Infarctus : les symptômes que les femmes ne doivent pas prendre à la légère

Publié par La Rédaction E-Santé
le 23/08/2018
Maj le par Sophie Raffin
5 minutes
喉の痛み・女性・病気
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Les symptômes d’un infarctus sont souvent moins visibles chez une femme que chez un homme. Ils sont même parfois absents. Il est donc essentiel de savoir prêter attention à certains facteurs de risques tels que des problèmes cardiaques ou la présence de trop de cholestérol dans le sang.

Pendant des années, les recherches sur la crise cardiaque se penchaient principalement sur la gent masculine, identifiée comme population à risque. Mais les femmes ne sont pas immunisées contre les infarctus, surtout si elles sont ménopausées. En effet, si elles sont 4 fois moins susceptibles de souffrir d’un syndrome coronaire aigu lorsqu’elles sont réglées, après la ménopause, leurs risques sont équivalents à ceux des hommes.

Crise cardiaque : le nombre de cas augmente chez les femmes

En effet, les femmes ne sont pas épargnées par les maladies cardiovasculaires. Elles sont même la principale cause de mortalité des Françaises. Elles tuent 8 fois plus que le cancer du sein. Parmi tous ces troubles, l’infarctus du myocarde est la première cause des décès féminins (18%).

Dans l’inconscient collectif, la gent féminine semble protéger des maladies cardiaques et des infarctus, car ces pathologies apparaissent en moyenne 10 ans plus tard par rapport aux hommes. Elles sont en effet protégées pendant plusieurs années grâce à leurs hormones naturelles : les œstrogènes. Toutefois, on observe un changement de donne inquiétant. Si depuis 10 ans, le nombre d’infarctus du myocarde a chuté parmi la population masculine, il a - en parallèle - augmenté chez les femmes, et plus particulièrement les jeunes.

Selon la Fédération Française de Cardiologie, plus de 11% des femmes victimes d’un infarctus ont moins de 50 ans. Elles n'étaient que 4% en 1995.

Cette évolution s’explique en grande partie par l’évolution des modes de vie. L’association de cardiologie explique : "les femmes ont progressivement adopté les mêmes comportements à risque que les hommes. En particulier, depuis les années 70, les jeunes filles fument plus tôt et plus fréquemment. C’est d’autant plus préoccupant que le risque associé au tabac est plus important chez la femme que chez l’homme et ne dépend pas de l’âge". 

D’autres facteurs de risque des infarctus sont devenus aussi plus souvent observés parmi la population féminine : consommation d’alcool, manque d’exercice physique, alimentation déséquilibrée, surpoids, stress… Ils affaiblissent l’effet protecteur des œstrogènes naturelles.

Infarctus : la douleur thoracique, signe courant chez les deux sexes

Pendant une crise cardiaque, aussi appelé infarctus du myocarde, une partie plus ou moins étendu du muscle cardiaque est détruite à la suite d’une obstruction d’une artère. L’arrêt du flux sanguin prive les tissus du cœur d’oxygène qui se nécrosent alors. Le symptôme le plus courant aussi bien chez les hommes que les femmes est la douleur thoracique. Les patients disent souvent avoir l’impression d’avoir la poitrine serrée en étau. Cette souffrance peut aussi irradier dans la mâchoire, le dos et/ou le bras gauche. Si elle persiste, il faut contacter le service des urgences.

Toutefois, ce n’est pas le seul signe d’alerte, d’autres éléments doivent mener à s’inquiéter. Et plus particulièrement les femmes qui présentent des signes atypiques.

Infarctus au féminin : méfiez-vous de ces 3 symptômes atypiques

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Infarctus au féminin : méfiez-vous de ces 3 symptômes atypiques

Lors de sa campagne réalisée en 2016, la Fédération Française de Cardiologie tirait la sonnette d’alarme : près de la moitié des femmes de moins de 60 ans, victimes d’un infarctus du myocarde, n’ont pas ressenti de symptômes classiques

En effet, la douleur thoracique est généralement moins fréquente. Et si les patientes ont parfois perçu ce signe avant-coureur, elles ont tendance à le lier au stress ou à la fatigue, et non à une possible crise cardiaque. Cette méconnaissance retarde souvent la détection de l’urgence médicale ainsi que sa prise en charge.

Les professionnels de santé ont par ailleurs repérer 3 signes atypiques prépondérants chez les femmes qui souffrent d’un infarctus du myocarde. Les patientes rapportent ressentir :

  • une sensation d’épuisement ou une grande fatigue persistante
  • un essoufflement à l’effort parfois même au repos : “ces difficultés à respirer d'apparition brutale, associées à une forte fatigue persistante, peuvent évoquer de l’angoisse et orienter le diagnostic à tort vers une anxiété ou une dépression…” met en garde la fédération de cardiologie ;
  • des nausées qui ne sont pas soulagées par des traitements.

Pour assurer le bon rétablissement de la victime d’une crise cardiaque, il est nécessaire d’intervenir dans les trois heures. Or une étude publiée dans la revue Canadian Medical Association Journal en 2014, révélait que les délais de prise en charge étaient plus longs pour les femmes. Par exemple, le laps de temps entre la plainte et le diagnostic via un électrocardiogramme (ECG) - qui devrait être de moins de dix minutes aux urgences - n’est tenu que pour 29% d’entre elles contre 38% chez les hommes. Ainsi ces messieurs passaient en moyenne l’ECG en 15 minutes et les patientes en 21 minutes. Il est donc primordial d’agir vite, et ne pas repousser l’appel des secours.

Problèmes cardiaques : prudence aussi en cas de douleurs d’estomac

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Problèmes cardiaques : prudence aussi en cas de douleurs d’estomac

Les douleurs digestives, les sensations de brûlures d’estomacs, les hoquets et les renvois, de même que des vomissements accompagnées de sueurs peuvent être dus à un problème cardiaque. Ces signes - souvent méconnus - surviennent si l’infarctus touche la partie inférieure du cœur, celle la plus proche de l’estomac.

L’apparition de ces symptômes doit amener à consulter, a fortiori en cas de facteurs de risques cardiovasculaires associés. Ces éléments ne doivent pas être négligés, car il est fréquent que l’infarctus proprement dit soit asymptomatique, surtout chez la femme diabétique

La gent féminine atteinte de cette pathologie voit son risque de mortalité cardio-vasculaire augmenter de 3 à 7 fois, contre 2 à 3 fois chez l’homme. L’hyperglycémie chronique réduit l’effet protecteur des œstrogènes naturels.

Un rétablissement plus difficile

Les différences entre les hommes et les femmes cardiaques ne s’arrêtent pas uniquement aux symptômes et la prise en charge de l’urgence. Le traitement des suites d’un infarctus montre aussi des inégalités. Les patientes sont moins nombreuses à suivre une réadaptation cardiaque. Pour deux raisons selon des données françaises de 2014 :

  • les médecins ont moins tendance à leur proposer ;
  • elles l’acceptent moins souvent.

Les raisons évoquées lors du refus sont la gestion de la famille et le travail. Ce parcours de soin (séances de kinésithérapie respiratoire, renforcement musculaire, réhabilitation nutritionnelle…) nécessite, en effet, d’y consacrer généralement trois demi-journées par semaine ou 3 semaines d’hospitalisation pour les cas les plus graves.

Or ces soins permettent limiter les séquelles de l’infarctus ainsi que les risques de complications ou de récidives.

Sources

Cœur de femmes : aujourd'hui les femmes sont moins protégées que les hommes, Fédération Française de Cardiologie, 2020.

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