Ne prenez pas d’aspirine sans bonne raison

L'aspirine, un médicament pour quels maux ?
L’aspirine est un médicament exceptionnel qui dispose à lui tout seul de 4 propriétés essentielles. Il est à la fois :
- antalgique ou anti-douleur,
- anti-inflammatoire,
- antipyrétique ou anti-fièvre,
- et anti agrégant plaquettaire ou anticoagulant.
Au contraire des trois autres propriétés, la fluidification du sang s’observe pour de faibles doses, permettant de prendre de l’aspirine au long cours. C’est une propriété très utile en prévention de la rechute des infarctus du myocarde, ceux-ci étant généralement dus à l’obstruction d’une ou de plusieurs artères du cœur (ou artères coronaires) par un caillot de sang. En empêchant les caillots de se former, l’aspirine contribue donc à la prévention de la rechute de l’infarctus.
C’est pour bénéficier de cette propriété préventive que certains prennent de l’aspirine à faible dose tous les jours, même s’ils n’ont pas fait eux-mêmes d’infarctus du myocarde. Ils en prennent au cas où, considérant qu’avec ce faible dosage, le rapport bénéfice-risque sera en faveur de l’aspirine.
Mais attention, l’aspirine reste un médicament dangereux, même à faible dose
Une analyse de 9 grandes études, rassemblant plus de 100.000 cas, vient de leur donner tort. Si le nombre d’infarctus est effectivement diminué de 10 %, cela ne change rien en terme de mortalité par infarctus.
En revanche, le nombre de complications graves en relation avec une hémorragie est trois fois plus important, avec une augmentation de 30 %. Autrement dit, ce que l’on gagne d’un côté peut être perdu de l’autre. Ainsi, en fluidifiant le sang, l’aspirine prévient bien de l’infarctus du myocarde, mais il expose encore plus au risque de faire une hémorragie interne, notamment digestive.
Alors, quand prendre de l'aspirine ?
La morale de cette histoire est qu’il vaut mieux ne pas prendre d’aspirine au long cours de son propre chef, sans en parler avec son médecin traitant.
Toute prise d’aspirine sur une longue période nécessite en effet un suivi médical spécifique, comprenant notamment une prise de tension artérielle régulière et des prises de sang de contrôle. Cela n’est envisageable que pour ceux qui ont déjà fait un infarctus ou pour ceux qui sont à très fort risque d’en faire un, par exemple s’ils ont des antécédents d’infarctus dans la famille :
- Dans le premier cas, votre médecin associera l’aspirine à d’autres médicaments tout aussi indispensables à la prévention de la rechute de l’infarctus, comme une statine ou une combinaison d’antihypertenseurs.
- Dans le deuxième cas, votre médecin pèsera bien le pour et le contre d’une médication préventive au long cours, pour une maladie ne s’étant pas encore déclarée.
D’une manière générale, il est indispensable de réserver l’automédication aux traitements courts, de moins de 5 jours. Au-delà et dans tous les cas, une consultation médicale s’impose.
Source : Arch Intern Med. Published online January 9, 2012. doi:10.1001/archinternmed.2011.628