L'IVG en pratique

Toutes les femmes ont elles accès à l’IVG ?
Oui, y compris les adolescentes mineures. Dans ce cas, vous pouvez choisir d’en parler à vos parents ou pas. Si vous souhaitez garder le secret, vous devez vous faire accompagner par une personne majeure de votre choix. La patiente qui demande une IVG doit obtenir un rendez-vous pour une consultation dans les 5 jours suivant son appel. En pratique, les délais d’attente sont souvent plus longs par manque de personnel dédié. Or, plus l’IVG est précoce, plus les risques de complications sont faibles et plus le choix des techniques utilisables est large.
Pour faciliter l’accès à l’IVG, depuis le décret du 5 juin 2016, les sages-femmes ont la possibilité de pratiquer une IVG médicamenteuse, au même titre que les médecins.
Quels sont les délais à respecter ?
Tout dépend de la méthode choisie :
- l’IVG chirurgicale doit intervenir avant la fin de la 12ème semaine de grossesse, soit 14 semaines après le début des dernières règles.
- l’IVG médicamenteuse doit intervenir avant la fin de la 5ème semaine de grossesse, soit 7 semaines maximum après le début des règles s’il est pratiqué à domicile ou au cabinet médical. S’il est pratiqué à l’hôpital, le délai peut être prolongé jusqu’à 7 semaines de grossesse, soit 9 semaines après la date des dernières règles.
L’IVG est pris en charge à 100% par la sécurité sociale. Les mineures bénéficient de la couverture sociale de leurs parents s’ils ont leur consentement. A défaut, leur Ivg est prise en charge à 100% sans avance de frais.
A qui s’adresser ?
Pour demander une interruption volontaire de grossesse, vous pouvez vous adresser au médecin de votre choix en cabinet de ville, à un centre de santé, à un centre de planification familiale ou directement à un établissement de santé public ou privé. Les généralistes formés à cette pratique, les gynécologues, les obstétriciens et désormais les sages-femmes sont habilités à réaliser une IVG. Un médecin a le droit de refuser de le faire mais il doit obligatoirement vous orienter vers un confrère ou une structure compétente. Attention : tous les hôpitaux ne pratiquent pas les IVG et les délais d’attente peuvent être très longs, mieux vaut donc se renseigner très vite.
Comment se déroule l’IVG ?
Deux consultations sont obligatoires avant l’IVG. La première a lieu chez le médecin ou la sage-femme de votre choix qui vous informe sur les différentes méthodes, le déroulement de l’intervention, les éventuels effets secondaires... Un guide vous est remis. Un entretien psycho-social est proposé, il est obligatoire si vous êtes mineure.
Lors de la deuxième consultation, la femme confirme par écrit sa demande d’Ivg et décide avec le médecin des modalités pratiques. Depuis septembre 2015, il n’y a plus de délai de réflexion.
Quelles sont les techniques utilisées?
Deux choix sont possibles en fonction du souhait de la patiente et du terme de sa grossesse.
- L’IVG chirurgicale repose sur la dilatation du col de l’utérus, obtenue à l'aide d'une préparation médicamenteuse préalable, puis sur une aspiration de l'œuf à l’aide d’une canule. L’intervention dure 10 à 15 minutes sous anesthésie générale ou locale et se pratique obligatoirement dans un établissement de santé. La patiente rentre chez elle quelques heures après son hospitalisation.
- L’IVG médicamenteuse repose sur la prise de deux médicaments différents, prescrits par le médecin ou la sage-femme. Le premier est administré en consultation et provoque, au bout de trois à quatre heures, des saignements plus ou moins abondants destinés à interrompre la grossesse non désirée. Le deuxième doit être pris 36 à 48 h plus tard (en consultation ou à domicile) et sert à expulser l'œuf, il peut entrainer des saignements pendant une dizaine de jours. L’Ivg médicamenteuse peut se réaliser à domicile, au cabinet médical, au centre de planification médicale ou de santé jusqu’à la fin de la 5ème semaine de grossesse. Au-delà, elle a lieu obligatoirement à l’hôpital ou en clinique. Il n’y a pas d'anesthésie.
Dans les deux cas, un examen médical de contrôle est réalisé 14 à 21 jours plus tard pour s’assurer que la grossesse a bien été interrompue et que tout va bien.
Est-ce douloureux ?
L’IVG médicamenteuse peut entrainer des douleurs liées à la contraction de l’utérus comme celles des règles. Ce n’est pas systématique : certaines femmes ont mal, d’autres ne souffrent pas ou peu. La patiente étant anesthésiée lors de l’IVG chirurgicale, elle ne sent rien mais des douleurs peuvent se produire au réveil.
Les facteurs de risque de survenue d'une douleur intense sont le jeune âge, la peur de l'acte, l'existence d'un utérus rétro-versé, les antécédents de dysménorrhée (règles douloureuses), les grossesses les plus précoces et les plus avancées. Dans les deux techniques, des antalgiques sont prescrits. D’une manière générale, mieux vaut que la femme soit entourée et accompagnée.
Peut-il y avoir des complications ?
En général, l’IVG se passe bien. Dans de très rares cas, la patiente peut faire une hémorragie et doit contacter immédiatement son médecin ou l’établissement de santé où l’IVG a été pratiquée. Il lui est aussi demandé de surveiller sa température afin de s’assurer qu’elle ne développe pas une infection.
Dans le cas de l’ IVG chirurgicale, bien qu'il n'existe pas de bénéfice démontré à long terme, il est recommandé de prévenir d'éventuelles complications infectieuses à l'aide d'une antibiothérapie. La prévention de l'incompatibilité Rhésus doit être réalisée chez toutes les femmes Rhésus négatif par l'injection d'une dose de gamma globulines anti-D.
Certaines femmes peuvent fragilisées au moment de l’interruption volontaire de grossesse mais les études scientifiques montrent qu’il n’y a pas de séquelles post-traumatiques à long terme.
Que se passe-t-il après l’IVG ?
Après l’IVG, le médecin ou la sage-femme vérifie que vous avez un moyen contraceptif adaptée à votre situation. A défaut, il sera nécessaire d’envisager une contraception. La pilule peut être prise dès le lendemain de l’intervention, la pose d’un stérilet (dispositif intra-utérin) peut se faire à l’issue de l’IVG chirurgicale ou deux à trois semaines plus tard, lors de l’examen médical de contrôle. Les femmes qui en ressentent le besoin peuvent aussi bénéficier d’une prise en charge psychologique. A noter : en cas d’Ivg médicamenteuse, les sages-femmes peuvent prescrire dorénavant un arrêt de travail de 4 jours, renouvelable une fois.