Mauvaise santé bucco-dentaire : moins de chances de survivre à un cancer ORL

Une étude internationale a révélé une association importante entre la santé bucco-dentaire et les chances de survie parmi les personnes ayant reçu un diagnostic de cancer de la tête et du cou. Plus précisément, cette étude suggère qu’une bonne santé bucco-dentaire, prouvée par le nombre de dents naturelles et celui de visites chez le dentiste avant le diagnostic, est associée à de meilleures chances de survie. De plus, les personnes qui vont le plus souvent chez le dentiste ont plus de chances de voir leur cancer ORL diagnostiqué à un stade précoce. Celui-ci est donc moins mortel.
Visites chez le dentiste : elles aident à repérer un cancer ORL
Cette étude, publiée le 19 septembre 2023 dans la revue scientifique Journal of the National Cancer Institute, a recruté des patients atteints d’un cancer de la tête et du cou. Ceux-ci devaient rendre des comptes-rendus sur leur hygiène bucco-dentaire (saignements des gencives, fréquence du brossage des dents et utilisation du bain de bouche, notamment), mais également renseigner leur nombre de dents naturelles et la fréquence de leurs visites chez le dentiste sur une période de 10 ans avant le diagnostic du cancer ORL.
“Les données des patients nous ont permis de fournir le travail le plus approfondi possible et d’identifier des associations robustes entre la santé bucco-dentaire et les chances de survie. Nous avons constitué une équipe diverse et expérimentée pour examiner les dossiers médicaux de près de 2500 patients provenant de huit pays afin de mener une analyse statistique de pointe”, a réagi dans un communiqué de presse l’auteur principal de l’étude, le chercheur en ORL et chirurgie du cou Jason Tasoulas.
Mauvaise hygiène bucco-dentaire : moins de chances de survie à un cancer ORL
Les auteurs de l’étude parue dans Journal of the National Cancer Institute ont ainsi découvert que les personnes qui se rendent fréquemment chez le dentiste (plus de cinq visites durant les dix années écoulées) avaient des chances de survie au cancer du cou et de la tête estimées à 74% cinq ans plus tard et à 60% dix ans plus tard.
En comparaison, les personnes qui n’étaient pas allées chez le dentiste dans la décennie écoulée avaient des chances de survie, sur les mêmes périodes, estimées à 54% et à 32%. Les différences étaient les plus prononcées chez les personnes atteintes d'un cancer de l’oropharynx (la partie centrale du pharynx qui s'étend du palais mou jusqu'à la base de la langue).
Dents d’origine : un signe de bonne santé bucco-dentaire
Par ailleurs, les chercheurs ont réalisé que les personnes chez qui il ne restait aucune dent naturelle avaient un risque de survie sur cinq ans inférieur de 15% par rapport à celles pour qui il restait plus de 20 dents d’origine. Des chances de survie inférieures de 5% ont été identifiées chez les personnes qui ont fait état de saignements des gencives, mais cette différence n’est pas significative.
En France, le cancer des voies aérodigestives supérieures est le cancer de la tête et du cou le plus fréquent. “Les cancers des voies aérodigestives supérieures de stade précoce, correspondant à 30 à 40% des patients, peuvent être guéris par une chirurgie seule ou une radiothérapie externe seule”, indique le Centre hospitalier Saint Joseph de Paris (HPSJ). Pour cette raison, il est important de reconnaître rapidement les signes de la maladie.