Faut-il abolir claques et fessées ? Interview du Dr Edwige Antier

Publié par Rédaction E-sante.fr
le 21/06/2013
Maj le
3 minutes
mère parle avec son fils
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La réponse est clairement oui, claques et fessées doivent disparaître. Rien ne justifie ces châtiments corporels proférés à l’encontre de nos enfants. Afin d’inciter les  parents à réfléchir et à changer leurs mauvaises habitudes, la Fondation pour l’Enfance s’est lancée dans une nouvelle campagne « Il n’y a pas de petite claque ! » pour que les violences éducatives ordinaires s’arrêtent. Nous en avons profité pour interroger Edwige Antier, célèbre  médecin-pédiatre et auteur du livre

Qui sont ces parents qui recourent aux violences éducatives ordinaires ?

Dr Edwige Antier : Une enquête réalisée en 2007 par l’Union des familles en Europe relève l’incohérence du raisonnement : alors que 87 % des parents français affirment avoir déjà donné une fessée ; ils sont conscients de l’inefficacité de cette dernière en étant 85 % à déclarer que les enfants sont mal élevés.

Quel est l’intérêt de ces violences éducatives ordinaires ?

Dr Edwige Antier : Aucun, ils ont des effets néfastes sur le développement et le comportement des enfants ; des études sortent chaque mois, aux États-Unis surtout, qui montrent les effets négatifs sur le comportement des enfants et sur leurs capacités d’apprentissage, comme à développer de l’empathie envers autrui. En imagerie médicale par IRM, on montre comment les enfants qui ont reçu claques et gifles ont un hippocampe moins développé (partie du cerveau impliquée dans la régulation de l'humeur, la mémoire et l'apprentissage) et d’autres zones du cerveau.

Pensez-vous qu’une loi interdisant fessées et claques serait possible et efficace en France ?

Dr Edwige Antier : La loi est indispensable pour que personne ne frappe les enfants. La France sera obligée d’abolir les châtiments corporels par la loi car elle a signé la convention internationale des Droits de l’enfant devant le Conseil de l’Europe.

Quel a été l’effet de cette loi dans les pays qui l’ont adoptée ?

Dr Edwige Antier : La loi a été votée depuis 30 ans en Suède, mais elle continue d’être adoptée par un nombre de plus en plus grand de pays européens, aussi bien scandinaves que latins : l’Espagne, le Portugal, l’Allemagne comme la Pologne… Dès lors, les parents et leurs auxiliaires éducatifs comprennent qu’on ne peut pas lever la main sur un enfant et qu’il y a d’autres façons d’avoir de l’autorité ; des programmes de parentalité positive sont donnés dans toutes les structures d’aides à la parentalité.

Edicter l’abolition par la loi permet de calmer la violence éducative ordinaire, indigne d’une société évoluée, et, bien sûr, d’enlever le prétexte aux adultes maltraitants : la maltraitance véritable est mieux dépistée.

Il n’y a pas de "petites calques ". Toutes les violences, même celles qui sont banalisées ou tolérées par notre société, peuvent avoir des répercussions importantes en termes de santé, avec des troubles du développement, de la personnalité, du comportement, de l’apprentissage, etc.

Pour en savoir plus et savoir comment exercer son autorité sans fessées ni violences verbales : www.edwigeantier.org

Sources

Interview du Dr Edwige Antier, médecin-pédiatre et auteur en 2010 de « L'autorité sans fessées », Editions Robert Laffont.

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