Interview : Doit-on réhabiliter les électrochocs ?

Publié par Rédaction E-sante.fr
le 28/05/2003
Maj le
2 minutes
Autre
Les psychiatres sont certainement très sensibles aux rumeurs et le « vol au-dessus du nid de coucou » n'a pas fini de faire des dégâts. Et même si les électrochocs sont revenus en force dans la dépression, le nombre de ses indications dans la psychose reste très bas, malgré un certain nombre d'arguments en sa faveur. Nous avons interrogé le Dr Patrick Lemoine*.

e-sante : Les électrochocs ont très mauvaise réputation. Pourquoi ?

Dr Patrick Lemoine : Mai 68, « vol au-dessus d'un nid de coucou » et l'antipsychiatrie : « la maladie mentale n'existe pas, elle n'est que le symptôme d'une société (capitaliste) toxique » ont anéanti la technique des électrochocs. Il fallait donc bannir l'asile et ses avatars et le plus « répressif et violent » d'entre eux, l'électrochoc. De plus, à cette époque, des dérives existaient : indications d'électrochocs dans le privé pour des raisons financières ou disciplinaires, plus que pour des raisons cliniques. Avec des effets secondaires traumatiques... Tous ces facteurs ont concouru à établir cette extrême mauvaise réputation.

e-sante : Après les progrès considérables réalisés en médecine, cette technique a-t-elle toujours sa place au sein de la médecine moderne ?

Dr Patrick Lemoine : Les électrochocs ont plus que jamais leur place, surtout maintenant que les indications sont connues, certaines et évaluées. Elles ont par ailleurs fait l'objet d'une conférence de consensus, lesquelles ont obtenu la bénédiction de l'OMS. Rien ne les remplace en matière de mélancolie, surtout anxieuse ou délirante, et d'autres indications (catatonie, agitations, dépressions résistantes, dépression chez la femme enceinte) ont des résultats extrêmement spectaculaires, là où justement les psychotiques ou les antidépresseurs ont échoué.

e-sante : Ont-ils des effets secondaires ?

Dr Patrick Lemoine : La traumatologie a disparu depuis l'avènement de l'anesthésie sous curare : le patient ne bouge presque plus, la crise n'est plus qu'électrique corticale. Restent alors les troubles mnésiques, toujours existants, bien que réduits par l'arrivée des « courants carrés » et non plus ondulatoires et éventuellement le placement unilatéral des électrodes.

* Psychiatre et spécialiste des troubles du sommeil et de la dépression au CHS (centre hospitalier spécialisé) le Vinatier, Bron.Auteur en 2002 de « le sexe des larmes, pourquoi les femmes pleurent-elles plus que les hommes ?, Edition Robert Laffont, prix éditeur 16,6 euros. Pour commander : cliquez ici

Sources

Fink M., Psychiatry on line, avril 2002.

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