Conseiller à quelqu'un de pardonner n’est pas toujours une bonne idée
Selon une étude publiée dans la revue scientifique Journal of Health Psychology en 2014, savoir pardonner serait bénéfique pour notre santé mentale. D’après les auteurs de cette étude, les personnes qui pardonnent vite ont une meilleure gestion du stress. Le pardon implique en effet d'abandonner nos rancunes et de changer notre regard sur celui ou celle qui nous a fait du mal. Contrairement à ce qu'on croit, le pardon n'est pas une faiblesse. Il répondrait à un mécanisme neuronal complexe qui fait appel à la fois à nos facultés de maîtrise des émotions et d’empathie et à nos capacités cognitives.
Bien-être mental : le pardon n’est pas la panacée
D'après la recherche par ailleurs, les pensées négatives activent ce qu'on appelle les capteurs de douleur dans le cerveau. Plusieurs études ont ainsi démontré que le ressentiment altérait la santé cardiaque, la qualité du sommeil et stimulait la production d'hormones du stress (le cortisol). Un phénomène qui serait aussi propice à la dépression.
Cependant, le pardon n’est pas la réponse à tout. En effet, même si plusieurs études tendent à montrer que pardonner quelqu’un peut avoir des effets positifs sur la santé mentale et physique, celles-ci ne prouvent pas que le pardon est adéquat dans toutes les situations. Pourtant, recommander à quelqu’un de pardonner sans trop se pencher sur le sujet et sur les conséquences de cette décision reste un réflexe fréquent.
“Avant de conseiller à quelqu’un de pardonner, prenez le temps d’identifier vos intentions réelles et de savoir si ce conseil est pertinent ou non. Ce temps de réflexion peut également vous aider à réaliser qu’il y a plusieurs choses dont il faut discuter avant d’avoir cette conversation”, écrit la psychologue américaine spécialiste du traumatisme Amanda Ann Gregory dans les colonnes du magazine spécialisé Psychology Today.
Voici 5 questions à vous poser avant de conseiller à quelqu’un de votre entourage de pardonner.
Sources
“8 Questions to Ask Before Recommending Forgiveness”, un article de Psychology Today.
https://www.psychologytoday.com/intl/blog/simplifying-complex-trauma/202304/8-questions-to-ask-before-recommending-forgiveness
"Effects of lifetime stress exposure on mental and physical health in young adulthood: How stress degrades and forgiveness protects health", une étude parue dans le Journal of Health Psychology en 2014.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25139892/#:~:text=Greater%20lifetime%20stress%20severity%20and,for%20persons%20exhibiting%20more%20forgiveness.
Quelle est ma définition du pardon ?
Il est important de noter que le pardon n’est pas synonyme de réconciliation. Toutefois, en psychologie, il n’y pas de réel consensus autour de la définition de ce mot, même si la plupart des psychologues s’accordent à dire que le pardon n’est pas une excuse, ni l’oubli.
Est-ce que la personne se sent suffisamment en sécurité pour pardonner ?
Par exemple, une femme victime de violences conjugales ne se sentira absolument en sécurité pour pardonner à son bourreau. Dans ce cas de figure, recommander de pardonner est une mauvaise idée.
Est-ce que j’ai bien compris ce que la personne a vécu ?
Il est essentiel que vous ayez compris les épreuves que la personnes a traversées avant de lui conseiller de pardonner. Sinon, vos paroles pourraient être très malvenues.
Est-ce que j’ai des conflits d’intérêts ?
Si vous connaissez la personne censée être pardonnée, vous n’êtes probablement pas neutre : si cette personne est, par exemple, un parent, et que vous conseillez à votre frère de lui pardonner, vous avez tout à y gagner.
Est-ce que je suis en position de pouvoir ?
Vous pouvez être une figure d’autorité pour la personne à qui vous conseillez de pardonner (grande sœur, mère, supérieure hiérarchique, etc). Votre parole aura donc plus de poids, et vos conseils seront réceptionnés de manière biaisée.