Infection urinaire : la Haute Autorité de Santé publie de nouvelles recommandations

En France, 125 000 cas d’infections à bactéries résistantes aux antibiotiques sont recensés chaque année. Des infections qui sont responsables de 5 500 décès. L’Hexagone compte parmi les pays où la consommation d’antibiotiques reste anormalement élevée. Et la surprescription et la surconsommation d’antibiotiques figurent parmi les causes du développement de souches résistantes aux antibiotiques.
Les infections urinaires expliquent principalement la prescription de ces médicaments. Dès lors, le risque d’antibiorésistance s’avère particulièrement élevé pour ce type d’infections bactériennes très courantes.
C’est pour cette raison que la Haute Autorité de Santé (HAS) publie de nouvelles recommandations concernant l’usage des antibiotiques pour les infections urinaires.
Infections urinaires : les femmes les plus concernées
Les infections urinaires sont le plus souvent localisées au niveau de la vessie et sont appelées cystites. Dans 90 % des cas, elles sont liées à la multiplication d’une bactérie Escherichia coli. Cette bactérie naturellement présente dans le tube digestif, va dans le cas de cette inflammation, remonter vers la vessie en passant par l’urètre pour ensuite se multiplier. Les femmes sont le plus touchées par cette infection bactérienne en raison de la faible longueur de leur urètre.
Destinées aux professionnels de santé, ces préconisations visent à promouvoir le bon usage des médicaments antibiotiques en améliorant la prescription et la consommation de ces médicaments souvent prescrits pour les infections urinaires.
Infection urinaire : encourager des antibiothérapies plus adaptées
Dans sa synthèse, publiée le 10 octobre 2023, la HAS détaille les objectifs de ce guide des bonnes pratiques à l’endroit des praticiens : il s’agit de réduire la prévalence des "traitements antibiotiques inutiles ou inappropriés", sources de résistances bactériennes et de favoriser "la prescription des antibiotiques les plus adaptés, à faible risque de sélection de résistances, [en] tenant compte de la gravité de certains effets indésirables".
Infection urinaire : l’intérêt des antibiogrammes ciblés
Elaborées par la société française de microbiologie (SFM) et la société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF), ces recommandations s’adressent aux biologistes aux microbiologistes, ainsi qu’à tous les cliniciens amenés à prendre en charge une infection urinaire féminine à entérobactéries à partir de 12 ans.
Dans les grandes lignes, la Haute Autorité de Santé encourage l'utilisation "des antibiogrammes ciblés dans les cas d'examens cytobactériologiques des urines (ECBU) positifs aux entérobactéries". L’ECBU est un examen réalisé en laboratoire qui permet d’identifier la bactérie responsable de l’infection urinaire (en cas de cystite à risque de complication) puis de tester sa sensibilité aux antibiotiques au moyen d’un antibiogramme. Ce dernier fait office de test d’efficacité en comparant la sensibilité du germe à différents antibiotiques, dans le but de prescrire celui auquel le germe est le plus sensible, précise l’assurance maladie.
Dans le cas d’un antibiogramme ciblé, le laboratoire médical qui réalise l’analyse rend un résultat partiel de l’antibiogramme, en ciblant les antibiotiques les plus pertinents (parmi une gamme réduite d’antibiotiques) et en épargnant autant que possible les antibiotiques critiques, selon le ministère de la Santé.
Infection urinaire : les antibiotiques critiques trop souvent prescrits
Dans le cas de cystites à risque de complications, le médecin traitant prescrit un traitement en tenant compte des résultats de l’antibiogramme. On comprend mieux pourquoi l’antibiogramme ciblé permet de déterminer le traitement antibiotique le plus approprié pour le patient.
Parmi les antibiotiques couramment prescrits pour les infections urinaires, les antibiotiques critiques posent particulièrement problème car ils sont générateurs de résistance bactérienne.
Fort de ce constat, la Haute Autorité de Santé préconise de limiter leur prescription. Elle invite à "privilégier l'utilisation d'antibiotiques à spectre étroit et de réduire celle d’antibiotiques dits critiques, en raison de leur spectre large et de leur capacité à sélectionner des résistances (par exemple, les fluoroquinolones)."
Antibiorésistance et infection urinaire : un risque de récidive
En 2018, une étude parue dans la revue Infection Control and Hospital Epidemiology, a montré que les patients atteints d’infection urinaire résistante aux traitements antibiotiques étaient plus susceptibles de connaître des récidives de cystites. Des rechutes qui survenaient en moins d’une semaine. En mettant le doigt sur le cercle vicieux d’infection urinaire récidivante liée à l’antibiorésistante, les chercheurs de la Penn Medicine, aux Etats-Unis, alertaient déjà, à la lumière de leurs résultats, les professionnels de santé sur l’importance d’un bon usage des médicaments pour leurs patients.
Infection urinaire : du bon usage des antibiotiques pour les patients
Pour un traitement de l’infection urinaire efficace, certaines règles doivent être observées concernant l’usage de l’antibiotique. Le respect de celles-ci joue également un rôle dans la lutte contre l’antibiorésistance. Parmi les bonnes habitudes à prendre, rappelées par l’assurance maladie :
-Respecter la dose et la durée d'un traitement antibiotique.
-Ne pas arrêter un traitement prématurément, même si l’état de santé s’améliore
-En cas de suspicion d’effets indésirables ou d'effets secondaires avérés, demander conseil à votre médecin généraliste.
- Ne pas partager son antibiotique. Chaque traitement est adapté spécifiquement au patient.