Médicaments : amis ou ennemis ?

Publié par Dr Catherine Solano
le 13/08/2007
Maj le
4 minutes
Autre
Nous n'avons pas tous la même attitude vis-à-vis des médicaments. Certains en prennent sans trop y penser, d'autres sont allergiques et d'autres encore en prennent même sans réel besoin, comme si c'était une garantie de bonne santé…

Certains n'apprécient pas toujours les médicaments...

Les médecins ont tendance à prescrire des médicaments sans trop se préoccuper de savoir si les malades vont ou non les prendre. Ils savent pourtant qu'un grand nombre de ces personnes ne suivent absolument pas leur(s) ordonnance(s). Elles les oublient, les refusent, les jettent ou s'autoprescrivent tout autre chose avec ou sans les conseils de leur pharmacien. Sans compter les irréductibles qui leur préfèrent les rebouteux ou les guérisseurs qu'ils consultent en parallèle…Nous aimerions bien que notre médecin s'intéresse un peu plus à notre façon de percevoir les médicaments. Si je n'aime pas ingérer des molécules chimiques, j'apprécierais beaucoup qu'il commence par me prescrire une hygiène de vie parfois suffisante pour soigner certaines maladies, par me donner des conseils, et puis, seulement si cela est nécessaire, par me prescrire le minimum de médicaments possibles. Ainsi, il aura plus de chances que je suive sa prescription, surtout s'il m'explique en quoi elle est indispensable.Si j'ai du cholestérol, un régime me sera plus agréable et si je suis dépressif, faire du sport me semblera plus logique que prendre des comprimés.

D'autres les aiment trop

Mais pourquoi, si certains détestent les médicaments, d'autres les apprécient presque trop ?Gérald, lui, prend une dizaine de comprimés tous les matins. Pourtant, il ne souffre d'aucune maladie, à part un cholestérol un peu élevé. Il a bien sûr un traitement pour ce souci, auquel il ajoute des vitamines de toutes sortes et des traitements pour de petits bobos que la plupart d'entre nous soigneraient par le mépris. Il a mal à la tête ? Il prend un médicament. Il dort mal une nuit ? Il prend un somnifère. Il a rendez-vous chez le dentiste ? Il prend un anxiolytique auparavant… Pourquoi a-t-il cette façon de compter sur des comprimés pour de tout de petits bobos ? C'est que le père de Gérald était un chercheur biologiste réputé qui travaillait dans l'industrie pharmaceutique. Pour lui, les médicaments étaient quelque chose de merveilleux, qui sauvaient des vies et les chercheurs finiraient par guérir toutes les maladies. D'ailleurs, le sida, vous savez bien les progrès que l'on a déjà faits ? C'est la vision que Gérald a assimilée. Pour lui, les médicaments sont toujours des amis sur qui l'on peut compter. Il ne voit guère leur facette négative. Pourtant, il a souffert d'un effet indésirable de son traitement du cholestérol, et il a dû changer de traitement. Cela ne l'empêche pas d'avoir une foi presque aveugle dans ses médicaments.

D'autres encore les considèrent comme des ennemis

Au contraire, Cendrine a appris que les médicaments, c'était l'ennemi. Ses parents sont végétariens et mangent bio pour éviter les pesticides. Pour elle, la chimie, c'est le danger, même si elle est moins restrictive que ses parents. Elle déteste les médicaments, elle est contre les vaccins et a le sentiment que l'industrie pharmaceutique ne cherche que le profit, même aux dépens de ceux qu'elle prétend soigner. Cendrine ne prend jamais de médicaments, ou alors de l'homéopathie. Elle a même failli mourir lors de son appendicite car elle ne voulait pas aller à l'hôpital !Ainsi, sans même en avoir conscience, notre façon de considérer les médicaments vient de notre histoire. Et nous sommes parfois étonnés de voir que nos semblables ne pensent pas du tout comme nous.

A chacun de choisir

Alors, l'idéal serait d'expliquer à votre médecin comment vous voyez les choses. Après tout, on vient d'abord voir un médecin pour savoir ce que l'on a, pour un diagnostic. Si ce qu'il détecte n'a aucun caractère de gravité, pourquoi prendre un médicament ? Parfois, il suffit d'attendre pour guérir, tant la nature est bien faite. Mais, si un médicament peut nous rassurer, ou accélérer la guérison, pourquoi pas ? Chacun a le droit de choisir sa manière de guérir.L'essentiel est tout de même de ne pas avoir une opinion tellement tranchée qu'elle en deviendrait stupide car dangereuse pour soi-même. Si vous refusez un traitement contre le cholestérol alors qu'il reste très élevé, même si vous faites un régime, vous risquez un accident vasculaire cérébral ou un infarctus. C'est dommage de se mettre en danger ainsi. Si, au contraire, vous prenez des médicaments pour une raison pas vraiment valable, vous vous exposez à des effets indésirables parfois plus graves que la « maladie » que vous voulez soigner.

Commencez par expliquer à votre médecin votre point de vue

Ainsi, le rôle du parfait « malade » serait d'expliquer à son médecin son point de vue sur les médicaments pour qu'il soit pris en compte. Et poser des questions : « tous ces médicaments sont-ils vraiment nécessaires ? »…Et puis, le rôle du parfait médecin serait à la fois de vous écouter pour vous soigner en fonction de votre idéal, mais aussi de vous secouer un peu si vous prenez un risque pour votre santé. À vous de trouver ce médecin idéal… Peut-être est-ce déjà le vôtre ? C'est normal, nous avons tous tendance à choisir celui que nous jugeons nous soigner le mieux.

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