Les hôpitaux français sont-ils capables d'accueillir les patients étrangers solvables ?

Depuis une dizaine d’années, la demande en soins hospitaliers en provenance des pays émergents explose. Pourtant, la France semble la découvrir. Un récent rapport remis au gouvernement dresse ainsi le constat d’obstacles plus culturels que structurels qui traduisent le retard français par rapport à l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Suisse ou Israël, pays les plus à la pointe en termes de stratégie d’accueil et de promotion des patients étrangers solvables.
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Le système de soins français intéresse les patients étrangers aisés

Indéniable, l’engouement des pays émergents (Chine, Russie, Moyen-Orient, Afrique, Amérique du Sud, etc.) pour le système de soins des pays occidentaux peut s’expliquer de deux manières. D’une part, le retard accumulé par ces pays en matière d’assurance maladie, d’infrastructures hospitalières, d’équipements et surtout de personnels médicaux et soignants qualifiés a découragé nombre de patients d’être soignés dans leur pays d’origine.

D’autre part, la constitution dans ces mêmes pays d’une classe moyenne supérieure, disposant d’un pouvoir d’achat de plus en plus élevé et pouvant désormais payer de sa poche une hospitalisation plus sûre à l’étranger, devient une réalité. On est donc loin de l’image d’un émir venant se faire soigner dans un hôpital parisien et réservant un étage entier par convenance personnelle ou pour répondre à des obligations de sécurité.

Pour s’imposer face à cette demande concurrentielle, la France possède des atouts incontestables. Et elle pourrait y trouver son compte. Le rapport remis par Jean de Kervasdoué à la Ministre en charge de la Santé, Marisol Touraine, et au Ministre en charge des Affaires étrangères, Laurent Fabius, comporte des arguments de poids :

  • des recettes supplémentaires d’ici cinq ans évaluées à deux milliards d’euros (soit environ 60 000 séjours de plus à organiser et répartir entre les différents hôpitaux) ;
  • 25 (000) à 30 000 emplois hospitaliers directs ou indirects créés ;
  • une partie du déficit structurel de l’Assurance maladie qui serait comblé.

Les hôpitaux seront-ils pour autant capables de relever le défi ? Les freins restent nombreux en matière d’organisation (bureaucratie, niveau de qualité hôtelière et d’accueil aux standards internationaux, etc.) et ce alors que les hôpitaux sont en mesure d’absorber un flux supplémentaire qui ne représenterait, à terme, que 2 % du total des séjours hospitaliers, et qui ne pénaliserait donc pas les patients français.

Pour assurer la promotion et l’organisation de la prise en charge des patients étrangers, le rapport de Kervasdoué suggère de créer une agence publique, baptisée Medical France.

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Source : Hopital.fr