La communication non-violente en pratique

Publié par Dr Catherine Solano
le 29/12/2008
Maj le
4 minutes
Autre
Bien communiquer consiste à faire passer un message sans agresser l'autre, même si ce que nous avons à dire n'est pas agréable pour lui. Pour cela il est indispensable d'être attentif à la fois à ses propres besoins et attentif à l'autre. Le respect mutuel est donc la base de la communication non-violente développée par Marshall B. Rosenberg.

Quand quelqu'un agit d'une manière qui nous est désagréable, comment en parler sans l'agresser ? Je me sens déjà plutôt mal, alors comment faire pour ne pas mettre d'huile sur le feu, mais plutôt assainir la situation ? La communication non-violente est alors un outil extraordinaire.

La première étape de la communication, c'est de renvoyer à l'autre ce qu'il fait


Un fait, ce n'est pas une interprétation, c'est une réalité qu'il ne pourra pas contester.

Par exemple : ' aujourd'hui, tu es arrivé en retard à notre rendez-vous '. C'est un fait. La personne à qui vous vous adressez ne peut pas le nier. Si vous dîtes ' tu es toujours en retard ', c'est une généralisation. Ou si vous exprimez ' tu ne me respectes pas, tu arrives en retard quand on a rendez-vous ', c'est une interprétation… Et dans ces deux cas, il peut protester : ' mais non, je ne suis pas TOUJOURS en retard ' ou ' mais si je te respecte '…

Or, ces remarques n'auraient aucun intérêt car vos paroles le mettraient en posture défensive puisqu'il se sentirait mis en cause.

La deuxième étape de cette communication non-violente, c'est d'exprimer l'émotion que vous ressentez


Par exemple : ' et quand tu arrives en retard, je me sens triste '. Vous dévoilez ce que son attitude déclenche chez vous. Et une émotion que l'on ressent, on n'y peut rien, et elle ne peut être contestée. Quand vous avez mis en place ces deux étapes, l'autre ne se sent pas agressé par vous.

Troisième étape, expliquez pourquoi vous ressentez cette émotion


Il s'agit d'observer quel est votre besoin non satisfait. Là encore, faites attention à ne pas mettre l'autre en cause. ' Je me sens triste parce que cela me donne l'impression que je ne compte pas pour toi '. Vous donnez votre point de vue qui ne peut être contesté. Même si la personne en cause vous répondait ' mais si, tu comptes pour moi… ' Vous pourriez lui répondre que ' peut-être, mais même si c'est le cas, ton retard me donne le sentiment que je ne compte pas et ça me rend triste '. La phrase à ne pas dire serait ' Je me sens triste parce que je vois que je ne compte pas pour toi '… Car dans ce cas, vous interprétez son retard, et vous déclenchez immédiatement une riposte : ' mais c'est faux, tu comptes beaucoup… '

Quatrième étape de ce mode de communication, c'est de formuler votre demande


Cette demande doit être concrète et accessible à l'autre. Dans notre exemple, vous pourriez notamment demander : ' et j'aimerais que quand tu t'aperçois que tu es en retard à un rendez-vous, tu me passes un coup de téléphone pour me prévenir '. C'est une demande concrète et simple. En plus si quelqu'un est mal organisé, il peut être illusoire de lui demander d'être toujours à l'heure, c'est donc une demande réaliste.

Si cette personne disait : ' et j'aimerais que tu me montres plus souvent que je compte pour toi ', il s'agirait d'une demande extrêmement floue, très difficile à satisfaire. Les deux parties en présence risquent d'être insatisfaites de cet échange.

Voici quelques exemples de formulations non violentes...


' Tu es rentré tard tous les soirs cette semaine. Et moi, je me sens très seule parce que je suis en manque d'échange et d'intimité. J'aimerais que tu t'arranges pour rentrer tôt au moins un soir par semaine '.

' Tu as acheté un canapé. Et moi, cela m'angoisse parce que je sais que nous sommes à découvert et que j'ai besoin de sécurité sur le plan financier. J'aimerais qu'avant de faire une dépense de plus de 200 euros, on en parle ensemble '.

' Tu me demandes de t'aider à faire tes devoirs à 10 heures du soir. Je me sens écrasée parce que j'ai besoin de me reposer. J'aimerais que tu me demandes de t'aider avant de dîner quand je me sens plus disponible '.

En apparence, ces plusieurs phases semblent simples à suivre. Pourtant, attention : comprendre est très facile, mais mettre en application la communication non-violente sur le vif l'est nettement moins. Car nous revenons facilement et naturellement à nos fonctionnements habituels, nos modes de relations ancrés par l'habitude. Pour y parvenir, soyez indulgent envers vous-même. Quand vous avez ressenti une tension avec quelqu'un et que vous pensez : ' j'aurais dû utiliser la communication non-violente ', allez plus loin. Formulez exactement la phrase que vous auriez dû exprimer. Cela vous entraîne à intégrer ce mode de réaction et à l'utiliser de plus en plus spontanément au fil du temps.

À lire

Le livre de base de la communication non-violente :

Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs) de Marshall B. Roserberg. Initiation à la communication non violente. Ed. La Découverte, 2002

Un livre qui résume de manière succincte cette approche :

La communication non-violente au quotidien de Marshall B. Roserberg aux éditions Jouvence.

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