Légionellose : le talon d'Achille des hôpitaux
Des légionnaires bien fragiles
C'est en 1976 que la légionellose fait son entrée en scène lors d'un congrès des anciens combattants américains ("légion"). Plusieurs centaines de personnes sont atteintes d'une maladie pulmonaire grave d'origine bactérienne.
Deux principes de base sont alors mis en évidence :
- Toutes les personnes ont été contaminées par le système de climatisation.
- Toutes les personnes atteintes étaient âgées et fragiles.
Le principe de transmission verticale
C'est bien connu, une banale grippe s'attrape par contact plus ou moins rapproché avec une personne malade. Il s'agit d'une contamination "horizontale". Pour la légionellose, c'est différent. La bactérie légionelle siège et se développe principalement dans les conduits d'eau, d'aération et de climatisation.
Par ailleurs, la légionellose ne se transmet pas de personne à personne.
Elle peut donc contaminer toute personne se trouvant en contact avec l'eau ou l'air contaminés à un des points de distribution du circuit (grille d'aération, douche...). C'est ce qu'on appelle une contamination "verticale".
Pourquoi les hôpitaux ?
C'est souvent dans les hôpitaux que se déclarent des cas de légionellose. En effet, les établissements hospitaliers cumulent à la fois le risque de transmission verticale par la multiplication des canalisations d'eau et d'air, et le risque médical par l'état de faiblesse de base dans lequel se trouvent les personnes atteintes par la bactérie. C'est pour cette raison qu'à l'hôpital on retrouve le plus grand nombre de cas, et de cas graves.
Le tueur démasqué
Certes la bactérie se cache dans les canalisations, mais une fois la maladie déclarée, elle est facile à mettre en évidence par un dosage d'antigènes dans les urines. Cette identification est immédiate et permet de traiter le patient, mais il faut également faire des prélèvements dans les bronches pour caractériser précisément la bactérie afin de savoir s'il s'agit de la même bactérie que l'on a éventuellement retrouvée lors de prélèvements dans les canalisations de l'hôpital.
Si le lien est fait, il faudra bien évidemment se préoccuper de traiter les canalisations en question pour éviter d'autres contaminations.
Traitement et éradication de la légionellose
Le taux de mortalité élevé de la légionellose (20%) est dû au fait qu'il s'agit surtout de patients fragiles.
Paradoxalement, le traitement antibiotique de la maladie est très banal, utilisant des antibiotiques très habituels permettant de traiter les bronchites ou les infections urinaires.
Le plus difficile est en fait de traiter les canalisations infectées, mais surtout, d'appliquer les règles de base de bon sens qui permettraient d'en prévenir la contamination. Sachant que la bactérie se développe entre 25 et 45 °C, il suffirait que la production d'eau chaude s'élève à 60°C au départ pour être acheminée ensuite à plus de 50°C et finir à moins de 50°C à la sortie du robinet. Ensuite, il faut supprimer les endroits où l'eau peut stagner, et enfin, ne pas utiliser de matériaux pouvant facilement se corroder. En revanche, une fois la bactérie installée et détectée, l'éradication est un problème autrement plus compliqué.