L’hypnose : une médecine complémentaire

Publié par Brigitte Bègue
le 20/01/2016
Maj le
4 minutes
woman in hypnosis lying on psychotherapist sofa
Istock
Pratiquée depuis le 19ème siècle, l’hypnose fait de plus en plus d’adeptes comme en témoigne son entrée progressive dans les hôpitaux et sa reconnaissance dans la prise en charge de certains troubles. Le point sur une médecine complémentaire en plein boom.

L’hypnose : Comment ça marche ?

Contrairement à ce que l’on pense souvent, le patient hypnotisé n’est pas endormi. L’hypnose se définit comme un état modifié de conscience : guidé par la voix du thérapeute, le patient s’éloigne doucement de la réalité extérieure pour se concentrer sur sa réalité intérieure mais il reste conscient. « Les techniques d’imagerie médicale montrent une modification de l’activité de certaines zones cérébrales et l’activation d’un nombre très impressionnant de processus attentionnels un peu comme dans la méditation », explique le Dr Jean-Marc Benhaiem, hypnothérapeute à l’Hôtel Dieu à Paris. Un réseau du cerveau, appelé « réseau par défaut », sollicité lorsqu’on se repose est également très actif.

L’hypnose : Qu’est-ce que cela soigne ?

Les indications varient selon les différents types d’hypnose. Par exemple, l’hypnoanalgésie est couplée à des médicaments antalgiques pour soulager les douleurs chroniques ; l’hypnosédation est associée à des produits sédatifs ou anesthésiques lors d’interventions chirurgicales ; l’hypnothérapie a, quant à elle, un objectif psychothérapeutique. Cette dernière est utilisée dans la prise en charge du sevrage tabagique, les problèmes de sommeil et de poids, les troubles alimentaires, les phobies (transports, piqûres, insectes, etc.), l’anxiété, la dépression, les addictions, les toc, les blessures d’enfance... « On ne les efface pas mais on modifie le rapport à ce souvenir douloureux pour que le patient souffre moins », relate le Dr Dina Roberts, psychiatre à l’hôpital Esquirol à St Maurice. Chez les enfants, le recours à l’hypnose peut être indiqué en cas de pipi au lit (énurésie), voire d’hyperactivité.

L’hypnose est-elle officiellement reconnue ?

En 2003, la Haute Autorité de Santé a reconnu l’intérêt de l’hypnose dans le traitement de la migraine chez les enfants. Un rapport de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) sur l’évaluation de cette pratique, publié en juin 2015, conclut à son efficacité thérapeutique lors d’une anesthésie, dans la prise en charge du syndrome du côlon irritable et du stress post-traumatique. Elle diminue la consommation d’antalgiques et de sédatifs quand elle est utilisée pour extraire une dent de sagesse, pratiquer une IVG, une biopsie mammaire, poser un cathéter, ou pendant une opération sous anesthésie locale ou générale. Le rapport souligne que « les risques liés à l’hypnose sont très limités ».

Combien de séances faut-il ?

Tout dépend du patient et de son problème mais les résultats sont généralement rapides : « Une séance peut suffire sinon, en trois, quatre ou cinq fois, on voit ce qui se passe et on fait le point », précise le Dr Jean-Marc Benhaiem. L’hypnose ne fait pas de miracle : les échecs existent. « Il y a mille vécus différents et des patients que l’on n’arrive pas à sortir d’une difficulté ou d’une souffrance, soit qu’ils bloquent soit que le thérapeute n’arrive pas à trouver le bon chemin à prendre pour l’aider », admet le Dr Benhaiem. Une séance dure environ 45 mn.

Peut-on hypnotiser tout le monde ?

Environ 50 à 60% des patients sont normalement hypnotisables, 10 à 20% le sont très facilement et 10 à 20%, en revanche, ont du mal à lâcher prise et résistent. « L’hypnose est comme un outil pour se reconnecter à soi-même à partir d’un ressenti que l’on aide le patient à aller chercher dans le présent, dans son imaginaire ou ses souvenirs, affirme Dina Roberts. L’idée est qu’après une séance, ils puissent se resservir tous seuls de ces images ou sensations pour aller mieux ou débloquer une situation ». Les plus rodés peuvent même s’essayer à l’auto-hypnose.

L’hypnose : à qui s’adresser ?

L’hypnose a le vent en poupe actuellement et tout le monde peut s’y former. Pour éviter les charlatans, mieux vaut s’adresser à un professionnel de santé ayant reçu une formation sérieuse, certains enseignements universitaires leur sont d’ailleurs réservés. Lors de la prise de RV, n’hésitez pas à poser des questions, y compris sur le prix de la consultation et son remboursement. De nombreux hôpitaux et centres anti-douleur ont intégré l’hypnose dans leurs services mais le diplôme d’hypnothérapeute n’est toujours pas reconnu par l’Ordre national des médecins.

Sources

Entretiens avec le Dr Jean-Marc Benhaiem, hypnothérapeute à l’Hôtel Dieu à Paris, et le Dr Dina Roberts, psychiatre à l’hôpital Esquirol à St Maurice. 

Rapport « Comment évaluer l’efficacité de l’hypnose ? », Inserm, juin 2015.

« Le grand livre de l’hypnose et de l’autohypnose », Jean-Jacques Garet (Leduc éd°).

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