1033 participantes interrogées ont également estimé que les complexes concernant les parties intimes sont “dus aux diktats des “vulves parfaites” montrées à la télévision/en pornographie”. 

Toutefois, la gynécologue met en garde : "il faut avoir conscience qu’une chirurgie des lèvres n’est pas une opération bénigne. Il ne s’agit pas uniquement de couper ce qu’il y a en trop. C'est beaucoup plus complexe. Et, comme toutes les interventions, le risque opératoire et anesthésique n’est pas nul".

Néanmoins, si de nombreux complexes ne sont pas justifiés d’un point de vue anatomique, certains troubles de la vulve peuvent être problématiques et nécessitent une prise en charge. Notre experte nous détaille dans les pages suivantes, les signes qui doivent vous mener à consulter.

Les malformations : hypertrophie des petites lèvres

Les malformations : hypertrophie des petites lèvres

On parle d’hypertrophie des petites lèvres lorsque leur taille est disproportionnée comparées aux grandes lèvres. "Toutefois, elles sont ici d’une taille vraiment importante. Les femmes qui souffrent de cette malformation, sont gênées pendant la pénétration. Les petites lèvres peuvent par exemple rentrer dans le vagin. La pratique de certains sports comme le vélo ou l’équitation est également douloureuse", explique la gynécologue. Autre indice pour savoir si vous souffrez de cette pathologie : un ou les deux lèvres sont si longues qu’elles débordent des grandes lèvres.

"Comme la plupart des femmes ont une forme et une taille différente de leurs petites lèvres, le gynécologue se base aussi en grande partie sur son expérience pour le diagnostic", ajoute notre experte. 

Si l’hypertrophie des petites lèvres est avérée, elle se corrige avec une labioplastie. Cette opération qui permet de réduire la taille des petites lèvres, peut se faire en ambulatoire ou en hospitalisation de jour.

L’asymétrie des lèvres

Contrairement aux images véhiculées par la télé, les vulves ne sont pas parfaitement symétriques. Il n’est pas rare qu’une des lèvres soit plus grande de quelques millimètres. “Toutefois, une asymétrie importante des lèvres peut aussi être un autre motif de consultation et d’intervention”, prévient la gynécologue.

Vulves : les kystes et boules qui doivent alerter

Vulves : les kystes et boules qui doivent alerter

Si la morphologie de votre vulve s’est modifiée au cours des derniers mois, il peut s'agir de kyste. Plusieurs sortes peuvent en effet s’y former.

Le kyste de la glande de Bartholin 

Les glandes de Bartholin qui aident à la lubrification pendant les rapports sexuels, sont situées de chaque côté de l’ouverture du vagin. Leurs canaux peuvent se boucher. Le mucus s’y accumule alors, et provoque la formation d’un kyste. Il est le plus souvent asymptomatique. Toutefois, il peut s’infecter et former un abcès douloureux. Lorsque le kyste devient très volumineux (parfois plus gros qu’une balle de golf), les mouvements comme la marche et les rapports intimes peuvent devenir très douloureux.

Lorsque la glande de Batholin s’infecte, on parle de bartholinite. Au stade précoce, un traitement antibiotique peut encore être efficace, au-delà , au stade de l’abcès, le traitement est chirurgical : on incise l’abcès, on le vide et on pratique une petite ouverture (= marsupialisation) pour éviter que la glande se rebouche.

Le kyste sébacé

"Il y a aussi des glandes sébacées sur la surface interne des grandes lèvres. Parfois, elles se bouchent et les sécrétions s'accumulent alors sous la surface de la peau. Cela forme une petite boule blanche, indolore, plutôt ferme", explique le Dr Odile Bagot.

Il n’y a pas matière à s’inquiéter. Toutefois, si cela persiste, vous devez consulter. 

Une boule bleue : signe d’endométriose

Dans de rares cas, l’endométriose touche la vulve. Le tissu endométrial se développe sur cette partie du corps et forme un kyste douloureux pendant les menstruations. “Cela forme une boule bleutée au moment de vos règles”. Une petite boule bleue, souple, persistante, mais qui disparait sous la pression du doigt peut correspondre à un petit nodule veineux sans gravité.

Attention au lichen scléreux

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Attention au lichen scléreux

Le lichen scléreux vulvaire est une maladie dermatologique qui se caractérise par des modifications de la peau et de la muqueuse de la vulve. "La peau devient plus fragile et plus pâle, jusqu’à devenir presque blanche. Elle devient aussi progressivement t moins souple presque cartonné. Ce qui provoque des fissures douloureuses", explique le Dr Odile Bagot. Outre les modifications de la vulve, les symptômes de la maladie sont des démangeaisons importantes (principalement nocturnes) ou encore une irritation.

Cette inflammation du tissu, d'origine auto-immune, touche principalement les femmes de plus de 50 ans, toutefois des fillettes peuvent aussi être atteintes. "Il faut être particulièrement vigilant, car le cancer de la vulve, bien que très rare,  peut se développer sur un lichen scléreux".

Cette pathologie ne se guérit pas. Un traitement à base de cortisone est prescrit pour ralentir l’évolution et soulager les symptômes.

Les varices vulvaires : des maux de grossesse

Les varices vulvaires sont des dilatations veineuses des veines de la vulve. Elles se forment surtout lors d’une grossesse, et plus particulièrement lors du deuxième trimestre. Le risque augmente avec le nombre de grossesses.

Cette pathologie provoque une sensation de vulve gonflée, des démangeaisons ainsi qu’une gêne durant les rapports sexuels ou même la marche.

Sources

Merci au Dr Odile Bagot, Gynécologue et auteure de Vagin et Cie, on vous dit tout ! et Ménopause pas de panique ! aux éditions Mango.

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