Publié par Dr Philippe Presles
le 6/09/2001
le
5 minutes

Partager :

Autre
Longtemps surnommée "maladie des rois", la goutte se rencontrait autrefois surtout chez les gens qui, vivants dans l'abondance, abusaient de l'alcool et de la bonne chère.Maladie arthritique caractérisée par une poussée inflammatoire très douloureuse, la goutte siège au gros orteil, à la cheville, sur le cou-de-pied, le genou, le coude, au tendon d'Achille ou encore à l'oreille.Elle est due à une augmentation de l'acide urique dans l'organisme, qui entraîne trois scénarios possibles : soit l'organisme a de la difficulté à éliminer l'acide urique, soit il en fabrique trop ou les deux à la fois.

Goutte : Comprendre

Dans certaines conditions, l'acide urique se transforme en cristaux d'urate (en forme d'aiguille) et se dépose dans les tissus (articulations, peau et reins).

Lors de la crise de goutte, la peau devient rouge ou violacée, prend un aspect luisant, est gonflée et hypersensible au toucher. La douleur, semblable à celle d'une brûlure, irradie autour de la région atteinte.

La crise dure en moyenne de trois à dix jours. Les crises peuvent devenir plus fréquentes et durer plus longtemps si la personne n'est pas traitée et n'apporte aucun changement à son alimentation.

À la longue, elles risquent d'endommager les articulations et d'occasionner des raideurs articulaires ou une diminution de la mobilité.

La goutte peut prendre différentes formes :

Crise de goutte aiguë

  • Se manifeste de façon soudaine.
  • Douleur nocturne intense.
  • Desquamation de la peau qui recouvre l'articulation, parfois dès le premier épisode.

Crise de goutte subaiguë

  • mêmes symptômes que dans la crise aiguë, mais de moindre intensité et parfois totalement asymptomatique.

Goutte chronique (tophacée)

  • Incurable.
  • Se manifeste régulièrement et dure depuis longtemps.
  • Possibilité de crises aiguës de faible intensité et de fréquence réduite.
  • Formation de dépôts de cristaux d'urates, appelés tophi, sous la peau du lobe de l'oreille, près du coude ou des articulations atteintes.

    En l'absence de traitement, les tophi risquent d'endommager et de déformer l'articulation ou encore de perforer la peau et, dans de rares cas, de s'infecter.

Goutte : Causes

  • L'hérédité.
  • L'abus d'alcool et de nourriture riche.
  • Toute perturbation du métabolisme pouvant déclencher une crise de goutte chez les sujets prédisposés : intervention chirurgicale, régime amaigrissant trop sévère ou blessure à une articulation.
  • Certains médicaments, comme les diurétiques.
  • Certaines maladies associées, telles que le diabète, l'hypertension et l'obésité, qui sont souvent secondaires à de mauvaises habitudes alimentaires.

Goutte : Conseils pratiques

Prendre ses médicaments

Prenez-les dès les premiers signes de la crise, afin de la contrôler.

Appliquer de la glace sur la région douloureuse

Il est conseillé d'appliquer de la glace 4 à 6 fois par jour pendant environ 20 minutes.

Ne pas la laisser trop longtemps, car elle peut causer une sorte de brûlure.

Enveloppez la glace, au préalable, dans une serviette.

Boire de l'eau ou des jus de fruits

Environ un litre par jour permettra une meilleure absorption des médicaments et préviendra la formation de calculs rénaux.

Garder la région atteinte au repos

Évitez les mouvements et l'appui sur la région atteinte et, s'il s'agit d'un membre, essayez de le maintenir élevé le plus souvent possible.

Consulter un médecin

La goutte disparaîtra même en l'absence de traitement.

Cependant, il est préférable de voir un médecin afin de dissiper les doutes, d'éviter les récidives et d'en connaître les causes.

Éviter l'alcool ou les aliments riches en purines

Pendant la crise, évitez l'alcool (bière, vin) ou les aliments riches en purines (foie, rognons, sardines, anchois) afin de prévenir une poussée inflammatoire.

Ne pas prendre de bains chauds

La chaleur a pour effet d'augmenter l'inflammation en général.

Proscrire l'aspirine

Elle cause une élévation du taux d'acide urique et provoque des modifications de la fonction rénale qui peuvent déclencher une crise.

Ne pas jouer au chirurgien

Si l'articulation est gonflée de liquide, n'essayez surtout pas de la vider en perçant la peau à l'aide d'aiguilles ou autres.

Ne percez pas non plus les tophi. Il faut laisser l'articulation intacte.

Éviter de jeûner ou de faire un régime amaigrissant trop strict

Cela peut contribuer à élever le taux d'acide urique dans le sang et à déclencher une crise.

Goutte : Quand consulter ?

  • Les crises sont de plus en plus fréquentes et durent de plus en plus longtemps.
  • La douleur est intolérable.

Goutte : Examens

Le médecin vérifie s'il y a des antécédents familiaux. Il procède ensuite à un examen physique complet comprenant des analyses de sang et des radios.

À l'aide d'un test d'urine, il évalue le processus d'excrétion afin de mieux ajuster le traitement.

La goutte peut parfois être confondue avec la pseudo-goutte, caractérisée par la formation de dépôts de pyrophosphate de calcium dans les articulations. Le médecin doit donc, s'il a un doute, confirmer la présence de cristaux d'urates dans le liquide synovial (liquide articulaire). Pour ce faire, un prélèvement du liquide synovial sera effectué, puis analysé en laboratoire.

Goutte : Traitement

Crise de goutte aiguë ou subaiguë

Le médecin choisit un traitement de moyenne ou de longue durée, selon le cas.

Il est composé d'un régime alimentaire et de médicaments : la colchicine ainsi que les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont utilisés pour maîtriser l'inflammation et la douleur. En revanche attention, l’aspirine est contre-indiquée ici en cas de goutte.

Généralement, lorsque le traitement est suivi scrupuleusement, la goutte se stabilise facilement.

Goutte chronique

Elle est également traitée par la colchicine et des anti-inflammatoires non stéroïdiens auxquels on associe un inhibiteur de synthèse d'acide urique ou un uricosurique (pour diminuer la production d’acide urique ou augmenter l’excrétion d’acide urique) afin de prévenir les récidives de goutte et les complications (troubles rénaux et articulaires).

S'il y a beaucoup de liquide synovial, plus visible au genou, le médecin doit l'aspirer. Lors de la ponction, il peut également injecter de la cortisone.

S'il y a des tophi, le traitement peut les faire disparaître ; s'ils persistent, il faut procéder à l'ablation chirurgicale de ceux qui gênent.

Dans tous les cas, un régime alimentaire s’impose

Idéalement, il est à mettre en place en collaboration avec un nutritionniste :

  • Arrêter ou diminuer l’alcool.
  • Éviter les aliments riches en purines : foie, rognons, sardines, anchois, gibier…
  • Limiter les aliments riches en matières grasses.
  • Boire beaucoup et essentiellement de l’eau.

Sources

Guide familial des maladies publié sous la direction du Dr André H. Dandavino - Copyright Rogers Média, 2001. Société française de rhumatologie, www.rhumatologie.asso.fr.