Le sevrage au cannabis : une épreuve sous-estimée

Publié par Dr Philippe Presles
le 12/06/2006
Maj le
3 minutes
Tout le monde connaît les grandes difficultés que le fumeur de tabac rencontre pour arrêter de fumer. Les symptômes du sevrage au cannabis sont moins connus et pourtant ils sont également importants. A savoir avant de se lancer dans une consommation régulière…

Cannabis et symptômes de sevrage

Le cannabis a la réputation d'être une drogue douce dont on peut se débarrasser facilement. Il cache bien son jeu.

Dès 2006, une étude américaine portant sur 2.613 consommateurs ayant arrêté le cannabis montrait que les médecins observent deux grandes catégories de symptômes :

  • Des signes de ralentissement :

    envie de dormir, fatigue, bâillements, mollesse psychique et physique…

  • Des signes anxio-dépressifs :

    dépression, sueurs, palpitations, anxiété, douleurs musculaires, agitation, tremblements, insomnie…

Le cannabis fatigue, et l'arrêt du cannabis aussi !

L'asthénie ou fatigue est donc très courante et contribue à expliquer les dangers du cannabis au volant, que l'on vienne d'en prendre ou que l'on ait arrêté d'en prendre depuis quelque temps. C’est ainsi que les campagnes de prévention se sont succédé visant à sensibiliser les moins de 25 ans au danger de la consommation de cannabis avant de conduire.

Le cannabis au volant double le risque d'accident mortel, ce risque étant multiplié par 16 en cas de prise simultanée d'alcool.

Tabac et cannabis : la combinaison classique

Arrêter le cannabis est d'autant moins facile que la question se pose souvent du sevrage simultané du tabac, voire de l'alcool.

En dehors de la prise très occasionnelle de cannabis, deux cas de figure sont souvent rencontrés :

  • la prise quotidienne de tabac et de cannabis, un joint étant souvent fumé le soir avant de se coucher,
  • la prise de cannabis et d'alcool lors de « défonces » le week-end, le tabac étant quotidien.

Comment rompre avec le cannabis ?

Il faut se faire aider.

Comme pour le tabac, les chances d’arrêter sont multipliées si l’on se fait accompagner.

Vers qui se tourner ?

  • Vers toute personne de confiance (parents, amis, professionnels de santé, enseignants…).

    Elle peut apporter son soutien. Il faut amorcer le dialogue.

  • Vers son médecin traitant.

    Il vous connaît et il est tenu au secret de sorte que votre entourage ne sera pas informé de votre démarche si vous ne le souhaitez pas.

  • Vers des lieux d’accueil et d’écoute.

    Les « Consultations jeunes consommateurs » proposent aux jeunes usagers et à leurs parents (accueillis ensemble ou séparément), écoute, soutien, aide et conseils.

    Ces consultations sont confidentielles, gratuites et assurées par des équipes pluridisciplinaires (médecins, psychologues, éducateurs spécialisés…) qui ne jugent jamais mais apportent simplement une aide à tout volontaire qui en fait la démarche. La prise en charge repose sur la parole et le dialogue, des questionnaires d’évaluation ou d’autoévaluation, des programmes d’objectifs et de moyens établis ensemble.

Pour en savoir plus : http://www.drogues-info-service.fr/?-Aider-et-etre-aide-

Le cannabis, premier produit psychoactif illicite consommé à l’adolescence

En 2011 :

  • 42 % des adolescents de 17 ans ont déjà fumé du cannabis au moins une fois (39 % des filles et 44 % des garçons).
  • L’âge moyen des premières expérimentations est 15 ans.
  • 6 % des élèves de 2nd et 7 % des élèves de terminale sont des consommateurs réguliers (au moins dix fois dans le mois).
  • 5% des jeunes de 17 ans présentent un risque élevé d’usage problématique (7 % des garçons et 3% des filles), voire de dépendance au cannabis.

(source : Expertise collective de l’Inserm, 6 février 2014)

Sources

Dr Catherine Bailly. Panorama du Médecin 29 mai 2006. N°5020.

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