Descente d'organes : quelles sont les solutions ?

Quels sont les signes d’une descente d’organes ?
La vessie, le rectum, l’utérus, le vagin sont des organes du petit bassin normalement soutenus par des ligaments et les muscles du périnée (constituant ce que l’on appelle le plancher pelvien). Si ces derniers se distendent (accouchement, opération chirurgicale, ménopause, activités physiques intenses), les organes génitaux sont susceptibles de descendre, provoquant un inconfort. La gynécologue Odile Bagot explique "la sensation de gêne éprouvée par les femmes est similaire par exemple à celle d'un tampon descendu".
Les signes de la descente d'organes dépendent également du stade de la maladie.
Les patientes peuvent se plaindre de :
- une sensation de lourdeur ;
- une pression au niveau vaginal ;
- une compression ou lourdeur pelvienne ;
- douleurs lombaires ;
- une sensation que l’utérus, la vessie ou le rectum sont en train de descendre lentement.
Généralement, ces symptômes sont davantage ressentis en position debout et disparaissent allongé.
De plus, certaines femmes atteintes de prolapsus génital souffrent aussi de
- douleurs lors des rapports sexuels ;
- constipation avec défécation difficile ;
- incontinence d’effort (lorsque l’on tousse, lors d’un effort physique, du port d’une charge…) ;
- Impériosité urinaire (envie d’uriner soudainement et de façon irrépressible) ;
- Infections urinaires (la vessie se vide mal, favorisant la rétention urinaire).
Par ailleurs, le prolapsus peut aussi provoquer par une gêne psychologique et sexuelle.
Prolapsus : les 3 stades
La descente d’organe est une affection progressive. Les professionnels de la santé ont distingué 3 stades distincts :
- stade 1 : la femme ne sent rien. Les organes (utérus, vessie ou encore rectum) sont juste légèrement affaissés et restent localisés dans le vagin ;
- stade 2 : le prolapsus a atteint la vulve. Toutefois, il ne dépasse pas. Il est visible uniquement si les lèvres sont écartées, “ou encore lorsque la patiente pousse” précise la praticienne ;
- stade 3 : le prolapsus dépasse l’orifice vulvaire.
Quelles sont les femmes qui risquent le plus un prolapsus ?

Connaissant les femmes à risque, on peut prévenir chez ces dernières le prolapsus grâce à des séances de rééducation des muscles périnéaux par exemple ou à d’autres stratégies.
Il s’agit des femmes qui ont accouché plusieurs fois d’enfants de poids supérieur à 3800g avec des efforts de poussées longs et difficiles, des grandes sportives, des femmes amenées à porter de lourdes charges (agricultrices, aides-soignantes, pompiers…) ou à exercer une profession imposant une station debout prolongée (vendeuses…). L’obésité et certains troubles digestifs (nécessitant des efforts de poussées) contribuent également à augmenter le risque de développer un prolapsus.
La ménopause constitue un facteur de risque de prolapsus en raison de la perte de tonus des tissus liée à la carence œstrogénique. Le traitement hormonal de la ménopause peut être utile.
Prolapsus : combien de femmes sont concernées ?
Entre les femmes qui n’ont pas conscience de leur trouble et celles qui n’osent pas parler de leurs difficultés à leur médecin, il est difficile de connaître la prévalence exacte du prolapsus génital. Toutefois, selon la Sécurité sociale, le risque pour les femmes d’être opérées pour ce type de problème au cours de leur vie serait de 11% à 19%. Par ailleurs, la fréquence de l’affection augmente avec l’âge, et touche majoritairement des femmes ménopausées.
Quelles solutions en cas descente d’organes ?

Enfin, lorsqu’un traitement s’impose, le choix de celui-ci dépend de plusieurs paramètres : du degré de descente, du nombre d’organes descendus, des symptômes, de l’âge, de la nécessité de préserver la fonction génitale et sexuelle.
- La rééducation périnéale (exercice faisant travailler les muscles du périnée) est recommandée en cas de prolapsus léger afin de renforcer le plancher pelvien.
- Le pessaire. Sous la forme d’un diaphragme, d’un cube ou d’un coussinet, il s’insère dans le vagin pour soutenir les organes pelviens. Ils sont généralement réservés aux femmes très âgées.
- La chirurgie, indiquée chez les femmes qui ne désirent plus avoir d’enfant, est correctrice. Elle se réalise généralement par voie vaginale et vise à renforcer le plancher pelvien. Une intervention par voie abdominale via une cœlioscopie se justifie parfois en cas de prolapsus sévère de l’utérus ou du vagin. On peut être amené à fixer la partie supérieure du vagin à l’os pelvien. En cas d’incontinence ou de risque d’incontinence, l’intervention chirurgicale traite en même temps cette affection.
On retiendra qu’il existe des solutions contre le prolapsus et que la chirurgie permet aujourd’hui un traitement définitif avec disparition des symptômes. La descente d'organes n'est pas si exceptionnelle : on considère que près d’une femme sur onze devra recourir à un traitement chirurgical du prolapsus dans sa vie.
Les complications des prolapsus

La descente d’organe peut concerner un ou plusieurs organes. La forme la plus fréquente est le prolapsus de la vessie. Il représente 80% des cas. Appelé cystocèle, il s’agit de l’extériorisation de la vessie dans le vagin après l’effondrement de la paroi antérieure du vagin. Le prolapsus de l’utérus est baptisé hystérocèle tandis que celui du rectum - plus rare - est nommé rectocèle.
Ces troubles restent silencieux très longtemps. Les complications apparaissent lors des stades les plus avancées de la maladie soit le stade 3. “La sensation de gêne est le principal trouble de la descente d’organe” assure le Dr Odile Bagot.
Elle ajoute “lorsque l’affection est très avancée, il est possible d’avoir une fistule. La peau de l’organe descendu dans le vagin sèche et des saignements peuvent être observés et une perforation peut se faire entrainant l’écoulement permanent des urines par cette fistule. Mais, cette complication est de plus en plus rare, car les femmes bénéficient généralement d'un meilleur suivi gynécologique. Cela nous permet de diagnostiquer le prolapsus et agir avant son extériorisation”.
Autre complication : ne pas consulter ou ne pas se faire soigner en cas de prolapsus peut conduire à une extériorisation totalement de l’organe.
"Le cas le plus grave que j’ai vu était une femme âgée qui avait l’utérus entre les jambes depuis 13 ans. Elle n’osait se montrer à personne : ni aux médecins ni à son mari. Toutefois, il s’agit ici d’un cas exception. On ne voit cela qu’une fois dans sa carrière", se rappelle la gynécologue.
Comment éviter le prolapsus ?
Si vous souffrez déjà d’un prolapsus : la chirurgie est souvent la seule solution pour mettre un terme définitif à cette gêne. “La rééducation du périnée ne fait pas remonter une vessie. Par contre, le périnée la soutiendra et diminue les risques d'extériorisation de l’organe", précise la spécialiste.
D’autres gestes et habitudes permettent de lutter contre l’apparition de l’affection. Il est recommandé de :
- faire attention à son poids ;
- éviter les gros bébés : surveiller sa prise de poids, en particulier réduire les sucres pour éviter le diabète gestationnel ;
- éviter les constipations : il est recommandé pour cela de suivre un régime équilibré riche en fibre et de consulter si le trouble est chronique ;
- bien rééduquer son périnée après ses grossesses ;
- éviter les sports qui vont augmenter la pression dans l’abdomen comme l'haltérophilie ;
- éviter de porter des charges lourdes ;
- faire des abdominaux hypopressifs : ces derniers permettent de renforcer la sangle abdominale et le plancher pelvien grâce à des postures des exercices respiratoire. Pour faire des abdominaux hypopressifs, il est nécessaire de contracter les abdominaux tout en expirant. Si on le fait en inspirant, la pression abdominale pousse le périnée vers le bas.
Sources
Merci au docteur Odile Bagot, auteure de gynécologue et auteure de Ménopause, pas de panique ! et Vagin & co aux éditions Mango.
Doshani A. et al., Uterine prolapse, BMJ, 335 : 819-23, 2007.