Grossesse et tabac : prédisposition à la dépendance ?

Publié par Dr Philippe Presles
le 18/12/2006
Maj le
2 minutes
Autre
Il convient d'attribuer un nouvel effet négatif au tabagisme durant la grossesse. Les jeunes nés de femmes enceintes fumeuses présentent un risque plus important de devenir ultérieurement dépendants au tabac.

Les multiples effets nocifs du tabac pendant la grossesse

Risque de fausse couche accru, complication de la grossesse, prématurité, petit poids de naissance, anomalie du rythme cardiaque foetal, petit périmètre crânien, etc. Les nombreux effets toxiques du tabagisme durant la grossesse commencent à être bien connus.

Et plus tard, les enfants dont la mère fumait durant la grossesse présentent un risque plus élevé de problèmes de santé et de troubles du comportement. Ainsi, ces enfants sont davantage sujets à l'asthme, aux infections respiratoires, aux déficits de l'attention, à l'hyperactivité, à des difficultés de lecture, etc.

Jamais de tabac chez les femmes enceintes, même passif

Toutes ces informations sont déjà largement suffisantes pour proscrire le tabac chez les femmes enceintes et leur recommander d'éviter la fumée des autres, le tabagisme passif se révélant tout aussi dangereux.

Pourtant, il faut citer un autre inconvénient majeur de la cigarette. Une étude vient de démontrer que les enfants nés de femmes enceintes fumeuses ont un risque plus important de devenir dépendants à la nicotine et donc de développer toutes les maladies et complications associées au tabac.

Cette étude a porté sur plus de 3.000 couples mère-enfant. Les enfants ont été suivis jusqu'à l'âge de 21 ans et les mères durant 14 ans. Par rapport aux enfants dont la mère n'a jamais fumé, les jeunes nés d'une mère fumeuse pendant la grossesse sont plus souvent fumeurs, qu'ils aient commencé tôt ou tardivement leur tabagisme. Cette constatation est donc indépendante de l'âge auquel le tabagisme a débuté.

Répercussions de la période foetale à l'âge adulte

L'influence du tabagisme de la mère peut s'exercer durant la période foetale, mais pourrait aussi résulter, en partie, d'une exposition passive durant l'enfance et/ou de l'imitation (l'enfant reproduisant les comportements de sa mère, consciemment ou non).

Mais ces deux dernières hypothèses sont invraisemblables car il n'existe pas de différence vis-à-vis du tabagisme entre les jeunes nés d'une mère ayant arrêté de fumer juste après la grossesse ou n'ayant jamais fumé de leur vie.

Alors comment expliquer cette plus grande probabilité de devenir ultérieurement fumeur chez les enfants nés de femmes enceintes fumeuses ?

On sait qu'il existe deux périodes critiques pour le développement d'une dépendance à la nicotine : l'exposition in utero et l'adolescence. La nicotine peut passer à travers le placenta et exercer un effet direct sur le cerveau en développement. La nicotine pourrait ainsi modifier le système cérébral impliqué dans les comportements de dépendance et amplifier ultérieurement les réponses à la nicotine.

Sources

Tabacco Control, 15 : 452-7, 206.

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