La grippe aviaire inéluctable ?

Publié par Dr Philippe Presles
le 14/11/2005
Maj le
3 minutes
Autre
Lors d'une conférence internationale se tenant à Genève et réunissant 400 spécialistes de santé animale et humaine, le directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Monsieur Lee Jong-Wook, a déclaré à propos de la grippe aviaire : « nous ne savons pas quand cela va arriver, mais nous savons que cela va se produire ». Moins pessimistes, d'autres experts préconisent une lutte intense contre tous les foyers de grippe aviaire dans les élevages de volailles.

Eradiquer le virus de la grippe aviaire dans les élevages

Si on ne fait rien au niveau international, le risque de voir une pandémie grippale se mettre en place est majeur. Fort de ce constat, les organisations internationales compétentes (l'Agence des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture - FAO, l'Organisation mondiale de la Santé animale - OIE et l'Organisation mondiale de la Santé - OMS), se sont réunies à Genève pour passer à la vitesse supérieure dans la lutte contre la grippe aviaire. Leur objectif était de concevoir un plan international d'action. Ce plan, qui nécessiterait un budget de 102 millions de dollars rien que pour les pays d'Asie du Sud Est, vise principalement à détruire les élevages infectés et à dédommager les éleveurs. Appliqué à temps et systématiquement, ce plan permettrait de limiter les contacts entre le virus aviaire et les virus humains de la grippe. C'est à cette condition qu'une catastrophe pandémique pourra être évitée.Pour l'instant, 150 millions de volailles ont été abattues et 124 cas humains ont été déclarés (dont 63 décès). Aucun virus mutant n'a encore été trouvé et les équipes de veille sont sur les charbons ardents.

La consommation de viande de poulet est sans danger

Autre sujet de préoccupation légitime : peut-on oui ou non manger du poulet, même s'il a été infecté ? Les experts de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) sont affirmatifs : le risque de contamination est « négligeable ». Même mangée crue, la viande du poulet est désinfectée par l'acide gastrique. La contamination à l'homme ne se fait que par les voies aériennes. Sinon, une simple cuisson à 60° détruit rapidement le virus. On peut donc continuer à manger tranquillement des volailles et des oeufs (et du foie gras…), d'autant plus qu'en France, aucun cas de grippe aviaire n'a été signalé.

Les malades confinés chez eux

Après les volailles qui sont confinées dans leurs poulaillers, ce sera le tour des malades d'être maintenus chez eux si la pandémie venait à se déclarer. C'est ce qu'a expliqué le ministère de la Santé dans une lettre adressée à l'ensemble des médecins libéraux. Les consultations devront, en effet, se tenir au domicile des patients pour éviter toute contamination dans les salles d'attente. Les médecins se rendront chez leurs patients protégés par un masque de type FFP2 (permettant de respirer un air sans virus) et le traitement sera livré à domicile. Les malades devront porter un masque chirurgical pour ne pas contaminer leur entourage.Il faut donc plus que jamais tout faire pour détruire le virus dans les pays où il émerge. Souhaitons que les Nations Unies réuniront assez de fonds pour aider les pays du Sud Est Asiatique à faire front. Ce front est le nôtre et les 100 millions de dollars nécessaires à cette lutte sur place ne semblent que peu de chose en comparaison des coûts estimés dans nos pays industrialisés : une pandémie de grippe aviaire coûterait 7 milliards de dollars à un pays comme les Etats-Unis… Sans compter les dégâts humains.

Sources

Libération, Le Figaro, Les Echos, Le Parisien, L'Humanité, Egora : 7 novembre 2005.

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