Grippe : faut-il se vacciner ?

Publié par Dr Philippe Presles
le 1/10/2010
Maj le
4 minutes
Autre
Le nouveau vaccin contre la grippe est disponible depuis le 24 septembre et nous sommes nombreux à nous poser la question : faut-il nous vacciner ? Nous nous demandons aussi si ce nouveau vaccin contre la grippe contient un adjuvant comme celui de la pandémie. A-t-il été « bâclé » comme celui de l’an dernier ? Bref respecte-t-il des normes de sécurité importantes ?

Essayons de répondre aux principales questions que soulève l’arrivée du nouveau vaccin contre la grippe.

Quelle est la composition du nouveau vaccin contre la grippe ?

Le nouveau vaccin contre la grippe saisonnière a été fabriqué à partir de 3 souches virales : le virus A H1N1, le virus A H3N2 et un virus de la grippe B. Autrement dit, ce vaccin est composé de deux anciennes souches pandémiques, le virus A H1N1 et le virus A H3N2. La présence des deux anciens virus pandémiques est normale. Après avoir été des virus responsables d’une épidémie mondiale lors de leur apparition, ces virus deviennent ensuite responsables de grippes saisonnières et reviennent chaque année. Ainsi le virus A H3N2 a été responsable de la grippe pandémique de Hong Kong en 1968-1969 et il circule depuis chaque année. Quant au virus A H1N1, il va commencer sa première année comme virus responsable de grippe saisonnière, après avoir provoqué la pandémie de l’an dernier.

Comment a-t-il été fabriqué ?

Ce vaccin n’a pas du tout été fabriqué comme le vaccin pandémique de l’an dernier, mais a suivi tout le protocole de production et de validation classique, maintenant bien éprouvé depuis de nombreuses années. Rien à voir donc sur ce plan, d’autant plus qu’il ne contient pas d’adjuvant. Autrement dit sa sécurité est maximale.

Ceci dit, cela ne doit pas nous empêcher de saluer l’exploit technique qui a été réalisé l’an dernier. Pour la première fois de son histoire, l’humanité a été capable de produire un vaccin avant la diffusion complète d’un virus pandémique dans le monde. Quand on sait que le virus de la grippe est probablement le microbe qui a tué le plus d’humains depuis la nuit des temps, savoir que l’on est capable d’une telle prouesse technique est rassurant. C’était aussi la première fois que nous disposions de deux antiviraux efficaces contre la grippe. Ce fut donc une grande répétition, car, n’en doutons pas, ce siècle verra d’autres pandémies de grippes.

Qui a intérêt à se faire vacciner ?

Comme chaque année, le vaccin est recommandé aux personnes à risques, à savoir les personnes de plus de 65 ans, les patients en affection de longue durée (ALD), souffrant notamment d’asthme ou de broncho-pneumopathie obstructive (BPCO). Le vaccin est bien sûr conseillé à tous ceux qui veulent éviter une incapacité de travail liée à une grippe (étudiants, salariés, mères de famille), ainsi qu’aux femmes désireuses d’avoir un enfant ou enceintes de plus de 3 mois (soulignons que la grippe saisonnière augmente de manière importante le risque de fausse couche).

Rappelons enfin que depuis que le vaccin contre la grippe existe, le nombre de décès dus à la grippe saisonnière a été divisé par 10 chaque année. Dix à vingt mille personnes décédaient ainsi chaque année en France de la grippe saisonnière jusque dans les années 1970. Quel autre médicament peut prétendre à une telle efficacité ? Là encore l’exploit technique est à souligner, le vaccin étant préparé à partir de souches circulant quelques mois avant dans l’hémisphère sud.

Comment se faire vacciner ?

Vous pouvez soit vous faire vacciner par votre médecin, soit faire appel à votre infirmière. Dans les deux cas, votre pharmacien peut vous délivrer directement le vaccin, si vous disposez d’un bon de la Sécurité sociale. L’objectif de la Sécurité sociale est de vacciner 60 % des 12 millions de personnes à risques en France. Espérons que l’échec de la campagne de vaccination de l’an dernier ne se reproduira pas cette année. Pour ma part, je me vaccinerai et je vaccinerai toute ma famille : avec leur baccalauréat (général et français) et leur brevet, mes enfants auront autre chose à faire que de rester bloqués au lit pendant une semaine. Quant à moi, je ne supporte pas l’idée de transmettre la grippe aux autres. C’est mon côté « médecin ».

Source : Rapport du groupe de travail du comité technique des vaccinations, validé le 23 avril 2010. Version en ligne du « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » du 16 septembre 2010. Le Monde 30 septembre 2010.

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