Le diagnostic pré-implantatoire

Le diagnostic pré-implantatoire (DPI) est un examen génétique réalisé sur un embryon humain obtenu par fécondation in vitro (FIV). Il est pratiqué au tout début du développement de l'embryon lorsque celui-ci n'est âgé que de 3 jours et n'est constitué que de 6 à 10 cellules : une ou deux cellules sont alors prélevées et analysées afin de déterminer si elles sont porteuses de la maladie recherchée.

La FIV permettant en général d'obtenir plus d'un embryon (6 à 8 dans les bons cas), plusieurs sont donc analysés. Seuls ceux indemnes de la maladie sont transférés dans l'utérus de la patiente (généralement 1 à 3).

Le DPI est proposé aux couples risquant de transmettre une maladie génétique grave à leur futur enfant comme la mucoviscidose ou la myopathie de Duchenne. L'avantage du DPI est qu'il permet de réaliser le diagnostic génétique avant la grossesse. Le plus souvent, il est demandé par des couples ayant vécu plusieurs interruptions de grossesse.

Régi par la loi de bioéthique du 29 juillet 1994, le DPI n'est autorisé en France qu'à titre exceptionnel, un médecin devant attester que le couple demandeur a « une forte probabilité de donner naissance à un enfant atteint d'une maladie génétique d'une particulière gravité reconnue comme incurable au moment du diagnostic ».

Problèmes éthiques

Le diagnostic pré-implantatoire (DPI) pose évidemment des problèmes éthiques sérieux, car pratiqué sans aucune restriction, il permettrait de choisir le sexe de l'enfant pour des raisons de convenance ou encore de choisir un embryon au système immunitaire compatible avec un frère ou une sœur aîné atteint de leucémie qui nécessiterait une greffe. Des DPI ont déjà été réalisés pour ces deux raisons dans des pays anglo-saxons.Il pose aussi le problème du dépistage d'affections graves mais qui ne se déclarent qu'à l'âge adulte, comme la maladie de Steinert ou de Huntington. Actuellement, les textes de loi français encadrent strictement les indications du DPI : le diagnostic de sexe n'est autorisé que pour dépister des maladies génétiques liées au sexe (c'est-à-dire n'atteignant que les garçons), et seules les « maladies d'une particulière gravité reconnues comme incurables au moment du diagnostic » peuvent être dépistées.Cette disposition est également une garantie contre d'éventuelles dérives eugéniques qui ont été au centre des débats tenus sur le thème du DPI. En effet, l'eugénisme a pour but l'amélioration de la race humaine et ne peut être atteint que si la sélection est le résultat d'une volonté politique réalisée à grande échelle, ce qui n'est évidemment pas le cas dans les pays où le DPI est légalisé.

La législation

Le DPI n'est pratiqué que dans des centres certifiés. Il en existe dix-sept dans onze pays à travers le monde (Angleterre, Australie, Belgique, Canada, Colombie, Espagne, Etats-Unis, France, Hollande, Israël et Suède). Les deux tiers des diagnostics concernent la détermination du sexe pour éliminer les embryons de sexe masculin à risque car peut-être porteurs d'une maladie liée au chromosome X.

Dans certains pays il a des indications plus larges, comme la recherche de la trisomie 21 chez les femmes de plus de 38 ans, voire le dépistage de susceptibilité à un cancer familial, ou le choix du sexe par convenance. Aux Etats-Unis, le DPI a déjà été utilisé pour créer un enfant qui puisse donner ses cellules à sa grande sœur atteinte d'une maladie génétique. En février 2002 et pour la première fois en Angleterre, un enfant est né après avoir été conçu et sélectionné pour être donneur compatible avec son frère aîné, leucémique. Jason est donc le deuxième « bébé-médicament » britannique.

En France, l'hôpital Antoine Béclère a déjà reçu 5 demandes de ce type. Pour l'instant elles ne sont pas recevables du point de vue légal. Mais le professeur René Frydman, a sollicité, en février 2002, le Comité Consultatif National d'Ethique (CCNE) pour autoriser la création par assistance médicale à la procréation de « bébés médicament ». Dans les trois centres français, entre novembre 1999 et décembre 2000, 260 dossiers ont été ouverts. Entre janvier 2000 et juillet 2001, sur les 230 couples reçus par l'équipe d'Antoine Béclère, 136 couples ont été acceptés (d'après la communication faite par le Pr. René Frydman à l'Académie de Médecine le 14 mai 2002). Au cours de cette période, 59 femmes ont bénéficié de cette technique et 127 embryons ont été transférés. Au final, sont nés 16 enfants, 4 de grossesses gémellaires et 8 de grossesses simples. Dans 13 cas, tous les embryons créés par FIV étant atteints de la maladie recherchée, ils ont été supprimés et il n'y a pas eu de grossesse.D'après le bilan d'activité du groupe d'étude et de travail du diagnostic pré implantatoire Get-DPI, entre novembre 1999 et décembre 2000, dans 48% des cas, la demande s'est faite pour des risques de mucoviscidose. Il a été constaté que la majorité des couples (67%) avait déjà eu une ou plusieurs grossesses antérieures. 44 % d'entre eux avaient eu au moins une grossesse au-delà de 28 semaines, seuls 22% avaient au moins un enfant sain, 28% au moins un enfant atteint et 10% auraient subi au moins une interruption médicale de grossesse. Ces antécédents expliqueraient les raisons des demandes de DPI. Le risque génétique et la crainte de l'IMG représentent près de deux tiers des demandes. Les raisons de refus des demandes de la part des centres peuvent être d'ordre médical (contre-indication d'une FIV), d'ordre technique (infaisabilité technique) ou d'ordre éthico légal.

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Source : Institut de Médecine de la Reproduction ; http://www.genethique.org