Cancer du sein : les femmes âgées seraient plus à risque d’être surdiagnostiquées

Publié par Lise Khaim
le 21/08/2023
Maj le
4 minutes
a female doctor sits at her desk and talks to a female patient while looking at her mammogram brest cancer prevention
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Le surdiagnostic du cancer du sein est associé à risque de cancer radio-induit, potentiellement provoqué par la mammographie réalisée. Et selon une étude récente publiée dans Annals of Internal Medecine, les femmes âgées seraient plus exposées au risque de surdiagnostic du cancer du sein.

Seuls 50 % des femmes participeraient au dépistage du cancer du sein organisé en France.

Cette donnée révélée dans un rapport récent de Santé publique France est en deçà des objectifs fixés par l’Europe, à savoir, 70 %.

En 2017, Europa Dona France (association contre le cancer du sein) publiait un communiqué détaillant les raisons pour lesquelles les femmes ne se font pas diagnostiquées pour le cancer du sein.

Les résultats de cette enquête ont montré que, parmi les 42 % de femmes ne s’étant jamais fait dépister, 35 % déclaraient n’avoir jamais reçu de sensibilisation de la part de leur médecin. 34 % estimaient avoir peu ou pas de risques de développer un cancer du sein.

Il convient également de noter que la douleur constitue un frein à ce dépistage, 43 % des femmes touchées par un cancer du sein reconnaissent que l’examen de dépistage, la mammographie, est douloureux.

Qu’est-ce qu’un surdiagnostic ?

La National Library of Medecine définit le surdiagnostic comme suit : « Le surdiagnostic désigne le diagnostic d’un problème qui, s’il n’avait pas été trouvé, n’aurait pas causé de symptômes ni de décès. Autrement dit, c’est la détection d’un problème sans qu’il y ait de bienfaits possibles à tirer du traitement précoce de la personne concernée. »

Nous verrons plus bas que ce surdiagnostic peut poser un problème pour la santé des femmes concernées.

Un risque de surdiagnostic malgré un dépistage insuffisant

Le dépistage du cancer du sein peut exposer à un risque de surdiagnostic, cela a été démontré par une étude réalisée en 2008 par l’Institut d’Oslo.

Deux cohortes de femmes avaient été composées : l’une regroupant des femmes dépistées tous les deux ans (recommandation nationale de dépistage) et l’autre regroupant des femmes ayant été dépistées une seule fois au bout de six années. Les résultats ont montré que 22 % de cancers en excès ont été dépistés dans le groupe dépisté tous les deux ans.

Les conséquences d’un surdiagnostic

L’association Cancer Rose, composée de médecins, explique que le surdiagnostic entraîne indéniablement un surtraitement, ce qui montre que le surdiagnostic est problématique : « Les femmes subiront les conséquences des effets secondaires des traitements. Les mastectomies n'ont fait qu'augmenter, dans tous les pays où on dépiste. La radiothérapie présente un risque d'induction de cancers secondaires radio-induits, et augmente le risque coronarien lors de l'irradiation du sein gauche. »

Toutefois, l’Institut National du Cancer tient à mettre en avant le fait que le dépistage organisé pour le cancer du sein en France présente un risque peu élevé de surdiagnostic bien qu’il soit existant : « Le risque de développer un cancer à la suite d’une exposition à la mammographie est établi mais apparaît faible. C’est l’une des raisons pour laquelle l’intervalle entre deux dépistages est de 2 ans et qu’en l’absence de facteurs de risque, elle n’est pas proposée avant 50 ans. »

Les femmes âgées sont plus exposées au risque de surdiagnostic

Une étude récente publiée dans la revue Annals of Internal Medicine a montré que les femmes âgées seraient les plus à risque d’être surdiagnostiquées dans le cas du cancer du sein.

54 635 femmes âgées de 70 ans et plus ont ainsi été intégrées à l’étude.  

Chez les femmes âgées de 70 à 74 ans, l'incidence du cancer du sein était de 6 % chez les femmes dépistées contre 4 % chez les femmes non dépistées. « On estime que 31 % des cancers du sein chez les femmes dépistées étaient potentiellement surdiagnostiqués » ont précisé les chercheurs.

Pour les femmes âgées de 75 à 84 ans, l'incidence était de 5% chez les femmes dépistées contre 3 % chez les femmes non dépistées, avec 47 % des cas potentiellement surdiagnostiqués. 

Pour les femmes âgées de 85 ans et plus, l'incidence était de 3 % chez les femmes dépistées contre 1 % chez les autres, avec jusqu'à 54 % de surdiagnostic. 

Les chercheurs ont ainsi conclu que le dépistage continu du cancer du sein était associé à une plus grande incidence de cancer du sein. Ceci « suggère que le surdiagnostic peut être courant chez les femmes âgées chez qui on a diagnostiqué un cancer du sein après le dépistage. La question de savoir si les méfaits du surdiagnostic sont contrebalancés par les avantages et pour qui demeure une question importante » selon les chercheurs.

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