L’efficacité du régime méditerranéen prouvée contre l'infarctus et l'AVC

Publié par Dr Philippe Presles
le 11/03/2013
Maj le
3 minutes
figues, olives et huile d'olive
getty
Le débat sur les statines a mis en arrière-plan l’importance essentielle de la diététique en prévention des risques cardiovasculaires.Une très belle étude espagnole démontre son efficacité et nous rappelle qu’en matière d’infarctus et d’AVC il faut vraiment prendre le moins de risque possible.

Moins d’infarctus avec le régime méditerranéen

Cette étude Predimed arrive à point nommé. Cela fait maintenant 30 ans que l’on prescrit partout dans le monde le régime méditerranéen aux patients à risque cardiovasculaire, sur la base d’une étude française de 1979, la Lyon diet study, dont on n’avait jamais réussi à reproduire les très beaux résultats depuis : une baisse de plus de 70 % des infarctus du myocarde !

Or la base d’une étude scientifique est que ses résultats doivent être reproductibles… Les résultats de cette nouvelle étude espagnole sont plus modestes, mais probants.

L’efficacité du régime méditerranéen

7447 personnes, âgées de 55 à 80 ans, et sans antécédents d’accidents cardiovasculaires, ont ainsi été suivies pendant presque 5 ans.

  • Un tiers d’entre elles suivait un régime méditerranéen et utilisait de l’huile d’olive pour cuisiner.

  • Un autre tiers suivait le même régime méditéranéen avec 30 grammes de noix mixées.

  • Le dernier tiers, servant de groupe témoins, mangeant ce qu’il voulait.

Dans le premier groupe (régime méditéranéen avec huile d'olive), la baisse du nombre d’accidents vasculaires sur les 4,8 années de l’étude fut de 30 % par rapport au groupe témoin.

Elle était de 28 % dans le deuxième groupe suivant le régime méditerranéen avec les noix mixées.

On n’atteint pas les scores pharaoniques de l’étude de Lyon, mais les résultats sont là !

Quand on regarde les résultats dans le détail, on constate que les 3 groupes étaient similaires en termes d’âge et de risques associés : un diabète dans 50 % des cas, un excès de cholestérol ou de triglycérides dans 72 % des cas, et un tabagisme chez le quart d’entre eux. Leur indice de masse corporelle était de plus de 29 k/m2 et ils prenaient des statines pour 40 % d’entre eux.

Ces beaux résultats reflètent une tendance bénéfique forte, mais pas significative. Les résultats ne sont significatifs que pour la prévention des accidents vasculaires cérébraux avec une baisse de 39 % des AVC.

L’importance du cholestérol

Pour analyser ces résultats, il faut se souvenir de ceux d’une autre grande étude, la Interheart Study, qui avait analysé les facteurs de risques de plus de 15000 personnes ayant fait un infarctus du myocarde, dans 52 pays, et en comparaison avec un groupe témoin équivalent.

Cette étude montrait que ceux qui avaient fait un infarctus présentaient, par ordre d’importance, les facteurs de risques suivants :

  • excès de cholestérol,
  • tabagisme, excès de stress,
  • diabète,
  • hypertension artérielle,
  • obésité abdominale,
  • faible consommation de fruits et légumes,
  • faible activité physique (et consommation modérée d’alcool, mais de manière non significative).

L’étude Predimed nous confirme ainsi l’efficacité du régime méditerranéen en prévention primaire des infarctus et des AVC et son efficacité combinée avec la prise de statines quand c’est nécessaire.

Il ne faut rien négliger et prendre le moins de risque possible avec ces redoutables maladies.

Et l’étude Predimed nous rappelle les bases du régime méditerranéen :

  • beaucoup de fruits, de légumes,
  • de céréales,
  • de l’huile d’olive,
  • des noix (ou noisettes ou amandes),
  • un peu de poisson ou de volailles,
  • très peu de viande rouge ou de charcuteries,
  • du vin de manière modérée, uniquement à table.

On peut aussi utiliser l’huile de colza, l’huile qui avait été utilisée dans l’étude de Lyon.

Source :

Estruch R. Predimed study. New Engl. J. Med. février 2013.

Yusuf S. Interheart study. Lancet. mars 2004.

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