Condamnation du clonage thérapeutique

Le Sénat vient de se prononcer en faveur de « la création d´une incrimination solennelle du clonage reproductif ». Francis Giraud, rapporteur du projet de loi sur la bioéthique, propose l'interdiction du clonage thérapeutique, considérant que « la technique du clonage thérapeutique aboutirait en fait au clonage reproductif ».

Ce nouveau projet de loi, qui vient compléter et préciser les lois de 1994, tombe à point nommé, au moment où la secte de Raël annonce plusieurs naissances de bébés clonés, suscitant de vives réactions. Du coup, la Commission des affaires sociales du Sénat demande que soit votée l'interdiction du clonage thérapeutique. Le rapporteur, Francis Giraud, avance cependant que « par dérogation, des recherches pourraient être autorisées sur l´embryon et les cellules embryonnaires dans un cadre strictement défini ». Le texte prévoit également l'interdiction pure et simple de la création d´embryons à des fins de recherche.

Argumentaire : il suffit de puiser dans l'actualité

En effet, Francis Giraud souligne « les risques du clonage reproductif, dont l'actualité récente a démontré qu'il incarnait à lui seul la meilleure illustration des dérives que peuvent engendrer les sciences du vivant. L'indignation quasi générale soulevée par les allégations de certains, qui auraient procédé à la reproduction par clonage d'un être humain, est un encouragement puissant à l'interdiction et à la condamnation de cette pratique ».« Fondé sur une technique identique à celle du clonage reproductif, le clonage thérapeutique conduirait tôt ou tard quelques scientifiques… à la tentation de devenir des « apprentis sorciers ». Si le clonage thérapeutique n'est peut être pas en soi condamnable, il doit être interdit parce qu'il risque de nous coûter éthiquement très cher par les dérives vers lesquelles il porte inéluctablement. »

Peut-on et doit-on fermer à jamais une porte à la recherche ?

Devant ce doute, il semble nécessaire à la Commission d'admettre la possibilité d'une dérogation transitoire et strictement encadrée aux principes fondamentaux. « Ces quelques réflexions sur l'ouverture ou la fermeture de la recherche sur l'embryon doivent nécessairement s'accompagner d'une mise en garde solennelle quant à la présentation qui est faite à nos concitoyens des espoirs que font naître les thérapies cellulaires. » En effet, dans l'esprit du public, « les cellules de l'espoir », comme elles ont été prénommées de façon quelque peu irresponsable, accréditent leurs espérances de voir surgir à court ou à moyen terme des thérapies efficaces en réponse à de nombreuses pathologies. Or, les recherches sur l'embryon, comme sur les cellules souches, n'en sont encore qu'à leurs balbutiements. Des années de recherches seront encore nécessaires avant qu'apparaissent les premiers espoirs thérapeutiques concrets.

Il y a quelques jours, les parlementaires américains ont proposé un projet de loi visant à interdire le clonage humain sous toutes ses formes. Un démocrate, Bart Stupack, avance à ce propos que « la fabrication d´êtres humains même au stade embryonnaire est moralement mauvaise ». Il est rejoint sur ce point en France par Jean-François Mattéi, lequel souhaite la création d´un « crime contre la dignité humaine » qui permette à des enfants clonés, le cas échéant, de se retourner contre leur cloneur.Le projet de loi sera discuté en séance publique au Sénat à partir du 28 janvier prochain.

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Source : Conférence de presse de la Commission des affaires sociales du Sénat, présidée par Mr Nicolas About (UMP - Yvelines), rapporteur Mr Francis Giraud (UMP - Bouches-du-rhône) : " Projet de loi bioéthique : la Commission des affaires sociales du Sénat rectifie sans bouleverser ", mercredi 15 janvier 2003.