Incontinence : le yoga et l’activité physique, deux alliées contre les fuites urinaires

L'incontinence urinaire touche au moins 2,6 millions de personnes en France. Cette affection, qui se caractérise par la perte involontaire d’urine, concerne plus les femmes que les hommes et serait fréquente après 50 ans. Cette problématique est souvent passée sous silence. Elle est considérée comme tabou, en étant associée au vieillissement, alors qu’elle peut aussi survenir chez des femmes (et hommes) jeunes. Aussi, sa prévalence s’avère difficile à estimer : 20 à 30 % des femmes souffriraient d’incontinence urinaire en France, selon le dictionnaire Vidal.
Incontinence urinaire : la ménopause et la grossesse peuvent être en cause
Les accouchements répétés, ou avec complications (par ventouse ou forceps) ainsi que les bouleversements hormonaux de la ménopause, en sus du vieillissement naturel, constituent les principaux facteurs qui participent au relâchement des muscles du plancher pelvien, à risque de trouble génito-urinaire comme un prolapsus génito-urinaire ("descente d’organes") ou une incontinence urinaire.
L’incontinence d’effort, la plus fréquente
Les fuites urinaires qui se produisent à l’occasion d’efforts sont les plus fréquentes (elles représentent en moyenne 40% des cas d’incontinence). Le relâchement du muscle qui ferme la vessie et des muscles du périnée explique cette incontinence d’effort. Ces pertes involontaires d’urine peuvent survenir en toussant, en riant, en éternuant, en pratiquant une activité physique, à l’occasion d’un saut ou de tout mouvement de charge qui augmente la pression abdominale.
L’incontinence liée à l’hyperactivité de la vessie
Les incontinences d’impétuosité ou d’urgence liée à une hyperactivité de la vessie représente 10 % des cas d’incontinence. Dans ce cas, la vessie se contracte alors qu’elle n’est pas pleine, ce qui entraîne une envie incontrôlable et urgente d’uriner et une fuite involontaire des urines.
Certaines femmes peuvent présenter une incontinence dite mixte, c’est-à-dire qui conjugue les deux types d’incontinence (et de symptômes), à la fois d’effort et d’impétuosité. L’incontinence mixte représente 50 % des cas d'incontinence urinaire, selon l’Assurance maladie.
Le fardeau psychologique de l’incontinence
Chez les femmes qui y sont sujettes, l’incontinence urinaire s’accompagne d’un fardeau psychologique, charriant potentiellement de l’anxiété, de l’angoisse et de l’impuissance. Des troubles du sommeil peuvent également découler de ces problèmes génito-urinaires en raison des levers à répétition la nuit.
Par ses symptômes handicapants, ce trouble peut ternir le bien-être psychologique et la vie quotidienne. La gêne et la peur ressenties à l’idée d’être victime d’un accident dans une situation de la vie quotidienne (au travail par exemple), peuvent mener à un retrait progressif des activités sociales et à un isolement relatif. La réticence à en parler à son entourage (cela peut être vécu comme une honte) ou à son médecin se matérialise par une difficulté de prise en charge de cette affection.
Le yoga pelvien, une activité efficace contre les fuites urinaires
Une nouvelle étude présentée lors de la réunion annuelle de la Menopause Society devrait éclaircir l’horizon des femmes sujettes à l’incontinence. Celle-ci suggère que la pratique du yoga pelvien et d’activité physique offriraient des outils clés pour soulager les symptômes génito-urinaires et améliorer leur qualité de vie.
"Nos résultats suggèrent que les femmes qui essaient le yoga pelvien comme stratégie de gestion complémentaire des troubles génito-urinaires tels que l'incontinence urinaire, qui apparaissent souvent à la mi-vie, sont susceptibles de connaître une amélioration substantielle de leurs symptômes et de leur fonction génito-urinaire", explique au site Medscape, Alison Huang, auteur principal de cette étude, et professeur de médecine à l'Université de Californie à San Francisco.
L’exercice physique à faible impact bénéfique pour le périnée
Le yoga pelvien, axé sur des postures destinées à renforcer les muscles du plancher pelvien (périnée), serait indiqué pour réduire les fuites urinaires, à l’instar de toute activité physique sans impact, précise encore le Dr Alison Huang : "Certaines de ces améliorations peuvent être partagées avec d'autres formes de mouvement ou d'exercice physique à faible impact".
Les bienfaits du programme mêlant yoga pelvien et activité physique à faible impact ont été observés auprès d’un panel de 240 femmes américaines. Elles étaient âgées de 45 à 90 ans, avec une moyenne d'âge de 62 ans. Elles souffraient toutes au moins quotidiennement d'incontinence urinaire d'urgence, d'effort ou de type mixte.
De 2019 à 2022, les participantes ont été divisées en deux groupes de manière aléatoire. Un groupe a suivi deux fois par semaine des cours de yoga en groupe (basé sur des postures de yoga Hatha adaptées à chacune et si besoin avec accessoires) et une fois par semaine en pratique individuelle.
Une amélioration de la qualité de vie génito-urinaire
Le groupe de femmes assignées au groupe d’activité physique ont suivi un programme mixant des exercices d'étirement et de renforcement des muscles squelettiques.
Toutes les volontaires avaient renoncé à suivre un traitement comportemental, invasif ou pharmacologique de l'incontinence urinaire pendant au moins trois mois.
La qualité de vie génito-urinaire des participantes au début de l'étude et au bout des trois mois a été évaluée, à l'aide de l'inventaire de détresse urogénitale 6, du questionnaire sur l'impact de l'incontinence et de la perception de l'état de la vessie par la patiente.
Bilan de l’expérience : "Les scores de toutes les mesures de la qualité de vie génito-urinaire se sont améliorés", ont rapporté les chercheurs à Medscape.
Incontinence : mieux prendre en compte la santé physique et cognitive
Pour les auteurs de l’étude, ces observations devraient amener à davantage considérer le rôle potentiel de l’activité physique et du yoga dans les stratégies de traitement, en raison de leur répercussion positive sur la santé globale. "L’activité physique contre l'incontinence est une technique utile", assure Stephanie Faubion, directrice du Centre pour la santé des femmes de la Mayo Clinic et directrice médicale de la Menopause Society. Et de conclure : "Nous ne devrions pas nous concentrer exclusivement sur les traitements qui visent uniquement les organes ou tissus génitaux ou des voies urinaires inférieures. Nous devrions tenir compte de la manière dont les fonctions urinaires et sexuelles des femmes sont influencées par d'autres aspects de leur santé physique et cognitive."